Réalisateur : Giordano Giulivi
Année de Sortie : 2017
Origine : Italie
Genre : Fantastique Cérébral
Durée : 1h45
Le Roy du Bis : 8/10
Des pions sur un échiquier
Une équipe de chercheurs tente de simuler la chute d’un verre afin de pouvoir quantifier le nombre d’éclats lors de l’impact, en basant leur recherche sur la théorie des probabilités. Le groupe est invité à partager ses découvertes avec un de leur confrère dans un manoir au sommet d’une île isolée. Mais une fois arrivés à destination, les huit convives sont faits prisonniers d’un vaste échiquier dont ils se trouvent être les pions. Traqués par une sinistre reine de fer, les survivants tentent de s’organiser et de survivre à cette menace ourdie par l’énigmatique maître des lieux, ayant pris soin d’enregistrer une cassette préméditant les moindres faits et gestes des survivants selon la théorie du démon de Laplace.
Il ne s’agit pas d’un démon hantant les couloirs de ce fastueux manoir, mais plutôt d’un démon mathématicien faisant référence à une intelligence, un esprit doté d’une science infuse, supposant que tout serait déjà écrit et que le libre arbitre n’existerait pas puisque l’avenir serait déterminé par le passé. Les survivants vont donc tenter d’échapper à cette mécanique quantique implacable, représentée notamment par une maquette des lieux servant à de brillants effets de mise en scène, utilisant avec justesse la force évocatrice d’un hors-champ à vous glacer le sang. A quoi bon donner des raisons au tueur d’agir de la sorte, si ce n’est que celui-ci tente de prouver la véracité des faits énoncés et de confirmer la vraisemblance de cette théorie appliquée. Si de surcroît, mener une réflexion cohérente ne vous mènera qu’au tombeau… Se laisser guider par son instinct ou bien se laisser porter par des actes de nature irrationnelle pourraient-ils enrayer les rouages de cette machinerie infernale ?
Le Démon de Laplace pourra néanmoins heurter la suspension d’incrédulité du spectateur, par le choix original mais néanmoins rebutant de cette reine de fer aussi gracieuse qu’une armoire à glace, dont on pourrait facilement entraver le chemin en se barricadant. Ce que feront d’ailleurs maladroitement les survivants. On pense également au rembobinage et à l’avancement de cette cassette, que l’on pourrait éventuellement soupçonner d’être un trucage retransmis en direct, visant à conditionner leurs futurs agissements. Rien de quoi vraiment ternir l’image d’un film tourné en noir et blanc alliant les technologies anciennes et modernes, appliquées à restituer l’ambiance macabre et oppressante des films d’épouvante des années 50.
Un bel exemple de réussite artistique à mettre au crédit de son réalisateur Giordano Giulivi, et ce grâce au talent et au dévouement de toute une équipe qui ne mettra pas moins de sept longues années à accoucher de cette œuvre en toute indépendance. Ils parviennent à compenser un manque de budget évident grâce à des procédés ingénieux et des dialogues inspirés, évoquant le cinéma de Alfred Hitchcock, mais surtout par une rigueur stylistique et scénaristique pour le moins brillante.