[Critique] – Kickboxer 4


Kickboxer 4 affiche film Albert Pyun

Réalisateur : Albert Pyun

Année de Sortie : 1994

Origine : États-Unis

Genre : La Bagarre

Durée : 1h30

Le Roy du Bis : 4/10


Kumite Para Oin-Oin


Sasha Mitchell de son côté n’est plus que l’ombre de ce qu’il était, c’est à dire pas grand chose, et il semble avoir fait une croix ferme et définitive sur sa carrière. Après avoir joué les action star en dessoudant des gangsters dans les favelas, le voilà désormais taulard et plus monolithique que jamais. Il est tout juste bon à lever les pieds pour latter des culs et à flanquer des raclées par douzaine à des grosses fiottes de bikers, dont il va détruire le bar et le mobilier en les faisant valdinguer à travers les baies vitrées. L’acteur, flanqué d’une réputation de parfait crétin et pas seulement pour son rôle de grand dadais dans la série Notre belle famille, se donne des airs taciturnes et taiseux dans la tradition du héros melvilien. Affublé de lunettes de soleil noires afin de masquer son identité et d’infiltrer le Kumité d’art martiaux de ce cher Tong Po, il reçoit cette fois-ci l’appui de la DEA.

Kickboxer 4 Critique film Albert Puyn

L’histoire sert surtout de prétexte au déroulement d’un tournoi où s’affrontent des combattants du monde entier, aux techniques disparates (capoeira, judo, karaté, tae kwen do, muay thai, kickboxing), contre la promesse d’un beau butin à la clé pour le vainqueur. On nous promet les meilleurs, mais on se retrouve avec des Oin-Oin et des tocards, qui se feront maraver la gueule par une gamine de 16 ans qui n’a pourtant rien que de la compote de pomme dans les bras. Les bastons et chorégraphies soufflent le chaud et le froid, mais ont trop souvent l’air simulées pour pouvoir exalter les fanas d’ultra violence. Le scénario ne tient pas debout et bouffe à tous les râteliers (Opération Dragon, Bloodsport) si bien qu’il titube et s’effondre sous son propre lumbago de clichés.

Et encore ce n’est rien comparé à la bêtise de Tong-Po, qui perd toute son aura de méchant, lui qui en imposait tellement autrefois rien qu’avec sa prestance et son physique de brute sans jamais moufter un mot à l’écran. Ici il ne pourra jamais s’empêcher d’ouvrir la gueule pour impressionner la galerie avec des phrases plus longues que la vie, quand il ne se tape pas des fous rires sardoniques auto-suffisants. Le maquillage est d’ailleurs un ratage complet, son responsable mériterait d’être jeté en prison, et on s’attend à voir le lifting de l’acteur péter à tout moment. Notamment quant il se fera damer le pion lors de la confrontation finale, après avoir laissé tout le temps nécessaire aux gentils de renverser la situation.

Les retrouvailles avec David sonnent également fausses, et le réalisateur aura toutes les peines du monde à justifier leur face à face. Tong Po a pourtant eu tout le temps nécessaire de s’apercevoir que son pire ennemi avait infiltré sa propriété, puisqu’il le verra combattre un seul adversaire durant les tours préliminaires. Il faut croire que les coups qu’il a pris dans la tronche ont eu des effets irréversibles sur ses connexions neuronales. Heureusement le film bénéficie de quelques séquences érotiques (même si on parle d’esclavagisme sexuel, le réalisateur ne passera jamais la ligne rouge, il ne faudrait surtout pas que son action-star puisse passer pour un cocu), d’une atmosphère crépusculaire et surtout du savoir-faire de George Mooradian à la photographie. On évoquera cependant quelques réserves quant à ses nuits américaines saturées de filtre bleutés. Kickboxer 4 ne convaincra que les nanarophiles obsessionnels compulsifs et les fans d’Albert Pyun (pour peu que je ne sois pas le seul). Parce que pour l’apprécier, il vous faudra certainement consentir à revoir vos exigences à la baisse et à ranger votre incrédulité au vestiaire.

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