Le Cinéma Cyberpunk


Comme de nombreux genres, la naissance du Cyberpunk est la conséquence d’événements politiques, sociaux, culturels et économiques. Alors que l’après-guerre fut une période faste et prospère, les années 70 vont venir mettre fin à la récréation. Une décennie marquée par deux chocs pétroliers qui mettent fin définitivement aux Trente Glorieuses, entraînant une période de récession à travers le monde, où se cumulent hausse du chômage et dévaluation des monnaies. S’ajoutent à cela des scandales politiques (le Watergate), une vague de terrorisme qui touche aussi bien l’Europe (les Brigades rouges), les Etats-Unis (le KKK et les Weathermen d’ultra-gauche) que le Japon (L’Armée rouge unifiée), la fin d’un monde industriel, un libéralisme toujours plus virulent, des écarts de richesses qui se creusent et un écosystème qui commence à accuser le coup (le rapport Meadows en 1972). A tous ces maux se greffe l’essor sans limite des technologies, de plus en en plus intégrées au sein des foyers (télévision, ordinateurs, consoles de jeux), mais également la naissance des première intelligences artificielles.

Couplé à la naissance du mouvement musical punk au cœur du Royaume-Uni, la nouvelle génération d’écrivains de Science-Fiction va fusionner une imagination débordante aux problématiques de son époque. Succédant à des première tentatives isolées tels les écrits de JG Ballard (Crash !, I.G.H), ils cherchent à renouveler une Science-Fiction qu’il juge trop sclérosée, déconnectée et parfois même réactionnaire (Étoiles, garde-à-vous ! de Robert A.Heinelen). Plutôt que de regarder vers les étoiles, ils réorientent leur regard vers notre planète Terre, explorant des interrogations avant tout terriennes. Ayant souvent recours aux récits d’anticipation, créant des dystopies, ils se projettent dans un futur pas si lointain, exacerbant toutes leurs inquiétudes.

Dès ces premières œuvres les thématiques principales apparaissent : villes-mondes surpeuplées, État absent au profit de multinationale ultra-puissantes faisant office de nouveaux gouvernements, séparation des classes sociales via l’horizontalité de la métropole, écosystème en perdition, corps marqués par les greffes et les ajouts cybernétiques à une époque où le procédé se démocratise, et surtout une technologie omniprésente (accessoires, réseaux, physique) incarnée par la naissance du hacker. Sans oublier en parallèle de développer une esthétique aujourd’hui complètement assimilée par la culture populaire : cités géantes lorgnant du côté des grandes villes asiatiques, grouillantes, couvertes de publicités et de néons (Tokyo, Shanghai, Hong-Kong), présence de nombreux êtres mi-homme mi-machine, une violence graphique appuyée et un ton clairement adulte.






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