Réalisateur : Grégory Levasseur
Année de Sortie : 2014
Origine : États-Unis
Genre : Tombeau Maudit
Durée : 1h29
Le Roy du Bis : 3/10
Thibaud Savignol : 2/10
Anus Bis
C’est donc au tour de Grégory Levasseur de plonger dans le grand bain après avoir co-écrit tous les scénarios de son confrère Alexandre Aja. Ensemble, le tandem de frenchies sera parvenu à s’imposer dans le monde de la série B Hollywoodienne (La Colline a des yeux, Piranha 3D, Horns) et le temps été venu pour lui de s’essayer derrière la caméra. Il décide ainsi de se frotter au Found footage, et à défaut de pouvoir véritablement révolutionner le genre en voie d’obsolescence programmée, propose un nouvel environnement pour le revitaliser. Il s’agira donc d’aller visiter un chantier de fouilles archéologiques sur le site de Gizeh, où une excavation va mettre au jour une nouvelle découverte qui va pas mal agiter la communauté scientifique, ainsi que les esprits du Moyen Orient, déjà pas mal secoué par le Printemps Arabe.
Cette nouvelle pyramide à trois faces envoie évidemment valdinguer toutes les théories et connaissances que nous pensions avoir acquises au fil des siècles. Mais la curiosité est un vilain défaut, et il y a des choses qu’il vaut parfois mieux laisser enfouis six pieds sous terre. Les égyptologues en herbe, curieux de savoir ce qui s’y terre malgré les interdictions et avertissements lancés par le gouvernement, vont donc s’y enfoncer histoire de récupérer leur Rover. Avec sa valeur estimée à trois millions d’euros, soit le double du budget alloué au film, impossible d’espérer grand chose à l’arrivée malgré un environnement plutôt convainquant. On ne pourra malheureusement pas en dire autant des effets spéciaux, ou pire, de sa mise en scène totalement incohérente et ratée.
Pour ceux qui espéraient voir des momies, et bien on n’en verra pas l’ombre d’une seule contrairement à ce que l’affiche pouvait laissait supposer. De là dire que le petit Grégory vendrait du sable aux arabes, il n’y a qu’une dune qu’on ne franchira pas. On devra se contenter d’une horde de chacals faisandés, probablement évadés des stocks shots du Roi Scorpion. La menace n’a donc rien de bien effrayante, et l’on s’imaginerait sans mal y mettre un bon coup de pied au cul à défaut de se prendre une dalle sur le pied. Mais le principal souci réside surtout vis à vis de la diégèse que le réalisateur ne cesse de tordre. On comprend bien qu’il a des velléités de vouloir s’émanciper de son dispositif pour pondre quelques plans qui ont de la gueule, mais le problème c’est que le tout finira par s’effondrer comme le sol qui va se dérober sous leurs pieds. Et à force de vouloir creuser, le film finit par se vautrer dans le n’importe quoi le plus total, à quelques pas seulement de l’antichambre du nanar.
On sera donc fréquemment heurté par de simples plans d’ensemble, des champs/contre-champs, ou encore une caméra à l’épaule omnisciente mêlée à des prises de vue authentiques en «Found footage». Cela ressortira notamment vers la fin lorsque le docteur Norah reprochera au caméra-man de ne jamais cesser de filmer. Ce dernier s’en défendra sous l’argument d’un témoignage post-mortem, amenant à penser que Grégory Levasseur ne savait jamais sous quel angle aborder son histoire. S’y mêlent énigmes sans intérêt, divinités antiques et ordre franc-maçonniques, prétextant ainsi que la pyramide fût découverte quelques siècles plus tôt, avant d’être recouverte par une tempête de sable ou bien rebouchée par quelqu’un. Un beau charabia qui devrait faire froncer les sourcils de tous les historiens.
Évidemment les comportements irrationnels sont à l’avenant, si bien que l’on finira par lever les yeux au plafond, seul véritable échappatoire vers lequel se tourner puisque chaque passage emprunté ne débouchera qu’au point de départ initial. Une topographie labyrinthique bien peu crédible, qui tient surtout de la flemmardise scénaristique et de l’étroitesse d’un budget trop rachitique au vu des ambitions narratives affichées. A ce titre, le décor est d’ailleurs très mal exploité puisque l’on ne ressentira jamais le sentiment de claustration dans les espaces confinés. Une gageure et un véritable aveu de faiblesse de la part de l’apprenti réalisateur.
De toutes façons à ce stade plus rien ne nous étonnera, et l’on s’attendrait même à voir Maître Gims débouler de nul part pour nous donner des cours d’Histoire, à la manière de ce soldat armé d’une Kalachnikov qui se fera plié comme un baklava par le dieu Anubis lui-même. L’intrigue esquisse une résolution plutôt intéressante, réduite néanmoins à l’état d’ébauche ou plutôt d’un hiéroglyphe (la pesée du cœur). Grégory Levasseur l’enverra malheureusement bouler pour nous gratifier d’un jump-scare racoleur et dispensable, après une ultime ascension qui n’avait rien de bien éprouvante. C’est à se demander ce que l’on est bien venu faire dans cette galère. Et on ressortira finalement aussi dilaté et vénère qu’Anus-bis.