
Réalisateur : Albert Pyun
Année de Sortie : 1996
Origine : États-Unis
Genre : Actionner Cyberpunk
Durée : 1h25
Le Roy du Bis : 3/10
La Traversée du Désert
Nemesis 3 et 4 demeurait encore inédit chez nous, mais grâce à 101 films, nous pouvons enfin mettre la main sur deux pièces maîtresses de la filmographie d’Albert Pyun. Ceux qui aiment l’hawaïen devront néanmoins accepter de regarder le film en anglais sans sous-titre. De quoi ajouter du trouble à une intrigue déjà bien confuse.
Après le succès du premier volet, les choses se sont largement gâtées avec Nemesis 2, tourné simultanément avec ce troisième opus mais sorti avec un an d’intervalle. À l’instar de son héroïne, Albert Pyun abordait une traversée du désert et ces suites ne faisaient que refléter le manque d’inspiration d’un réalisateur boulimique devant trouver le moyen de monter deux films pour le prix d’un.
Malheureusement, Nemesis 3 constitue le parent le plus pauvre de cette saga et ce n’est certainement pas la présence de Tim Thomerson qui permettra de sortir le spectateur de sa léthargie. Particulièrement laxiste et mono-expressif, le comédien semble traverser le film comme un sinistre pantin, s’acharnant maladivement à abattre ses cibles avec un pistolet laser de chez Toys’ R’ Us. Et que dire de Sue Price et ses gros muscles saillants, débitant mollement ses lignes de dialogue entre deux fusillades. Peu nombreux, les figurants en sont également réduits à se relever systématiquement face au peloton d’exécution pour mourir plusieurs fois.

L’histoire reprend là où Nemesis 2 s’achevait, c’est-à-dire quelque part, perdu dans le désert de Gobi…. Alex se réveille amnésique au beau milieu de rien, avec une balle logée dans le cerveau. L’héroïne va alors recouvrer peu à peu la mémoire à la suite d’une rencontre toute sauf fortuite. Le montage elliptique de l’introduction tend à semer volontairement le doute afin de complexifier une intrigue aussi dépouillée qu’une carcasse de buffle au soleil.
Passé, présent et futur s’entremêlent autour d’une nouvelle chasse à l’homme. Des soldats, cyborgs aux yeux lasers et terroristes en djellaba s’affrontent au milieu de ruines éparses. Dans sa perpétuelle fuite en avant, Alex se met à la recherche de sa sœur retenue captive par le dénommé Farnsworth. L’oisiveté avec laquelle ces événements s’enchaînent tend à révéler l’artificialité totale d’un script écrit avec les rushs non utilisés du précédent volet.
Ce recyclage opportuniste affublé de nombreux flash-back trouve rapidement ses limites, comme un mirage ou une mauvaise illusion d’optique. Les morphing et effets visuels sont complètement ratés. Les dialogues sont parfaitement chiants et inutiles (les protagonistes parlent pour ne rien dire). La quête identitaire est aussi creuse qu’artificielle. Et les quelques fusillades et explosions ne suffisent même plus à combler la vacuité de cet exercice destiné à remplir les blancs d’une page vierge. Le spectateur lucide prend alors conscience de l’entourloupe et se laisse rapidement gagner par l’ennui, figé dans l’expectative comme l’héroïne avant de se retrouver coincé dans une voie sans issue. On comprend déjà mieux pourquoi ces suites n’ont jamais trouvé d’éditeur en France qui daigne les distribuer.