[Critique] – Revenge


Réalisateur : Coralie Fargeat

Année de Sortie : 2018

Origine : France

Genre : Rape And Revenge

Durée : 1h48

Le Roy du Bis : 7/10
Thibaud Savignol : 7/10

Sortie Blu-ray le 4 Juin chez ESC Editions


La Peur a Changé de Camp


Fort d’une promotion marketing opportuniste et rentre dedans, Revenge sort au moment opportun, entre l’affaire Harvey Weinstein et le mouvement Balance ton Porc. Nanti d’une réalisatrice prometteuse à sa tête passée par Science Po et la Fémis, les espoirs étaient donc permis pour bousculer le cinéma de genre français engoncé dans les conneries de comédies du ch’ti Dany Boon. Malgré un soutien considérable de la presse française, le premier film de Coralie Fargeat ne récolta aucun laurier à la suite du 25ème festival de Gérardmer remporté par Pascal Laugier (Ghostland).

Atomic Blonde

Trois têtes de con, mariés et patrons, partent chasser et festoyer pour le week-end dans une villa perdu en plein désert. Cette lubie leur permet d’évacuer la pression autour d’une bière et de prouver leur virilité en étalant leur fortune, leur véhicule mais aussi leur conquête. À cette fin, le beau Richard aura cru bon de convier sa petite copine pour l’occasion. Jen va alors devenir l’objet de désir de ses deux comparses Stan et Dimitri, profitant de son absence pour abuser d’elle. 

L’affaire va prendre des proportions telles qu’il ne sera plus possible pour la victime d’oublier ni même de revenir en arrière malgré le deal proposé par son copain. Laissée pour morte, empalée sur une branche d’arbre, souillée au plus profond de son être, Jen va alors renaître tel le phénix de ces friches en cautérisant la plaie avec une canette de bière dans une séquence publicitaire déguisée. Au diable la subtilité, c’est à ce moment-là que le récit part en terrain conquis, celui de la vengeance et de la surenchère de violence ô combien cathartique. 

Considéré à juste titre comme un rape and revenge, Revenge permet à une lolita de prendre sa revanche sur ses bourreaux. Coralie Fargeat dépoussière un genre autrefois destiné à satisfaire les fantasmes masculins entre nudité, violence, et transgression typique des bandes d’exploitation. Toutes les qualités et les défauts de ce premier jalon d’essai réside néanmoins dans cet opportunisme misandre post-weinstein présentant absolument tous les hommes comme des prédateurs lâches et dépourvus d’empathie. 

Balance ton pote

Lors de la séquence de l’outrage, la réalisatrice s’attarde avec insistance sur les regards, notamment sur celui du témoin passif dont la position ambivalente n’est pas moins culpabilisante. Cette position était déjà le sujet d’un film d’horreur thaïlandais (Shutter), châtiant sévèrement le coupable pour son silence et son inaction. Dès lors, le portrait au vitriol de ces trois hommes justifie pleinement cette traque haletante, et son hystérie vengeresse. Coralie Fargeat ne s’en est jamais cachée, Revenge se gorge des mêmes influences que le cinéma de Quentin Tarantino. 

Quand Julia Ducournau tente «d’élever» et d’intellectualiser le genre en s’inspirant de David Cronenberg (Grave) avec une subtile forme de mépris affiché dans les journaux télévisés, Coralie Fargeat l’aborde avec le plus grand des respect. Finalement, la propagande misandre s’efface rapidement tant Revenge reflète bien la superficialité de sa mise en scène et de ses personnages, ce qui le rend parfaitement en phase avec son temps. La peur a beau avoir changé de camp, ce type de divertissement n’a toujours d’attrait que pour les hommes, les vrais. 

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