Le Found Footage
Historique
Le Found footage (ou « images trouvées » en français) est aujourd’hui un genre à part entière du cinéma d’horreur. A la base c’est un terme technique qui désignait des films où l’action est filmée par une ou plusieurs caméras intra-diégétiques. Autrement dit : la caméra existe dans la narration du film et est manipulée par au moins un des personnages.
Le but premier du Found footage est d’appuyer la véracité des images proposées, de sortir de l’expérience traditionnelle du 7e art en rendant beaucoup plus poreuse la frontière entre réalité et fiction, entre le spectateur et l’œuvre qu’il regarde. Les images affichées à l’écran sont donc des «enregistrements trouvés», censés être bruts, dénués du moindre montage, témoignages des horreurs qu’ont pu subir ou commettre un groupe d’individus.
Au-delà de la réflexion philosophique quant à l’emploi de cette nouvelle méthode, c’est avant tout la résolution d’une problématique financière. Alors que le matériel cinématographiques et sa manipulation par des professionnels représente un ensemble de dépenses non négligeables, cette méthodes a permis à des bourses plus modestes de créer des longs-métrages à moindre coût.
Pour que le look «amateur» soit justifié, le but de ces long-métrages est avant tout de restituer un filmage du réel, justifiant les nombreuses imperfections à l’image. On doit ressentir la présence humaine et surtout non professionnelle tenant la caméra, ne jamais douter que ces images ont été prises sur les vif. La notion de point de vue devient alors essentielle : on partage la vision de ceux qui ont filmé ce que l’on regarde, comme un témoignage post-mortem indiscutable.
Sorte de détournement du cinéma expérimental et documentaire, il était évident que le cinéma d’horreur serait son terreau le plus fertile. Ce procédé permet en effet de plonger le spectateur au cœur de l’histoire, décuplant les sensations d’effroi et de terreur via une authenticité des plus troublantes. De nombreuses techniques permettent un rendu d’apparence amateur pour renforcer la véracité des images proposées : caméra à l’épaule, sur ou sous-exposition des images, imprécision de la mise en point, zooms intempestifs, cadrages aléatoires, arrêts brusques de prises de vues, et moult autres façons de détériorer une image «cinéma».
Le très controversé Cannibal Holocaust ouvra le bal en 1980 : bien que sa première partie soit mise en scène de manière traditionnelle, les bobines retrouvées au milieu du film puis visionnées par le protagoniste principal ouvrent la voie à une nouvelle façon d’illustrer un scénario. Le style ne fera pas école jusqu’à ce que le Projet Blair Witch vienne rabattre les cartes en 1999, démocratisant cette fois-ci le procédé. Peu suivi encore une fois, il faudra attendre la fin des années 2000 pour voir arriver une seconde vague (REC, Cloverfield, Paranormal Activity…), qui ancrera cette fois définitivement le genre comme catégorie à part entière.
Alors qu’il se basait au départ sur une approche un peu racoleuse, prétextant que les images visionnées par les spectateurs étaient indubitablement vraies, le Found footage fait aujourd’hui parti du paysage horrifique, au même titre que le Slasher ou le film de Zombies. Les catégories plus traditionnelles telles que le thriller (Poughkeepsie Tapes), la science-fiction (Chronicle) ou même la comédie (Projet X) se sont essayées à un moment donné à tenter cette approche filmique.
Alors oui, on a fini de croire depuis longtemps que les bandes retrouvées sont bien réelles. Cela ne nous empêche pas pour autant de frôler l’arrêt cardiaque à de nombreuses reprises et de jouer le jeu d’un simulacre de cinéma-vérité.