
Réalisateur : Albert Pyun
Année de Sortie : 1995
Origine : États-Unis
Genre : Actionner Cyberpunk
Durée : 1h23
Le Roy du Bis : 5/10
La Prisonnière du Désert
Il aura fallu attendre trois avant que Imperial Entertainment ne daigne proposer une séquelle au sympathique Nemesis. Pas rancunier d’avoir perdu le contrôle du final cut, Albert Pyun acceptera de re-signer non pas pour une, mais bien trois suites tournées simultanément et en un temps record. Il faut dire que le réalisateur s’est fait une réputation de véritable stakhanoviste dans l’industrie du DTV, n’ayant besoin que de rares prises pour mettre en boîte ses productions, grâce notamment à une équipe d’artistes lui étant entièrement dévoués.
La Condition de la Femme
Dans cette famille de globe-trotters, George Mooradian constitue l’un des principaux capos. Le chef-opérateur aux multiples talents reconnu depuis, parvenait à faire passer les carrières et dunes de sable de l’Arizona pour le désert de la Namibie grâce à quelques filtres de couleurs, lentilles, et des compositions en cinémascope. Le cadre crépusculaire donnait au film des airs de véritable western spaghetti. Olivier Gruner démissionnaire, le choix d’Albert Pyun se portera cette fois-ci sur une femme au physique extraordinaire, en la personne de Sue Price. Ses gros bras et ses plaques de chocolat la disposaient naturellement à une carrière d’actrice.
Nous voici donc projetés dans un futur déshumanisé et dénué de tout espoir depuis que l’espèce humaine a perdu la guerre contre les cyborgs. Les scientifiques ont alors tenté de développer un ADN mutagène afin de lever une armée de surhommes. C’est en ce bébé éprouvette que semble résider le sort de toute l’humanité. L’enfant sera d’abord recueilli par une tribu d’indigènes en Afrique de l’Est, mais un chasseur de primes cybernétique va parvenir à retrouver sa trace et la traquer. L’héroïne devra alors arpenter son rite d’initiation, chasser le phacochère au couteau, et briser les couilles d’un guerrier misogyne afin de se faire sa place au soleil. Tout un programme en perspective.
Finalement et à l’instar de son prédécesseur, Nemesis 2 ne conserve pas longtemps son ambitieux postulat de départ : la condition de l’homme, la manipulation génétique, et la quête d’identité sont rapidement évacués au profit d’une chasse à la gueuse dans le désert. Pire, cette séquelle va jusqu’à évincer les thématiques Cyberpunk préalablement esquissées sur les questionnements d’ordre moral et éthique, tout comme les dérives sociopolitiques et sécuritaires engendrées par l’abondance des nouvelles technologies.

Prey
Albert Pyun place son actrice aux prises d’une énigmatique boîte de conserve omnipotente. Cet antagoniste monolithique n’est autre que le célèbre réalisateur de la saga John Wick. Chad Stahelski n’a pas eu peur de commencer petit contrairement à d’autres stars à en devenir (Coucou JCVD !). Nemesis 2 constitue un piètre pastiche bis de Predator et Terminator. Le cinéaste emprunte d’ailleurs quelques effets de style comme cette vision cybernétique donnant un résultat plus qu’étrange à l’écran.
Les mauvaises langues diront qu’Olivier Grunner été meilleur athlète et interprète, et à vrai dire ils auront bien raison… Le manque d’expressivité affiché par Sue Price aurait de quoi faire débander un trentenaire célibataire. Cependant, l’actrice reste suffisamment bien gaulée, surtout si l’on aime le genre baba cool sous stéroïdes. De toute manière, personne ne lui demandait de sourire ou de pleurer, mais bien de savater des zoulous dans le désert en ravageant l’entièreté d’un décor se limitant à des ruines éparses. Pour ne rien arranger son principal adversaire est invulnérable aux balles, aux coups de schlass et aux explosions, ce qui va considérablement compliquer la tâche de notre héroïne.
Dans ce condensé de séquences d’actions survitaminées (ou presque), le concepteur des effets spéciaux David P. Barton tente d’opposer une adversité féroce et implacable à cet ersatz de Xena la Guerrière. Mais le costume pachydermique de l’antagoniste reflète bien la faiblesse des moyens mis à disposition. Dans ces conditions, les effets pyrotechniques et artifices ne serviront que de cache-misère. En outre, la lisibilité reste globalement confuse en raison d’un recours abusif au contrechamps. Loin de l’audace visuel de Nemesis, figé dans l’abstraction d’un mirage de sable sans fin, Nemesis 2 perd cette dose d’inventivité et de folie qui caractérisait son prédécesseur, et se révèle finalement comme l’une des productions les plus anecdotiques de son réalisateur.