[Critique] – V/H/S


V/H/S film affiche

Réalisateurs : Matt Bettinelli-Olpin, Tyler Gillett, David Bruckner, Justin Martinez, Glenn McQuaid, Joe Swanberg, Chad Villellla, Ti West, Adam Wingard

Année de Sortie : 2012

Origine : États-Unis

Genre : Compilation Sketchs Found Footage

Durée : 1h56

Le Roy du Bis : 6/10
Thibaud Savignol : 5/10


Face à la Mort


La vague rétro-nostalgique ne désemplit pas depuis 10 ans, et si les vinyles étaient devenus pendant un temps la nouvelle lubie des collectionneurs, la cassette fait désormais son grand retour sur le marché de l’occasion. Une mode qu’avait déjà anticipé le collectif de réalisateurs derrière ce V/H/S, mariant le concept du film à sketches à celui du Found footage, afin de rendre hommage à tout un pan de la culture des vidéo-clubs, qui faisaient leur beurre grâce au cinéma d’horreur bon marché. Plus le contenu était gore et racoleur, plus ils avaient du succès. Des Mondo de Jacopetti et Prosperi aux shockumentary déviant type Face à la mort destinés à choquer les gens, jusqu’aux splatters undergrounds, tous ces films trouvèrent leur public en dehors des traditionnels réseaux d’exploitation. Le marché de la vidéo était alors devenu le nouvel eldorado, comme le sera des années plus tard le Found footage, qui doit en partie sa popularité grâce à l’immersion suscitée par ses prises de vue à la première personne, l’esthétique cracra et la détérioration de ses images.

Ces éléments participent à renforcer la dimension amateur de l’œuvre ainsi que son son réalisme aux yeux des spectateurs, comme pouvait l’être les bandes magnétiques dont on ne pouvait jamais vraiment discerner les détails et effets spéciaux. Le format 4/3, les glitchs, saccades, sautes d’image et la faible définition du support ont quelque part participé à façonner cette légende urbaine du snuff movie, soit des films clandestins mettant en scène des tortures, sévices, et meurtres de personnes, bien que la réalité finira par dépasser la fiction avec l’avènement d’internet. Telle est donc la thématique de cette anthologie. Le fil conducteur faiblard signé Adam Wingard permet de mettre en évidence ce commerce interlope, avec une bande de voleurs cherchant à mettre la main sur des cassettes dont ils doivent visionner le contenu afin de pouvoir identifier celle de leur commanditaire.

V/H/S Critique film Adam Wingard

Ces différents segments ont tous pour point commun de se solder par la mort violente de leurs principaux protagonistes, en variant les plaisirs et surtout les points de vue. Évidemment, comme tout projet réunissant plusieurs personnes, celui-ci n’échappe pas au déséquilibre ascensionnel de ses histoires, qui auront malheureusement le don de tirer l’ensemble vers le bas plutôt que l’inverse, si bien que l’on reste globalement sur sa faim. David Bruckner avait pourtant bien commencé avec cette soirée entre potes qui va mal tourner. L’un des hommes du groupe aura pris le soin d’apporter des lunettes avec une caméra intégrée pour filmer leurs ébats sexuels aux côtés de dévotchka récupérées en boîte de nuit. L’une d’entre elles va néanmoins révéler son vrai visage, ce qui va occasionner un retournement de situation que l’on avait pas forcément envisagé. À peine avait-on pu se laisser interloquer par le caractère étrange et lunatique de cette fille, visiblement éprise du mec le plus introverti de la bande. Ti West est le prochain à entrer en scène et il est sûrement le cinéaste le plus prometteur de cette réunion. Il s’avérera le plus en phase avec la thématique abordée, puisque son film est sans aucun doute le plus creepy et crédible du lot, où un couple de mariés se trouve être la cible d’une personne mal intentionnée durant leur lune de miel.

Si la diégèse est assumée jusqu’au bout, V/H/S ne devrait néanmoins pas réconcilier les détracteurs avec le Found footage, qui n’y verront qu’une démarche hybride totalement opportuniste. Le film condense ainsi toutes les tares d’un genre qui peine à se renouveler, mais possède toujours cette capacité immersive unique capable de marquer durablement les esprits lorsque le récit se voit frapper d’un éclair de terreur. Ce qui requiert une certaine forme de retenue et de crédibilité de la part de ses auteurs, qui peinent trop souvent à trouver le juste équilibre.

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