Réalisateur : Roland Emmerich
Année de Sortie : 2009
Origine : États-Unis
Genre : Science-Fiction Catastrophe
Durée : 2h38
Le Roy du Bis : 7/10
Thibaud Savignol : 3/10
On a pas écouté !
Souvenez-vous des témoins de Jéhovah qui nous prédisaient depuis un siècle déjà que nous vivions nos derniers jours… Et les survivalistes en herbe qui brandissaient le calendrier maya pour justifier leur fantasmes couplé à leur folie d’investir tous leurs ronds dans des abris anti-cataclysmes environnementaux, comme ci cela aurait suffit à échapper à l’apocalypse annoncée en 2012. Ces gens là ont du se sentir honorés qu’un cinéaste tel que Roland Emmerich puisse leur rendre hommage avec un personnage de prédicateur excentrique et une fin du monde biblique à grand renfort de CGI.
Parce que ce n’est pas juste un tsunami qui déferle sur la Californie, ce sont des geysers de lave géants, des glissements de plaques tectoniques qui redéfinissent la lithosphère et nous envoient réviser nos certitudes géographiques quant à l’emplacement même du pôle Sud et de la Chine. Des immeubles et édifices religieux qui s’effondrent sur les gens, des routes qui se dérobent sous leurs pieds dans des cratères béants sans aucun fondement, comme si la Terre était en train de se consumer, de s’effondrer d’elle-même jusque dans ses entrailles les plus profondes. Cette dévastation fait immanquablement remonter le niveau des océans et ce n’est certainement pas à bord du Titan que vous serez à l’abri de vagues d’ampleur cosmique où même le Queen Mary 2 paraît petit à côté de ce raz-de-marée qui emporte toute la civilisation avec lui. On nous avait prévenu, mais on a pas écouté !
Pour autant, soyez rassurés, car Roland Emmerich possède un plan B : des arches dernier cri construites par des esclaves tibétains sous payés dans le plus grand des secrets ainsi que des vaisseaux luxueux à l’accès prohibitif, puisqu’il vous faudra débourser pas moins d’un milliard de dollars pour y accéder et remplir tout une série de critères que l’on suppose parfaitement objectifs. Que voulez-vous c’est bien normal, les places sont limitées, surtout dans des cabines tout confort de 30m². Parce que Roland il ne veut que des gens importants avec lui, des ingénieurs, des savants, des artistes, mais surtout des riches américains, des hommes d’affaires chinois, des oligarques russes et quelques renois, histoire d’avoir un peu de diversité ethnique pour repeupler la Terre une fois que le déluge se sera arrêté. En revanche les musulmans ne sont pas acceptés, dress-code oblige. Quand on sait que le nouvel Éden se situe sur le continent Africain, c’est un peu le comble de l’ironie.
Heureusement cette fois il n’y a aura pas de problème de pauvreté puisque les riches pourront fonder une nouvelle société à leur image, notamment à celle de Milo de la trilogie Pusher, qui interprète un de ces milliardaires russes, genre ancien boxeur et ex agent du KGB qui a enfanté deux laiderons tout aussi malveillants et boudinés que lui. Et avec de tel génomes, il ne fait aucun doute que l’avenir de l’humanité est entre de bonnes mains. Pour se donner bonne conscience, les ultra riches vont quand même ouvrir les portes aux derniers retardataires grâce au discours altruiste et émouvant d’un afro-américain proche du président des États-Unis. L’effort est louable surtout après avoir abandonné près de 8 milliards d’être-humains à leur triste sort. Quant au président Obama qui ne porte pas vraiment son nom, heureusement qu’il est là pour nous redonner foi en l’humanité en se sacrifiant à nos côtés avant d’être emporté par un porte-avion de l’armée.
Inutile d’aller chercher de la profondeur dans cette galerie de personnages stéréotypés, c »est du Roland Emmerich tout craché. On s’attache cependant réellement à John Cusak l’écrivain raté et père divorcé, qui se lance dans une opération reconquête de ses enfants grâce à son instinct de survie, mais surtout, en bon cocu, grâce aux talents de pilote du nouveau mari de son ex femme qui l’envie carrément d’avoir pu fonder une famille. Ça prouve bien qu’à cuck vaillant rien d’impossible. Mention spéciale au pilote Antonov BCBG qui se sacrifie pour l’équipe et pour permettre à la femme de son patron qu’il se tape en secret de pouvoir sauver son cavalier King Charles de la noyade. La vie humaine a donc moins de valeur que celle d’un corniaud, cela aurait sûrement plu à Brigitte Bardot.
Pour le reste, il faut quand même avouer qu’une telle catastrophe produit son lot de comportements abjectes et odieux comme le démontre celui du responsable de l’opération Cho Ming, qui va jusqu’à faire tuer les informateurs un peu trop bavards qui pourraient divulguer les secrets d’État. Il faut tout de même lui reconnaître qu’une panique générale aurait légitimement provoquée une révolte de gilets jaunes et de sans dent dans les rues, des pillages, des viols et un carnage tout aussi destructeur. Alors on lui en veut pas vraiment, il s’est juste contenté de faire son devoir civique. À la vue de ces idiots fortunés, il y a vraiment de quoi souhaiter que la Terre se transforme en micro-ondes géant. Rassurez-vous, la plupart finiront sûrement par imploser comme le Titan dans l’océan. Quant aux autres ils seront probablement gelés de froid par le climat d’un nouvel hiver nucléaire. So long, adieu le rêve américain !