[Critique] – Drop Game


Drop Game affiche film

Réalisateur : Christopher Landon

Année de Sortie : 2025

Origine : États-Unis

Genre : Huit-Clos Dinatoire

Durée : 1h25

Thibaud Savignol : 6/10

Sortie en salles : 23 avril 2025


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Annoncé comme un semi-actionner technologique un peu bébête au travers de sa bande annonce, Drop Game se révèle finalement être un petit thriller plutôt habile. Son inspiration vient d’une expérience désagréable vécue par un producteur et un acteur hollywoodiens lors d’un dîner à l’étranger. Le logiciel Airdrop permet aux possesseurs d’un produit Apple de partager des fichiers dans un rayon de quelques dizaines de mètres. Pourquoi pas, mais l’inconvénient est qu’il n’y a aucun paramètre de confidentialité et que n’importe qui peut envoyer n’importe quoi à ses voisins. Les cyber-harceleurs s’en sont ainsi donnés à cœur joie.

Hyper connecté

Violet Gates, mère célibataire endurcie depuis le décès de son mari, part pour un rendez-vous galant comme elle n’en a plus connu depuis des mois. Pendant ce temps, sa sœur garde son marmot à la maison. Mais une fois le repas commencé, elle reçoit des messages insistants puis menaçants. Quelqu’un la fait chanter, menaçant de tuer son bambin si elle n’exécute pas toutes les tâches demandées. Tous les messages s’effectuent à travers Digi-Drop, en référence donc au Airdrop d’Apple. Ce qui signifie que l’agresseur est tranquillement installé à une table autour d’elle dans le restaurant.

Sorti en catimini par chez nous, Christopher Landon renoue avec les high-concepts malins qui ont fait sa notoriété. On se souvient encore des boucles temporelles mortelles d’Happy Birthday et de l’échange de corps avec un tueur en série dans Freaky. Après avoir claqué la porte de Scream 7 pour cause de production chaotique (en lice, le départ des têtes de gondoles Melissa Barrera et Jenna Ortega), à notre grand regret, le voilà de retour aux manettes d’une petite série B à la sauce BlumHouse ; soit un petit budget, un réalisateur renommé et une carte blanche quasi totale.

Drop Game Critique Film Christopher Landon

Avec Drop Game il s’empare ici des « pas vraiment » dernières technologies (AirDrop date de 2011), pour représenter la menace de l’anonymat à l’époque des réseaux sociaux. Des harceleurs en puissance peuvent surgir à tout coin de rue. On pourra cependant reprocher à Landon des tics visuels plus datés qu’il ne le pense, avec ces messages comminatoires qui s’affichent sur tout l’écran, illustrant le point de vue et la panique de sa protagoniste. Un procédé déjà à l’œuvre sur le Trust (2010) de David Schwimmer ou le Nerve (2016) de Ariel Schulman et Henry Joost. Deux œuvres reflets de nouveaux modes de communication très années 2010.

La mort aux chandelles

Ce postulat de départ annoncé (fais ce que je te dis ou ton gamin crève) permet dès lors de créer une véritable tension hitchcockienne. Le script se réinvente régulièrement, enchaînant les péripéties sans presque aucun temps mort. Si certaines paraissent un peu grossières, et difficilement dissimulables à la vue de tous (la salle de restauration est un immense open space), la mise en scène se relève suffisamment maligne pour faire l’impasse sur ces quelques incohérences (quand par exemple l’héroïne farfouille les écrans de contrôle à l’accueil), avec en point d’orgue un fusil de Tchekhov quant à la relation mère/fils, qui ressort de manière opportune en fin de projection.

En parallèle du jeu du chat et de la souris, s’inscrit la reconstruction d’une femme brisée par les violences conjugales. Le récit n’aura de cesse de l’amener à un geste cathartique salvateur, qui lui permettra de tourner la page. Une construction qui n’est pas sans rappeler le sympathique Tueur au calendrier au twist renversant. Et Landon de tenter une approche presque misandre, sur cette faculté à ne percevoir en chaque homme qu’un agresseur potentiel. La démarche ne sera pas suffisamment poussée pour se révéler véritablement intéressante, mais elle pose peut-être les bases d’un grand film misandre sur le contre-coup post-metoo dans les relations femmes/hommes.

La révélation finale surprend, bien que les plus malins auront sans doute flairé le pot aux roses depuis belle lurette (ce qui n’est pas le cas de l’auteur de ces lignes). Le climax enclenche alors une rupture de ton détonante, virant vers l’action frontale à l’image de la bande-annonce. Une cassure qui pourra amuser ou exaspérer selon votre humeur, mais qui n’entache en rien la sympathique série B que constitue ce Drop Game.

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