
Réalisateur : Morgan S. Dalibert
Année de Sortie : 2025
Origine : France
Genre : Vroum Vroum
Durée : 1h38
Thibaud Savignol : 6/10
French & Furious
On dirait bien que le Gran Turismo de Neil Blomkamp a donné des idées à plus d’un producteur. Netflix, désormais lui aussi financeur du cinéma français, se lance dans la course avec Rapide, promettant duels effrénés sur le bitume et shot de vitesse pur. Prévu pour le 16 avril dans les salles de France et de Navarre, L’Écran Barge vous donne déjà son avis, plusieurs semaines en amont grâce à la magie des avant-premières (et cette phrase n’aura sûrement plus beaucoup de sens si vous lisez cette critique après le 16 avril 2025, mais ça valait le coup de pérorer un peu).
Tutududu, Max Verstappen !
Depuis sa naissance, Max est une dingue de vitesse. Elle ne vit que par et pour la course automobile. Repérée suite à ses prouesses de pilotage lors des championnats nationaux de karting, elle intègre une célèbre académie, où un baquet de F3 lui tend les bras pour la saison prochaine. Si les résultats sont là, elle se voit pourtant voler cette opportunité en or par son futur meilleur rival : Muller. Désormais cariste dans un port de marchandises comme un autre, elle a abandonné ses rêves de grandeur. Mais sa rencontre avec un ex-pilote lui-même ingénieur au sein d’une écurie réputée va la remettre sur les rails, prête à étaler tout son talent aux yeux du monde durant la saison de F3.
Scénario sportif archi-classique pour cet énième relecture de Rocky, tout y est : du boulot prolo où l’on se tue à la tâche jusqu’à l’épique duel final, en passant par l’entrainement monté en musique ou encore le coach à la confiance illimitée. Rien de neuf sous le soleil, mais une ligne directrice qui fait le job, les échecs finissants par être progressivement balayés par les moteurs vrombissants et les réussites éclatantes. Le scénariste David Moreau (l’irrespirable Ils) n’oublie pas son époque à travers le parcours de cette femme pilote. Bien qu’on pourrait y voir un cahier des charges Netflix lourdaud, il n’en est rien, tant le film ne cherche pas à la rendre meilleure que les hommes, mais simplement tout aussi capable. Et ça, personne ne devrait en douter.

À fond la caisse
Plus qu’un script sans originalité, le déroulé de la première partie laisse entrevoir l’influence du grand N rouge. On en vient presque à se demander si l’idée d’une série n’a pas d’abord été envisagée, tant le nombre de pistes lancées ne cessent de s’accumuler : envol de la carrière de Max, trauma de la mère, nouvelle amitié au boulot, rivalité amoureuse avec un pilote. À l’image de son titre, la rapidité du premier acte déboussole, interroge. Avec seulement 1h30 au compteur, on sent la volonté du metteur en scène de sauter les premières étapes pour se concentrer sur la renaissance du Phénix dans sa seconde partie.
Et c’est ce qui pose problème. Difficile d’entrer dans le récit, de se lier aux personnages, ou même d’apprécier les premières scènes de course. Le film ne prend pas le temps d’installer son intrigue et sa tension mécanique, trop occupé à rusher son script, délivrant quelques courses en guise de hors d’œuvre. Si la nervosité des séquences de pilotage fait bonne impression, notamment en salles, on reste sur le bas côté, tant l’absence de construction des séquences empêche toute tension, et donc toute l’intensité propre à ces arènes sur bitume. Pas aidé par des comédiens en roue libre, au jeu parfois grandiloquent et à la diction express, Rapide bâcle ses débuts, et semble afficher les limites d’un studio décidément bien mal à l’aise quand il s’agit d’expériences cinématographiques en lieu et place de séries.
Si il ne s’élèvera jamais au niveau d’un Jour de Tonnerre, le long-métrage de Morgan S. Dalibert a pourtant le mérite d’afficher de toutes autres intentions à partir de son deuxième acte. Le montage se pose enfin, les personnages peuvent exister, et la montée en puissance prend forme. La jeune Paola Locatelli s’en sort avec les honneurs, et mention honorable pour Alban Lenoir en vieux pilote frustré un brin fantasque, qui semble avoir pris son pied pendant le tournage. Déjà à l’œuvre sur Aka du même Dalibert ou Balle Perdue et sa suite (Dalibert y était chef op), il prouve qu’il est l’une des valeurs sûres du cinéma d’action français actuel.
Bancal sans être honteux, Rapide envoie la sauce quand il s’agit de filmer les bolides parcourir l’asphalte. Et c’est bien ce que le spectateur ou le fan de grosses cylindres veut voir. On ne citait pas Gran Turismo par hasard en introduction. Le metteur en scène reprend ses fameux plans au drone qui survolent les courses à toute berzingue, parvenant à retranscrire toute l’euphorie d’une course. S’il abuse un peu des longues focales tremblotantes, les plan cockpit couplés à un montage lisible achèvent de faire des joutes automobiles la vraie réussite du film. Sans oublier de remercier le sponsor Alpine, qui n’a pas hésité à fournir une livrée de Formule 1 pour ce projet. Cocorico !