
Réalisateur : Lam Nai-Choi
Année de Sortie : 1986
Origine : Hong-Kong
Genre : Tomb Raider Gore
Durée : 1h18
Thibaud Savignol : 7/10
7 films en un
Peu connu par chez nous, l’aventurier Wisley est le héros de plus de 150 aventures papier. De 1963 à 2004, sous la plume de l’écrivain hongkongais Ni Kuang, il parcourt le monde, résolvant mystères, enquêtes paranormales et rencontrant même des extra-terrestres. Orphelin à la Batman, sans problème d’argent aucun, il préfère laisser les clés de l’entreprise familiale aux exécutifs de la boîte, pour vivre des péripéties plus folles les unes que les autres. Pas sûr cependant que la vision de Lam Nai-Choi respecte scrupuleusement les écrits originaux.
Demi-soleil
Lors d’une expédition en Thaïlande, le docteur Yuan tombe sous les charmes d’une jeune native. Assistant à un étrange rituel où un prêtre décide de la sacrifier pour satisfaire un démon buveur de sang, il ne peut empêcher de voler à son secours. Mais dans l’opération il se retrouve maudit à son tour. La rescapée choisit alors de lui donner la moitié de son âme en échange, pour le sauver d’une mort certaine. Seulement, le bénéficie de cet acte ne dure qu’un an jusqu’à ce que la malédiction réapparaisse. Il ne leur reste plus qu’à trouver les «yeux du Bouddha» pour être définitivement sauvés.
Le réalisateur hongkongais est avant tout réputé de ce côté-ci du globe pour son extravagant Story of Ricky, version ultra-gore de Ken le Survivant. Avec La 7e Malédiction, c’est à tout un pan du cinéma d’aventure qu’il rend hommage. Impossible en effet de ne pas voir une corrélation directe au Indiana Jones de Spielberg, et surtout à sa suite du Temple Maudit. Notre aventurier des temps modernes découvre une tribu exotique et se verra confronter à mille dangers, notamment les délires d’une secte aux tendances sacrificielles. Si l’introduction permet de présenter le héros dans le feu de l’action, comme chez son modèle américain, les enfants autochtones capturés ne seront ici pas réduits à de «simples» esclaves dans les mines, mais seront bien broyés pour récupérer leur sang.
C’est de ses excès, de sa furie permanente, que le long-métrage tire tout sa jouissance premier degré. D’un simple décalque apparent, le réalisateur hongkongais livre un maelstrom des genres d’une folie rarement égalée. Au-delà du classique de Spielberg, il cite autant le cinéma fantastique à la Shaw Brothers des années 70 (La Légende des 7 vampires d’or, Black Magic), que les récents travaux de Sam Raimi (Evil Dead), ou encore le polar pur made in HK (Maggie Cheung est de retour après son éclosion dans le Police Story de Jackie Chan).

Ça branle dans les bambous
Le scénario, efficace à défaut d’être original, permet de se concentrer sur la pure mise en scène de l’action et des saillies gores. La 7e Malédiction tire admirablement profit de ses seulement 1h18 au compteur pour livrer un spectacle régressif, au rythme échevelé, qui ne prend jamais le temps de s’arrêter en dialogues inutiles. La rencontre avec la tribu cite ouvertement le Thulsa Doom de Conan le barbare, ce gourou à l’emprise immense sur ses disciples, paradant fièrement du haut des marches de son temple. L’horreur prend rapidement le relais lorsque l’ancêtre est réveillé, assoiffé de sang et de jeunes victimes.
C’est ensuite un festival ininterrompu, entre bagarres montées au cordeau à l’impact toujours aussi véloce (la spécialité HK), érotisme sulfureux (le nu quasi frontal d’une jeune autochtone à se damner) et traditionnels pièges empoisonnés de sanctuaires maudits. Mais surtout, le film ajoute des débordements sanglants qui transforment cette aventure horrifique en un Indiana Jones gore des plus surprenants. On verra ainsi un bébé démon volant à la Elmer le remue-méninges se repaître des chairs d’un pauvre hère, un homme coupé en deux dans le sens de la longueur, ou encore une espèce de xénomorphe de carnaval dépecer tous ceux qui croisent son chemin (tant qu’à faire, autant citer aussi Alien).
Le film est fou, ne s’arrête jamais dans son élan bisseux presque nanardesque, avec notamment cette incroyable scène de baston dans une grotte autour d’un Bouddha géant (Ong-Bak saura s’en souvenir 20 ans plus tard pour son climax). Ses effets spéciaux à l’ancienne, très organiques voire un peu cheapos (peu de grands spécialistes à Hong-Kong), et sa photo bien plus soignée qu’on peut l’entendre dire (certains décors sont sublimés par les éclairages), font de cette 7e Malédiction un digne représentant de la Catégorie III. Bien moins immoral et méchant que certains de ses confrères (Ebola Syndrome en parangon du genre), c’est avant tout un coaster à l’hystérie jouissive et communicative, vrai divertissement foutraque qui à n’en pas douter saura stimuler vos zygomatiques .