[Critique] – Violent Shit 3 : Infantry of Doom


Affiche Film Violent Shit 3

Réalisateur : Andreas Schnaas

Année de Sortie : 1999

Origine : Allemagne

Genre : Gore

Durée : 1h25

Le Roy du Bis : 7/10
Thibaud Savignol : 7/10


La Schnaasploitation au sommet


Découvert grâce à l’incroyable VHS d’Uncut Movies au milieu des années 2000 (40 balles aujourd’hui d’occase contre une dizaine d’euros à l’époque), Infantry of Doom fut avec d’autres classiques tels que Bad Taste ou Premutos l’un des points de départ d’un amour indéfectible pour le cinéma gore, outrancier, putassier, décadent et souvent très Z. Avec sa jaquette d’époque incroyable où un Brendan Fraser période The Whale déversait ses propres entrailles à la gueule du spectateur, ses photogrammes au verso qui annonçaient un spectacle des plus décadents et ses avertissements en pagaille, le programme promettait d’être sacrément remuant. Oui, impossible de résister à l’appel du spectacle de la violence dans sa version la plus déglinguée et jubilatoire. Visionné trop jeune, à un âge où l’on dévore les images comme miroir de notre réalité sans le recul adéquat, cette œuvre est probablement en partie responsable de la santé mentale vacillante de l’auteur de ses lignes. Plus de 15 années ont passées, mais la soif de chair fraîche, de tripailles ensanglantées et de mises à morts aussi démentes que physiquement impossibles ne s’est pas tarie. Quel plaisir d’avoir aujourd’hui les moyens de se procurer l’anthologie Violent Shit dans un coffret Dvd où chaque film a pu bénéficier d’une restauration haute définition. En découvrant une qualité d’image déjà sacrément dégueulasse vis à vis de nos standards actuels, on ose imaginer la gueule du rendu original.

Faisant suite à un épisode original foutraque mais plutôt convaincant et à un second volet malheureusement en dent de scie, Schnaas libère enfin les enfers pour ce nouvel opus ! Il met en scène une orgie absolue du gore répondant au Braindead de Peter Jackson sorti l’année précédente. En effet, Violent Shit 3 ne date pas de 1999 mais de 1993, année de sa réalisation. Des pépins financiers empêchèrent sa distribution qui n’aura donc lieu que sept ans plus tard. N’entretenant aucune continuité entre ses films, on découvre ainsi Karl The Butcher père et fils réunis sur une île où ils ont constitué leur propre armée afin de mener des expériences et développer le combattant ultime. Sans doute pour envahir le monde par la suite en bon gros méchant des nineties. Entre temps trois péquenauds sentant bon la taverne bavaroise s’échouent sur les côtes avant d’être traqués par des bataillons entiers de mercenaires. Rejoints par un dissident au régime en place, ils décideront de s’allier pour vaincre la terrible famille Butcher. C’est l’occasion pour le réalisateur allemand de citer ses classiques, en particulier Les Chasses du comte Zarrof réalisé par le papa de King Kong, un an avant son chef-d’œuvre intemporel. Et oui, citer Ernest B.Schoedsack aux côtés d’Andreas Schnaas, ça c’est de la cinéphilie éclectique !

Derrière cette référence assumée, se cache surtout l’occasion pour le cinéaste (osons les superlatifs) de se livrer à une déferlante gore de haut niveau. Instantanément canonisé au panthéon du mauvais goût, Schnaas ne recule devant rien, comme à son habitude, pour proposer un spectacle ô combien jouissif. Pendant que des rebelles ont le visage épluché à coup de crochets volant, des ninjas sont ouverts en deux de haut en bas et des déserteurs se font arracher la colonne vertébrale par l’anus (véridique). Au milieu de ce réjouissant jeu de massacre s’immisce la figure d’un scientifique fou affublé d’une moustache à la Hitler, qui pratique caché sous des tentes militaires expérimentations pas très catholiques et rires démoniaques. La subversion métaphorique de Schnaas est telle que Pasolini doit se retourner dans sa tombe. Ou pas. S’essayant à un filmage de plus en plus professionnel (rassurez-vous ça reste très Z), le film est également beaucoup mieux rythmé que les essais précédents. Bénéficiant d’une foule de figurants, d’un budget qu’on devine un peu plus confortable et d’effets spéciaux enfin à la hauteur d’un tel spectacle, la dernière partie du métrage peut lâcher les chevaux et ne plus s’arrêter jusqu’au générique final.

Sans remettre en question le génie jamais égalé du Premutos de Ittenbach sorti deux ans plus tôt en 1997 (mais en fait quatre ans plus tard, vous suivez ?), la saga Violent Shit élève enfin son niveau pour se positionner en outsider plus que légitime. Merci donc Uncut pour cette pépite sortie des enfers de l’underground allemand et proposée au chaland français en manque de sensations fortes. Laissez le bon goût sociétal barbant au placard, sortez les bières, rameuter vos potes et délectez vous des frasques des Butcher Shitters. Bienvenue dans notre monde !

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