[Critique] – Mort ou vif


Mort ou Vif Affiche Film

Réalisateur : Sam Raimi

Année de Sortie : 1995

Origine : Japon, États-Unis

Genre : Cow-Boys Flingueurs

Durée : 1h48

Le Roy du Bis : 7/10
Thibaud Savignol : 7/10


Evil Gun


Des vieux comptes à régler

Dans cet ordre d’idée, Sharon Stone recrute de petits nouveaux tels que Russell Crowe (alors méconnu du grand public) ainsi que Leonardo Di Caprio, dont ne veut pourtant pas le studio. Mais la femme fatale en est persuadée, ce petit jeune est certainement voué à une brillante carrière dans le milieu, au point qu’elle ira jusqu’à imposer sa présence en le payant de ses propres deniers.

Afin de parfaire le tableau de chasse, plusieurs briscards s’ajoutent à la distribution, tels que Keith David dans la peau d’un tueur à gages. Lance Henriksen campe lui le rôle d’un bonimenteur prétentieux, tandis que le regretté Gene Hackman retrouve le rôle du despote qu’il avait déjà abordé 3 ans plus tôt. Sam Raimi se voit confier la réalisation pour dynamiter le genre très codifié du western, livrant ainsi un film détonnant qui puisse imposer de nouveaux canons. Sharon Stone s’octroie évidemment le rôle principal, celle de l’étrangère moins motivée par l’argent que par la vengeance d’un récit typiquement Léonien, où ne manque que le souffle de Ennio Morricone à l’Harmonica.

Mort ou Vif Critique film

Curieuse manière de maintenir l’ordre que John Herod a eu en organisant un tournoi de duellistes dans la rue. Probablement une manière de séparer le bon grain de l’ivraie et de semer la terreur en sortant vainqueur chaque année. Pourtant, une foule d’étrangers viennent pour pouvoir y participer : mercenaire, prisonnier, as de la gâchette, une bonne femme, un indien, un black et un gamin histoire d’avoir un quota de minorités parmi les cow-boys d’opérette.

Aucun des concurrents ne sera cette fois épargné par la nouvelle règle en vigueur, qui implique de mettre son adversaire à mort, pas même pour celui surnommé le Kid, fils bâtard du maire de la ville. Ellen qui se gardera bien de dévoiler ses motivations fait figure de prétendante, bien qu’un seul outsider digne de ce nom se dégage réellement des concurrents : Cort, un ancien bandit désormais retirer du circuit, qui ne lutte que par pur instinct de survie afin de trouver la paix intérieure grâce à sa foi inébranlable en Dieu.

À la fin il ne pourra en rester qu’un, sachant que le moindre faux pas mènera chacun des candidats de vie à trépas. Le nom de la bourgade n’est d’ailleurs pas anodin, puisque chacun des personnages principaux sont en quête de Rédemption. Il n’est pas galvaudé de parler de western féministe, tant Ellen tente d’imposer sa présence dans un monde d’hommes impitoyables qui ne manqueront pas de lui faire remarquer qu’elle n’est pas à sa place. Lorsqu’elle pénètre un saloon, l’actrice est cordialement invitée à séjourner chez les prostituées, quand ce n’est pas l’organisateur qui l’invite à déclarer forfait pour éviter de se briser un ongle sur le chien de son pistolet.

Undead Redemption

Les échanges verbaux se font à feu nourri, plombant toute forme de misogynie. Sharon Stone interprète probablement l’un de ses meilleurs rôles au cinéma, affichant une sensibilité à fleur de peau sous une carapace en apparence aussi imperméable que l’homme sans nom. Mort ou Vif s’articule autour de ces duels au soleil que Sam Raimi filme sous tous les angles d’attaque possibles et inimaginables, à coup de zooms et de travellings optiques, de très gros plans et de contre-plongées, afin d’accentuer la tension dramatique.

Mort ou Vif Critique film

Dans l’univers cartoonesque et survolté de Sam Raimi, les clichés fusent autant que les balles : la populace un peu lâche se liant d’inimitié contre le maire en recrutant un mercenaire, la mystérieuse étrangère motivée par la mort tragique de son père ou encore les archétypes de duellistes au look patibulaire. L’auteur parvient à iconiser chacun de ses interprètes en les enfermant dans des cases de BD grâce à l’emploi de cadrages complètement décalés, ou bien en associant des espaces et des échelles pour les faire coexister dans le champ de sa caméra à la limite du plan composite.

Ces choix stylistiques en décalage avec les westerns de la même décennie confèrent au film une atmosphère plus surréaliste que chez Sergio Corbucci (Django), appuyé par une dose subtile d’absurdité et des duels très soignés. Dans la dizaine de face à face abordés, aucun d’entre eux ne se ressemblent grâce à la variété des effets de mise en scène et de perspectives employées. Parvenir à éviter l’écueil parodique que le film aurait pu toucher démontre à quel point Sam Raimi sait manier son style, à la fois moderne et outrancier, dans un autre genre que celui auquel il était habitué.

L’échec critique et financer du film poussera le réalisateur à se remettre en question et à se compromettre dans des films de commandes tels qu’ Intuitions ou Pour l’amour du jeu, reniant toute sa singularité ou bien en singeant la personnalité de ses pairs (Un Plan Simple emprunte énormément aux frères Coen). Heureusement, le film est depuis quelque temps réévalué par la presse spécialisée, qui n’hésite pas à le considérer comme son chef d’œuvre. Et à l’heure où le féminisme enragé cherche à puiser dans la culture des figures héroïques se dressant fièrement contre le patriarcat (Thelma et Louise, Promising Young Woman), Mort ou Vif peut se targuer d’en être l’un de ses plus fervents pourfendeurs, droit dans ses bottes, cheveux au vent, prêt à dégainer contre ses assaillants.

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