Réalisateur : Timo Rose
Année de Sortie : 2007
Origine : Allemagne / États-Unis
Genre : Gore Copycat
Durée : 1h36
Le Roy du Bis : 5/10
Thibaud Savignol : 5/10
Délivrance dans le Détour Mortel des Yeux de la Colline
Désormais habitué des pages du distributeur Uncut Movies, Barricade fut le premier effort du nouveau prodige teuton Timo Rose édité sur le territoire français. S’inscrivant dans la lignée des grandes figures du cinéma gore allemand des années 80-90 (Jörg Buttgereit, Andreas Schnaas et Olaf Ittenbach en tête), il décolle réellement au début des années 2000, enchaînant les projets horrifiques à un rythme effréné. D’abord à l’œuvre sur les effets spéciaux avec sa société Rosecalypse, il passe rapidement derrière la caméra pour illustrer ses propres visions cauchemardesques. Difficile d’avoir accès à l’entièreté d’une filmographie regroupant une vingtaine de métrages. On se rabat donc sur les films trouvables par chez nous ou via l’import, et Barricade permet d’apercevoir le style du soi-disant nouveau pape du gore germanique. Alors que trois campeurs partent passer le week-end en forêt, une famille de mangeurs d’hommes rôde dans les parages.
On comprend rapidement que le père Rose n’est pas là pour réinventer la poudre, mais plutôt pour réinvestir des figures désormais établies en gorifiant l’ensemble au passage. Le ton est donné dès l’introduction, lorsqu’après avoir débattu des plaisirs charnels autour d’une bonne bière tiédasse, quatre campeurs en rût se font trancher le gourdin et occire manu militari par un dégénéré des environs. Sorti en 2007, Barricade apparaît rapidement comme le rejeton consanguin de Détour Mortel et La Colline a des yeux version 2006. De jeunes citadins venus profiter des joies qu’offre la nature seront inlassablement mis à mort et dévorés par une tribu cannibale établie dans les environs. Là où les œuvres précédentes redéfinissaient la notion de territoire, s’enfonçant au cœur de régions inhabitées où les antagonistes apparaissaient comme notre altérité d’un autre temps, les bourreaux de Barricade se la coulent douce à quelques encablures d’une base de loisirs estivale. On a connu la Polizei plus intraitable.
Pendant que nos trois campeurs profitent de leur séjour, se baignent à poil, font des blagues et tentent de mobiliser notre attention à coup de dramas torchés avec le cul, les anthropophages s’en donnent à cœur joie sur la population locale. A l’instar d’un film porno, Timo Rose incorpore de façon régulière et mécanique des scènes de meurtres pour relancer l’intérêt du film. Ça coupe, ça démembre, mais un goût d’inachevé persiste. Les mises à mort sont répétitives et malgré des effets pratiques plutôt bien foutus, on est très loin du niveau de folie qui traversaient les productions de Schnaas et Ittenbach. On a plus affaire à du gore qui tâche, qui gicle mais dénué des trouvailles extrêmes de ses modèles. Qu’elles sont loin les dents explosées à la perceuse de Burning Moon et les vagins lacérés de Violent Shit II.
Le long-métrage s’étire au-delà du raisonnable, alors qu’il n’a rien d’intéressant à raconter et que les scènes gores ne sont pas si nombreuses qu’on pourrait l’espérer. Bien que les victimes soient sûrement des potes du réalisateur ayant accepté de venir se faire trucider devant sa caméra durant les dix jours alloués au tournage, le trio principal échappe à l’amateurisme habituel de ce genre de péloches. Notamment grâce au bodybuildé Joe Zaso, sûrement casté sur recommandation d’Andreas Schnaas avec qui il avait récemment tourné Nikos the Impaler et Demonium. Son duo avec Raine Brown maintient l’intérêt jusqu’au climax qui permet enfin au film de montrer ce qu’il a dans le ventre.
Malgré ce manque d’imagination constant, ça tranche dans le lard, ça dévore et ça se flingue à tout va. La confrontation finale s’inscrit dans la droite lignée des productions de rednecks habituelles, la tripaille à gogo en prime. La famille consanguine apparaît au grand complet, prête à affronter ces irréductibles campeurs qui leur résistent depuis plus d’une heure. En empruntant également à Saw son montage ultra-cut et son image jaunie, le long-métrage donne enfin l’impression d’en avoir pour son argent. Même si peu probable que le style Rose fasse école, à charge de revanche Uncut Movies pour les films suivants du réalisateur.