[Critique] – Until Dawn


Until Dawn affiche film

Réalisateur : David F.Sandberg

Année de Sortie : 2025

Origine : États-Unis

Genre : Horreur Sans Fin

Durée : 1h43

Thibaud Savignol : 7/10

Sortie en salles : 23 avril 2025


Jusqu’en enfer


Rien de mieux que de voir sa licence adaptée sur grand écran pour remplir les tiroirs-caisses. En 2015 (10 ans déjà, ouille), Supermassive Games avait marqué de son empreinte le monde du jeu vidéo avec la sortie d’Until Dawn. Laissant de côté les gameplays traditionnels, les développeurs souhaitaient avant tout proposer une expérience cinématographique, débarrassée des ATH, barres de vie et autre boss à franchir. La mort d’un personnage joué était définitive et loin d’arrêter la progression scénaristique, poussant ainsi le joueur à relancer l’histoire en vue de sauver le plus de monde possible. La récente remasterisation 4k du jeu et la sortie de son adaptation filmique risquent fort de relancer l’intérêt pour le studio.

Filmer le jeu vidéo

Remarqué pour son terrifiant court métrage Lights Out (2 minutes disponibles sur Youtube), le passage au long (Dans le noir) fut en demie-teinte. Si avec Annabelle 2 il réalise sans doute le meilleur opus de la saga, David Sandberg s’est ensuite perdu dans les productions à grande échelle hollywoodiennes, accouchant du sympathique Shazam ! mais aussi de sa catastrophique séquelle. On attendait donc avec impatience de voir si son retour au genre horrifique serait des plus fracassants.

Si tout n’est pas réussi (on y reviendra), on constate que le travail d’adaptation a été sacrément bien pensé. En s’écartant du récit originel (une dizaine de jeunes coincés dans un chalet en plein hiver), Sandberg a cependant su retenir la substantifique moelle de l’expérience vidéoludique. On suit ici une bande cinq amis partis à la recherche de la sœur disparue de Clover, l’héroïne principale. Sur les indications d’un pompiste, ils se rendent à Glore Valley, où la jeune fille pourrait possiblement se trouver. Mais une fois arrivés dans le lieu-dit, ils se retrouvent rapidement prisonniers d’une boucle temporelle, qui les voit revenir de plus en plus affaiblis à chaque roulement.

Until Dawn Critique Film David Sandberg

Le script s’amuse à citer les autres œuvres usant du ressort temporel (Un jour sans fin en tête), mais dévie rapidement des sentiers battus ou des expériences récentes (Happy Birthdead) pour reproduire l’expérience vidéoludique avant tout. Après leur première mort, les personnages reviennent abîmés, avec peu ou pas de souvenirs, et doivent revivre une nuit de terreur pour s’enfuir d’un décor qui les retient captifs. Surtout, à leur retour, de lentes transformations font leur apparition, les livrant au pire si ils ne résolvent pas rapidement ce casse tête (un livre d’or permet de constater que leurs prédécesseurs ont seulement tenu une dizaine de nuits).

Plutôt qu’un bête décalque du jeu, apparaît davantage ce qui fait le sel d’un jeu vidéo. On essaie de s’échapper, on meurt, on réessaie. Mais leur mutation progressive en Wendigo (clin d’œil au jeu) leur donne un nombre d’essais limités, comme le nombre de vies de nos héros pixelisés. De même, alors que certains parviennent progressivement à survivre à quelques unes des nuits, un nouvel objectif apparaît, celui de sauver tout le monde. Comme le joueur qui relance une partie d’Until Dawn afin de réussir la partie parfaite, sans la moindre victime.

C’est par sa mécanique, davantage que par son respect du script original, que le film de Sandberg affiche une réussite exemplaire en termes d’adaptation. Il a su appliquer au cinéma les concepts de gameplay vidéoludique, tout en respectant l’univers de l’œuvre originale. On retrouve ainsi le tueur masqué, les mines désaffectées et les anciens mineurs devenus créatures aveugles à la The Descent. À l’instar du jeu à sa sortie, condensé d’influences horrifiques à n’en plus finir, le long-métrage crée à son tour un véritable train fantôme cinématographique, sorte de maxi best-of pour fans du genre.

Until Dawn Critique Film David Sandberg

La Cabane dans les bois

À travers ces archétypes (5 jeunes en road trip), et même au-delà des modes métas, c’est un condensé des meilleurs moments propres à chaque genre horrifique qui est mis en scène. Les nuits qui se répètent sont l’occasion pour le réalisateur de passer d’un registre à l’autre, renouvelant métronomiquement l’intérêt de chaque séquence. On passe ainsi du slasher à la possession en un raccord, ou du film de contamination au Found footage. Le passionné s’amusera même à anticiper le prochain thème à venir, par sa seule connaissance des codes propres aux différents genres. Une démarche originale, vraiment jouissive, qui dialogue en permanence avec son spectateur.

Théorie mise de côté, le long-métrage est solide et sans temps mort (chose assez rare dans le genre pour le souligner). La fluidité de l’ensemble et le sérieux de l’adaptation sont à mettre au crédit du scénariste Gary Dauberman, déjà à l’œuvre sur les deux parties de Ça, projet casse-gueule il va sans dire. Quant à l’horreur, le réalisateur s’en donne à cœur joie, recyclant les décors typiques du cinéma d’horreur (maison hantée, sanatorium, mine maudite) pour en extirper toutes les possibilités ludiques.

On soulignera la superbe photo de Maxime Alexandre (le fidèle chef op d’Alexandre Aja), et une production design aux petits oignons (les intérieurs pullulent d’idées visuelles). Until Dawn se révèle également sacrément gore quand il s’agit de filmer les mises à mort, qui se comptent par dizaines, via de nombreux effets pratiques du plus bel effet (corps qui explosent, amputations, perforations).

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