[Critique] – Ebola Syndrome


Ebola Syndrome Affiche film

Réalisateur : Herman Yau

Année de Sortie : 1996

Origine : Hong-Kong

Genre : La Morale A Foutu Le Camp

Durée : 1h38

Le Roy du Bis : 9/10
Thibaud Savignol : 8/10


Le King-Kong de la Catégorie 3


Naissance d’un monstre

Alors qu’il est pris en flagrant délit d’adultère, Kai commet un triple homicide avant de prendre la poudre d’escampette direction l’Afrique du Sud. D’entrée de jeu, Herman Yau indique la couleur à venir de son long-métrage. S’ouvrant sur une partie de jambes en l’air plutôt rugueuse, avec un Anthony Wong déjà en démonstration sadique et perverse, l’arrivée du mari sonne la fin de la récréation. En véritable sociopathe, Kai adapte son comportement aux exigences de la situation.

D’abord humilié, roué de coups, suppliant pour sa vie jusqu’à se faire uriner sur le visage, il profite du bref relâchement de son bourreau pour inverser le rapport de force. Le retour de bâton se fera au centuple, coupant la langue de son amante et brisant la tête de son mari grâce à la solidité d’une table pliante. Si l’enfant sera miraculeusement sauvée par l’intervention d’un voisin, toute la folie rageuse du protagoniste éclabousse déjà l’écran.

Ebola Syndrome Critique Film Herman Yau

Le Mal à l’état pur

De l’aveu même du réalisateur, l’introduction lui permet de passer immédiatement un pacte avec le spectateur quant au déroulé à suivre. Ici guidé par la volonté de livrer une œuvre de forcené sans concession, il saisit son auditoire à la gorge pour ne desserrer l’étreinte qu’en de rares occasions. Alors que la fameuse Catégorie 3 avait pour but premier de sanctionner les films trop osés (sexe, violence, injures, triades et politique), elle a au contraire donné naissance à un sous-genre conscient de lui-même, extériorisant les pulsions les moins nobles du public Hong-kongais ainsi que la peur de la rétrocession à venir en 1997. Ebola Syndrome en constitue sans hésitation son sommet.

Fidèle à son absence d’éthique, Kai en profite pour violer et massacrer à coup de pierre une femme porteuse du virus. Dorénavant contaminé, toute sa rage va pouvoir exploser sur le reste du monde civilisé. Anthony Wong pousse les curseurs du mauvais goût au-delà de tout antécédent, vociférant à la moindre contrariété, insultant son prochain avec panache tout en faisant preuve d’une lâcheté et d’un opportunisme assez pathétiques.

Ebola Syndrome Critique Film Herman Yau

Syndrome misanthrope

Mais au-delà de ces exactions meurtrières, qui rassurez-vous ne font pas dans la demi-mesure, on est avant tout confronté à un être dénué de la moindre morale, du moindre scrupule, qui laisse libre court à la moindre de ses envies. Une sorte de figuration d’un électron libre, émancipé des codes de société, qui devient par la force des événements un fantasme d’anarchie totale, ne devant plus répondre de rien ni de personne, seulement guidé par sa propre survie.

Si le réalisateur s’amuse à l’ériger en modèle contre-culturel, voire même symbole d’une lutte des classes entre ceux qui n’ont rien et ceux qui possèdent tout, il n’hésite pas à le traiter de révolutionnaire raté, plus proche d’une bête que d’un véritable être humain. Œuvre au mauvais esprit frondeur, Ebola Syndrome témoigne d’un cinéma Hong-kongais libre, complètement fou, sans ingérence aucune du régime chinois, qu’on ne risque pas de retrouver de si tôt. Un vrai trésor en somme.

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