Réalisateur : Andreas Schnaas
Année de Sortie : 1989
Origine : Allemagne
Genre : Gore
Durée : 1h15
Le Roy du Bis : 6/10
Thibaud Savignol : 6/10
Mais t’es pas net Andreas ?!
Mais qu’a-t-il bien pu se passer durant l’enfance du petit Andreas pour accoucher d’une telle ignominie cinématographique ? Laissons la question aux érudits du 7e art, aux véritables «cinéphiles» et gros cerveaux. Si vous êtes sur cette page c’est que la vision de membres arrachés, de têtes roulantes loin du tronc et d’hectolitres de sang ne vous fait pas fuir en courant. Amoureux du gore déviant, sale et gratuit, bienvenue dans l’univers merveilleux d’Andreas Schnaas, le James Cameron du cinéma underground allemand, au style inimitable, repoussant à chaque nouveau film les limites de son cinéma, soit plus de meurtres et de bidoche, le triple climax et les avancées technologiques en moins.
Séisme en Allemagne en cette année 1989. Loin de la chute du mur et de ses retombées politiques, le vrai trauma a lieu au plus profond des terres germaniques. Deux nouveaux visages de l’horreur moderne sont en train d’éclore, aux ambitions bien vénères. Olaf Ittenbach réalise dans son coin Black Past, déjà annonciateur de sa fascination pour les enfers et supérieur au Violent Shit de son voisin ; comme le sera le reste de leurs filmographies, mais c’est une autre histoire. Schnaas lui, préfère suivre les méfaits de Karl The Butcher Shitter (la subtilité est portée disparue) dans une tuerie sans queue ni tête. Après s’être échappé lors de son transfert, Karl s’en prend à tous les quidams qui croiseront sa route, chacun ayant droit à son exécution bien gratinée : découpe d’organes génitaux, tronçonnage de buste et décapitations sont au programme de ce charmant périple. Âgé de 20 ans, le réalisateur teuton expérimente comme il peut avec ses quelques deniers en poche. L’ensemble est extrêmement amateur, les effets spéciaux lui servent de laboratoire pour tester ses nouvelles idées et les scènes s’enchaînent sans vraie logique, seulement prétexte à une enfilade de meurtres plus abjectes les uns que les autres.
Pour filmer ses dérives sanguinolentes, Andreas a dû emprunter le caméscope familial. Pas sûr que papa Schnaas ait apprécié de voir les dérives subversives et iconoclastes de son fils désormais réellement mis à exécution. Mais pourtant, complètement fauché, et s’essayant au cinéma pour la première fois, le petit Andreas a la bonne idée de flirter tout du long avec le cinéma expérimental. Le récit s’articulant de manière extrêmement répétitive, l’apprenti cinéaste s’essaye à différents effets de styles, notamment dans sa deuxième partie. Par exemple, après avoir arpenté une route de campagne éclairée par les seuls phares de l’automobile et usant de ralentis hypnotisants sur fond de heavy metal tonitruant, il confronte son boogeyman à une hallucination christique. Ses moments apparaissent comme suspendus, hors de la temporalité du métrage, bien aidés par une image peu définie, délavée, baveuse, pixelisée et donc troublante. Évidemment subversion juvénile de pacotille pour choquer le bourgeois, les idées de mise en scène, ces cadrages foutraques, involontaires ou non, témoignent pourtant d’une réelle passion pour le cinéma de genre et d’une envie non feintée de générosité débordante.
Sûrement irregardable pour le commun des mortels, avec son image caméscope préhistorique et ses effets spéciaux réalisés avec trois bouts de ficelle, Violent Shit constitue une expérience déviante et régressive assez marquante. Malmenant la grammaire cinématographique, condensé décousu de 70 minutes, le long-métrage est un incontournable pour tout amateur de cinéma underground, atypique, autre et fauché. Témoignage d’une époque où la jeunesse allemande décidait de d’affranchir d’un passé omnipotent, de repousser sans cesse les limites des domaines artistiques (l’électro-industrielle pour n’en citer qu’un), Violent Shit se révèle ainsi comme un pur produit de son époque, sous-terrain et méchamment agressif. Mais cette fois-ci laissons la question aux sociologues et autres historiens.