[Critique] – The Poughkeepsie Tapes


The Poughkeepsie Tapes Affiche film

Réalisateur : John Erick Dowdle

Année de Sortie : 2007

Origine : États-Unis

Genre : Dans La Tête Du Tueur

Durée : 1h26

Le Roy du Bis : 6/10
Thibaud Savignol : 6/10


Les Vidéos Interdites


D’où nous vient cette fascination morbide pour la mort ? Qu’est-ce qui pouvait-bien nous pousser à aller nous rincer l’œil sur des sites tel que Rotten lorsque nous étions adolescents ? Pour vous resituer, on y trouvait des clichés d’accidentés de la route, des meurtres violents, des combats de clodos, des génocides congolais et des photos des camps de torture de Guantanamo. Le genre d’images qui vous marquent à vie, à l’instar de la série animée Happy Tree Friends, où l’on s’amusait à regarder des petites créatures de la forêt s’entre-tuer violemment comme Itchy et Scratchy. Pas le genre de choses que l’on peut confier à n’importe qui. Ceux qui nous fustigent ne sont dans le fond pas si différents, puisqu’on les retrouve souvent affalés devant les émissions de Morandini. J’ai pour ma part grandi avec les enquêtes de Pierre Bellemare, les films d’horreur diffusés sur RTL9, et pendant que mon père buvait son café en lisant la rubrique faits divers de l’Est Républicain, je découvrais alors lycéen que les snuffs movies n’avait en réalité rien d’une légende urbaine. Au moins, le meurtre perpétré par Luka Rocco Magnotta aura eu le don de me dégoûter pendant un moment de cette curiosité malsaine.

Poughkeepsie Tapes Critique film John Erick Dowdle Found footage

Le plus intéressant étant les rushs diffusés par la police, où le tueur affublé d’un masque vénitien torture quotidiennement une femme retenue captive. Cheryl Dempsey développera avec le temps un syndrome de Stockholm et finira par éprouver une fascination obsessionnelle et un lien inextricable avec son bourreau, si bien que leur séparation sera vécue comme une vraie tragédie. Le duo de réalisateurs emploie beaucoup le hors-champ et finalement peu de gore, si ce ne sont les restes de quelques corps mutilés, comme le tête de cette homme enfoncée dans le corps d’une femme. Il y a une volonté manifeste à vouloir susciter la peur et l’effroi par la rétention d’images, ou bien en simulant des situations qui manquent souvent de naturel et qui peinent à trouver le juste équilibre. En résulte un manque de crédibilité de l’ensemble, d’autant que les profiler finissent surtout par dresser le portrait d’un grand génie du crime qui semblerait insaisissable pour les autorités : capable de faire accuser un innocent à sa place grâce à un intellect diaboliquement supérieur, une connaissance accrue du système judiciaire et pénale ainsi qu’une extrême précaution quant aux empreintes ADN qu’il pourrait laisser, y compris dans sa propre maison.

Le film peine ainsi à trouver le juste équilibre, même s’il parvient à compenser son manque de budget par quelques bonnes idées parfois mal exploitées. La vue subjective employée souffre par exemple de ses nombreux glitchs et parasitages, intempestifs et trop artificiels, pourtant destinés à renforcer l’inconfort de visionnage ainsi que l’effet «vérité» d’une bande magnétique détériorée. Reste que l’on ne juge pas un film pour ce que l’on aurait aimé qu’il soit, mais bien pour ce qu’il est réellement. Si on le replace ainsi dans le contexte de sa sortie anonyme en 2007, l’histoire s’avère suffisamment glauque et intéressante à suivre, bien que l’on sentira parfois une certaine lassitude poindre le bout de son nez. Ou bien peut-être finissons-nous simplement par devenir totalement insensible à la violence à force d’en regarder tous les jours sur nos écrans, c’est possible aussi.

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