Réalisateur : Andrew Baird
Année de Sortie : 2021
Origine : États-Unis
Genre : Traque Des Bas-Fonds
Durée : 1h38
Thibaud Savignol : 5/10
Trottoir Cybernétique
Un enquêteur d’un futur proche et dystopique doit retrouver un robot humanoïde porté disparu depuis quelques jours. Ça ne vous rappelle rien ? Les plus attentifs à ce pitch basique ont sûrement rapidement fait le lien avec le Blade Runner du père Scott. Véritable monument de science-fiction qu’on ne présente plus quarante ans après sa sortie, n’en déplaise à ceux incapable d’apprécier la lenteur de l’œuvre, propre à créer une atmosphère unique en son genre. Zone 414 est lui mis en scène par Andrew Baird, réalisateur de … De pas grand chose en fait.
Du haut de ses 47 ans il a avant tout œuvré dans le clip musical et le court métrage, où il fut tour à tour production designer et réalisateur. Pour les amateurs de métal c’est lui qui a signé le clip This Means War d’Avenged Sevenfold. Les étoiles s’alignent enfin en 2021, il peut concrétiser son premier long-métrage. A la tête d’un budget de cinq millions de dollars, soit pas grand chose pour un projet de science-fiction, il a pour mission d’illustrer le scénario signé Bryan Edward Hill, un nom qui n’attise pas notre curiosité outre-mesure. Le bougre a pourtant travaillé sur la série Ash vs Evil Dead, petite sensation de ces dernières années.
Moins inspiré cette fois-ci, difficile de déterminer où s’arrête l’hommage et où commence la copie d’une œuvre existante. Zone 414 se situe ainsi dans une zone grise, très grise. Au-delà du détective privé antipathique et des investigations, les protagonistes et péripéties du récit lorgnent dangereusement vers le classique de Ridley Scott. Le commanditaire est un mégalo créateur d’androïdes de plus en plus humanisés à la recherche de sa fille perdue, comme l’était le scientifique au sommet de la pyramide Tyrell. David Carmmichael (Guy Pearce impeccable) rencontre au cours de son investigation les archétypes de tout bonne production cyberpunk : la prostituée mi-femme mi-machine, une corporation au-dessus des États, des transplantations cybernétiques ainsi que le vice des élites s’assimilant à des proto-dieux. Rien ne viendra entraver la progression d’un récit calqué sur son modèle, où chaque articulation et rebondissement répondent au scénario mis en scène il y a maintenant quarante ans.
Cela fait-il pour autant de Zone 414 un mauvais film ? Pas forcément. Derrière cet apparent plagiat/hommage (laissez votre morale choisir), se cache une petite série B pas désagréable. Comme c’est fauché, tout se déroule presque exclusivement en intérieur. Rares sont les plans d’ensemble de la ville ou du quartier où se déroule l’action, les extérieurs se limitant à des cours intérieures ou des façades de bâtiments. Pour rendre son univers crédible, chose essentielle en ce qui concerne la science-fiction, le film parvient à proposer une direction artistique séduisante, à défaut d’être originale.
Les décors font illusions, la charte colorimétrique à base de néons rouges, bleus et verts est respectée, sans oublier le côté cradingue d’une humanité moralement décadente où l’appartenance des corps est sans cesse remise en question. Ses 1h35 correctement rythmée, avec ses passages obligées, permettent au film de ne pas perdre de temps, de se focaliser sur l’essentiel jusqu’à un dénouement attendu mais efficace. Bien qu’effleurées, les questions morales propres à ce type de récit n’en sont pas moins toujours aussi pertinentes. Si il n’en pas le cœur, Zone 414 se pose en ersatz sympathique du mythique Blade Runner. L’androïde de son propre géniteur en quelque sorte.