[Critique] – M.O.M


M.O.M Affiche Film

Réalisateur : Tucia Lyman

Année de Sortie : 2023

Origine : États-Unis

Genre : Thriller

Durée : 1h38

Le Roy du Bis : 6/10
Thibaud Savignol : 5/10


Tout ça pour une Playstation !


Le Found Footage reprend du poil de la bête grâce aux plates-formes de SVOD. Il y a évidemment à boire et à manger, et parmi le tout venant de la production principalement squattée par les fantômes et maisons hantées, en voilà un qui sort un peu du lot. M.O.M s’inscrit dans l’Amérique Trumpiste, avec un sujet qui fera écho aux nombreuses fusillades de Columbine à Waco, jusqu’aux plus récentes. Un sujet forcément tabou outre-Atlantique et presque plus effrayant que n’importe quel revenant, ce qui ne devrait pas manquer de relancer l’éternel débat sur le second amendement. On y suit une mère célibataire totalement désemparée face à la crise d’adolescence de son fils qu’elle soupçonne d’être un dangereux psychopathe. Pour prouver ses dires, Abbey a donc décidé de l’espionner et de tout documenter dans un fichier nommé M.O.M, où sont nichées les vidéos afin de reconstituer le fil des événements, qui ne suit pas forcément un ordre chronologique pré-établi.

On peut ainsi se faire notre propre opinion sur le sujet. Et hormis un plan de caméra de sécurité chipé à une armurerie sans que l’on comprenne vraiment comment la mère a bien pu l’obtenir, rien ne viendra heurter la diégèse de ce long-métrage, dont le dispositif a finalement moins d’intérêt que le fond de son sujet. Celui-ci devrait donc facilement parler aux parents et aux adolescents sur ce qui peut bien se tramer dans la tête d’un proche, puisque l’on ne connaît jamais vraiment les gens avec lesquels on vit. Chaque spectateur sera libre de projeter sa propre expérience.

Bailey Edwards livre une interprétation remarquable dans la peau de cet adolescent solitaire et tourmenté, genre élève à problèmes renvoyé de plusieurs écoles, qui rigole de la mort et tout ce qui l’englobe en mimant son suicide ou bien en faisant semblant de tuer des gens, comme s’il avait parfaitement compris l’absurdité de la vie, des rapports sociaux ainsi que leur hypocrisie. L’ado exprime toute sa rancœur envers les institutions et sa noirceur au quotidien, avec des gestes très souvent anodins mais qui pourraient tout aussi bien avoir de dramatiques conséquences. A l’image de ce pavé lancé sur une route qui aurait très bien pu provoquer un grave accident hors champ, qualifiant lui même son acte de «sélection naturelle». Le personnage montre souvent très peu d’empathie pour son entourage et ce depuis son plus jeune âge.

M.O.M Critique film Found footage

Évidemment, il incarne le prototype absolu du tueur  : il est méticuleux, manipulateur, vicieux, impulsif et psychotique, il aime regarder des films violents et joue à des jeux vidéos. Il est politiquement tourné vers l’extrême droite et possède de l’équipement militaire, notamment un masque à gaz affublé d’une croix gammée ainsi qu’une arme qu’il a trafiqué de manière à tirer de vraies balles, et il écoute très probablement du métal. On pensera pouvoir facilement cerner le personnage, mais en réalité, celui-ci s’avère plus profond, comme le révéleront certains extraits vidéos, moins à charge, ou du moins plus nuancés que nous le pensions au premier abord.

Mais il convient également d’analyser l’attitude de sa mère, alcoolique, parano et pas forcément moins lunatique. Elle semble projeter ses propres angoisses et expériences traumatiques de jeunesse sur son fils, au point de précipiter le rêve prémonitoire qu’elle redoute tellement. Les chiens ne font pas des chats, et il paraît évident que son influence aura beaucoup joué lors du processus de construction de la personnalité de Jacob, même si le grain de folie peut parfois s’avérer héréditaire. Après tout, nous ne sommes souvent que le reflet de nos parents, à quelques différences près, hélas ou heureusement. Le changement de comportement et le caractère rebelle peuvent donc être légitimement associés à une crise d’adolescence compliquée, communément appelée l’âge bête où l’individu est alors en pleine mutation.

Mais on retiendra que cette prise de position ne viendra pas seulement de la confiscation de sa console de jeux (on a tous connu cette punition après un mauvais bulletin) mais bien de la violation de son intimité. Cela constitue avec ces vidéos retrouvées une trahison absolue. De là à séquestrer et torturer ses parents dans un placard des jours durant, il n’y a qu’une porte que je ne verrouillerais pas et vous non plus je présume. L’expérience se limite néanmoins à cela, avant un ultime règlement de comptes sanglant qui n’apporte finalement pas grand-chose et ce qui ne fera certainement pas avancer le schmilblick dans leurs rapports. D’autant plus que l’intérêt du film finira lui aussi par s’estomper et ne devrait pas subsister très longtemps après un premier visionnage un peu trop inoffensif. Moralité : pour éviter que vos enfants deviennent des monstres, laissez-les jouer librement à la Playstation !

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