Réalisateur : Daniel Stamm
Année de Sortie : 2010
Origine : États-Unis
Genre : Possession Démoniaque
Durée : 1h27
Le Roy du Bis : 5/10
Un drôle de Paroissien
Il n’y a probablement rien que le Found Footage n’est pas déjà adapté à son dispositif de mise en scène. En 2010, Eli Roth et sa clique de producteurs se sont mis à piller les troncs de l’église. Résultat, on a bouffé du film d’exorcisme jusqu’à en crever au cours de la dernière décennie notamment porté par le succès de la saga Conjuring. Pour une mise de 1,8 millions, Le Dernier Exorcisme en générera 68 millions au box-office. Pas si mal pour un faux documentaire suivant le quotidien d’un drôle de Paroissien qui ne cache rien de sa malhonnêteté. Pour les journalistes, il s’agira donc de démystifier les pratiques d’exorcisme par le témoignage d’un prédicateur bonimenteur à présent repentit, et qui connaît toutes les ficelles du métier. Il ne remet pas tellement en cause sa foi mais bien les méthodes parfois dangereuses qu’occasionne ces cérémonies d’un autre âge et leurs mauvaises encadrements.
Mais s’il reconnaît aider les familles pour payer son train de vie, il assure également le faire par devoir, afin de les soulager en leur offrant un peu d’espoir sous forme d’un rituel placebo. L’approche est donc assez intéressante, puisqu’elle permet de remettre en perspective les cas de possession sous un prisme moins religieux, et d’en attribuer les origines à des maladies mentales que l’Église tente de soigner à coup de versets et d’eau bénite. Le choix de l’interprète est également de bon aloi puisque Patrick Fabian apporte toute sa bonhomie à ce révérend digne d’un présentateur de télé-achat à qui l’on donnerai le bon dieu sans confession.
On se prête très vite au jeu, à voir ce que le fanatisme peut charrier comme fidèle prêt à payer pour recevoir l’extrême onction du révérend qui reste avant toute chose un comédien de talent. L’équipe technique part ensuite dans le bayou de la Louisiane pour aider une fille soit disant sous l’emprise d’un démon. On devine que ce dernier exorcisme ne va pas réellement se passer comme prévu. Mais là encore, l’escroc fait son office à grand renforts d’artifices, de sermons frauduleux et de tours de passe-passe magique. Un filin de pêche pour faire bouger le lit, des haut-parleurs pour simuler des sons diaboliques, un crucifix libérant de la fumée, et le tour est joué, l’imagination fera le reste. Le démon est parti ? par ici la monnaie ! Daniel Stamm dresse un portrait assez cynique de la religion avant que la seconde partie du documentaire ne s’attache à ébranler nos certitudes par d’authentique cas de possession.
On appréciera cependant que le film ne fasse pas dans la surenchère d’effets numériques racoleurs ce qui permet alors d’établir une double hypothèse, celle évidente d’événements surnaturelles et l’autre plus prosaïque qui soulèverai des abus sexuels commis par le père sur sa fille qui serait prise de troubles et délires psychotiques pour tenter d’évacuer ses traumatismes. Malheureusement, ce n’est pas la direction qu’empruntera le réalisateur et c’est aussi à ce moment là que l’on ne passe plus très loin d’une fin au ridicule achevé qui va autant détruire les convictions du révérend que notre incrédulité face à une congrégation vénérant le Sheitan. Un revirement décevant qui viendra occulter ce vaste écran de fumée, prouvant au passage que ce premier dernier exorcisme n’était que l’arbre qui cachait une forêt fréquenté par des producteurs opportunistes et vénales.