[Critique] – Virtual Obsession


Virtual Obsession affiche film

Réalisateur : Mick Garris

Année de Sortie : 1998

Origine : États-Unis

Genre : Une Créature De Rêve

Durée : 3h

Thibaud Savignol : 4/10


Juliet je t’aime


Lors du premier acte du film, le Dr Joe Messenger (un nom prophétique) est interviewé par un journaliste pour expliquer en quoi consiste son projet autour de l’intelligence artificielle. Face un hologramme nommé Albert, le journaliste cite humoristiquement 2001 : L’Odyssée de l’espace et le possible parallèle à venir (une IA qui s’émancipe et se retourne contre ses créateurs). Messenger répond alors d’un ton papal que nous ne sommes pas dans un film. Et pourtant. À la moitié du visionnage, on assiste à cette séquence autant miroir inconscient qu’hommage à peine déguisé, où Messenger et son assistant sont écoutés à travers leur ordinateur, qu’ils pensent sécurisés, par une intelligence artificielle qui a disjoncté : plan frontal statique en quasi fish eye où se murmure un ultime complot pour mettre à bas la menace. Difficile de faire plus évocateur.

Plus c’est long …

Et dans un dernier élan, juste avant de succomber à un anévrisme diagnostiqué, elle parvient à transférer son «âme» à l’intérieur du programme. Furieuse que l’homme qu’elle aime préfère retourner vers sa femme et son gosse, une impitoyable traque débute pour le récupérer. Dévoyant le concept de base du bouquin de Peter James (Host), où seul le logiciel ARCHIVE développe sa propre personnalité jusqu’à être menaçant, Mick Garris en tire un long, très (trop ?) long téléfilm de 3h. Enfin ça c’est la théorie. Le DVD français annonce 1h35, des sous-titres français et un ratio 1.85. Il n’en est rien : 2h20 au compteur et donc un remontage dont on ne connaît pas le commanditaire (chaînes européennes ? éditeur français ? marketing américain?), aucun sous-titres à l’horizon et un ratio 4/3 compressé des familles bien dégueulasse. Mais à 99 centimes au Cash Express du coin on s’interdira de trop chouiner.

Virtual Obsession Critique Film Mick Garris

Réalisateur d’un seul film tiré de l’œuvre de Stephen King (La Nuit déchirée), Garris s’est surtout fait un spécialiste des adaptations télévisuelles fleuves du maître. Il a réadapté beaucoup plus à la lettre le roman Shining que Kubrick avant lui, avec l’appui (l’insistance ?) de l’auteur pour enfin redonner au livre ses lettres de noblesse. La mini-série Le Fléau et le téléfilm Désolation ne font que confirmer la tendance. En même temps, pour qui a lu ne serait-ce qu’une seule fois un bouquin du romancier, on sait à quel point il paraît impossible de condenser ses récits sur 1h30.

Là où le bât blesse, c’est que sa mise en scène est beaucoup moins inspirée que par le passé. Pour l’œil habitué à manger de la péloche matin, midi et soir, il apparaît rapidement évident que l’on est face à un téléfilm et non un «véritable» long-métrage (on rappelle, la jaquette du DVD vend un film). La sainte trinité plan d’ensemble-champ-contrechamp domine, quand ce ne sont pas les fondus au noir publicitaires qui vendent la mèche. On saluera Garris d’oser quelques jolis travellings, cadres originaux ou plans au steadicam à la fluidité irréprochable. Mais sur plus de deux heures de projection, c’est trop peu pour rassasier notre faim d’inventivité.

Cyberpunk es-tu là ?

Virtual Obsession Critique Film Mick Garris

Un choix cohérent avec l’une des séquences pivot du long-métrage, lorsque le docteur Messenger se confronte aux idées religieuses du père de Juliet, lui interdisant d’utiliser sa dépouille à des fins scientifiques. Pas très subtil dans le texte, tout l’échange tourne autour de l’importance du corps et de la chair comme excroissance physique de notre âme. Un dialogue de sourds entre deux convictions que tout oppose. Mais l’apparition d’un garde-fou à cette soif évolutionniste insatiable a le mérite de rabattre les cartes, et de repenser notre identité physique comme indissociable de notre humanité. Une préparation à l’affrontement final face à cette IA devenue despotique, où une faille du réel pourrait bien se retourner contre elle, malgré son évolution post-biologique.

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