[Critique] – The Visit


The Visit Affiche Film

Réalisateur : M. Night Shyamalan

Année de Sortie : 2015

Origine : États-Unis

Genre : Grands-Parents Flippants

Durée : 1h34

Le Roy du Bis : 6/10
Thibaud Savignol : 6/10


Un Nouveau Départ


The Visit constitue ainsi l’un des «fétiches» de la société Blumhouse et son mode de fonctionnement : petit budget + bonnes idées = Grosses retombées. Mais comment sortir de la forme très codifiée d’un genre qui peine à se renouveler ? En y juxtaposant des thématiques plus personnelles, notamment sur les rapports familiaux, et en employant le dispositif comme il se devrait pour servir le propos. L’occasion pour Shyamalan de retrouver un peu de sa superbe dans son exercice favori, impliquant un nouveau jeu de dupe et un twist scénaristique qui nous amène à reconsidérer notre lecture du métrage. Une méthode qui peut vraisemblablement sauver un film de l’anonymat et sur lequel peut reposer l’ensemble du concept, en atteste d’ailleurs ses dernières œuvres en date (Old, Knock at the Cabin).

The Visit Critique Film M. Night Shyamalan

Passé maître dans l’art de susciter l’angoisse et de mêler le drame au thriller horrifique, Shyamalan cherche moins à révolutionner les codes du Found footage qu’à se les réapproprier. Il y parvient à travers ce film domestique tourné par un frère et une sœur, souhaitant réconcilier leur mère célibataire avec leurs grand-parents qu’ils ne connaissent pas encore. En cela, ce faux documentaire esquisse le thème du pardon avant de bifurquer succinctement vers l’horreur creepy. Ces vacances chez papy-mamy en apparence réjouissantes, vont prendre un tour plus inquiétant face à la démence du couple de vieux, qui semblent atteints d’un dédoublement de personnalité une fois la nuit tombée. D’une certaine manière, le film prend les atours d’un conte initiatique à la manière de Hansel et Gretel, notamment lorsque le gamin manquera de peu de finir enfourné.

Le cinéaste détourne volontairement des situations de la vie quotidienne pour insuffler un climat dérangeant, nous gratifiant au passage de quelque jump-scares traumatisants, comme cette partie de cache-cache dans les soubassements de la maison. On pense évidemment à la sénilité des personnes âgées, appuyée par l’incontinence du patriarche qui entrepose ses couches souillées dans la remise au fond du jardin. Mais on peut également songer à une emprise démoniaque, à voir grand-mère faire l’araignée en vomissant comme Linda Blair dans le salon. Force est de reconnaître que par la rétention de ses effets, et sans avoir à recourir à la moindre effusion de sang ou manifestation surnaturelle, The Visit a le don de déstabiliser, entre son mélange retors d’humour noir, de frissons et de compassion désarmante.

Évidemment, ce sentiment oppressant mêlé à l’incertitude ne va faire que s’accentuer à mesure que les rapports vont devenir de plus en plus dysfonctionnels, avant d’opérer un diabolique retournement de situation que l’on avait pas vu venir. La limite de ce procédé, c’est qu’il supporte déjà moins une seconde vision, d’autant que la fin est un peu trop rapidement expédiée et aurait certainement gagnée à se montrer plus radicale, plutôt que de s’achever sur une note aussi légère qu’absurde. Ce n’est peut-être pas encore le retour en grâce tant espéré mais en l’état, The Visit fait preuve d’une singularité qui lui permet de se détacher un peu de la mouvance et de replacer son réalisateur sur l’échiquier. Un nouveau départ, plus qu’une véritable cure de jouvence.

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