Réalisateur : Rob Savage
Année de Sortie : 2021
Origine : États-Unis / Royaume-Uni
Genre : Horreur 3.0
Durée : 1h35
Le Roy du Bis : 5/10
Blow me Annie
Pour réussir dans la vie, il ne suffit plus de faire des études ou d’avoir du talent, il s’agit surtout de savoir fait le buzz médiatique au bon moment. C’est un art, et ça ne se provoque pas forcément volontairement. Dashcam est un film de petit malin qui voudrait laisser ses spectateurs pantois en enchaînant les séquences trashs et ordurières, agrémentés de jump-scare nauséabonds. Rien qu’à l’affiche, vous pourrez constater que Rob Savage convoque Le Projet Blair Witch avec cette clodo prise de dos, prête à se retourner au moment le plus opportun pour nous flanquer la dose de frissons que l’on est venu chercher. Parce que si on est encore à venir mater des found footage c’est justement pour ressentir ce genre de sensations.
Mais la seule chose qui soit réellement sensationnelle dans ce film c’est la connerie de Annie Hardy, une chanteuse/streameuse extravagante et hystérique, du genre à mettre les pieds sur la table et à laisser des brûlures de cigarettes sur votre canapé, et avec une amie comme elle, vous n’avez pas besoin d’ennemis. C’est une gamine de quarante ans avec une voix de pimbêche qui déblatère des conneries à tout bout de champ, et qui énerve tellement que l’on a envie de lui claquer le beignet, voir même de fourrer son sexe dans son gosier histoire de la faire taire pour de bon. Mais vulgaire comme elle est, elle parlerait probablement la bouche pleine pour continuer à débiter ses insanités. C’est néanmoins une artiste qui ne manque pas de talent pour battre le mouv et suivre le tempo, balançant des impros pour animer un générique de fin bien plus divertissant que ce l’on voit habituellement.
Par moments on se dit qu’il y a des velléités politiques, lorsque par son comportement MC Annie parvient à faire passer les partisans Trumpistes pour des gros cons ignorants et conspirationnistes. Mais il semblerait d’après ce qu’il se dit qu’elle ne soit pas si différente de ce qu’elle incarne dans le film, même si on ne peut pas s’empêcher d’éprouver un minimum de sympathie pour elle, parce qu’elle parvient quand même à nous faire marrer par instants. En revanche on ne ressent aucune empathie, on prend même un plaisir sadique à la voir patauger dans la merde d’une grand-mère possédée qu’elle accepte de transporter contre une belle liasse de billets. Et je dirais même que c’est assez jouissif de la voir recouverte de diarrhée comme ci elle s’était pris une grosse éjaculation faciale d’excréments. De son côté, le meilleur ami exaspère au plus haut point lorsqu’il risque sa vie pour jouer les bons samaritains alors que la plupart d’entre nous aurait lâchement pris leurs jambes à leur cou en voyant cette folle léviter au dessus des arbres dans la forêt. Le film nous tend par ailleurs un miroir déformant d’une faune de followers dégénérés et antipathiques, histoire de dresser un constat des dérives et incivilités que le mouvement des influenceurs peut engendrer de pire.
Dashcam n’apporte rien pour autant, si ce n’est qu’il recycle outrageusement tout ce qui se fait dans le genre : jump scare, saturation du son, hystérie collective, partie de cache-cache et caméra parkinsonienne qui donne le tournis. Certaines séquences auraient pu être absolument terrifiantes dans d’autres circonstances, comme cette fête foraine abandonnée mais très mal exploitée. Parce que le film ne manque pas de quelques bonnes idées, à l’instar des collisions frontales entre voitures (les dashcam sont des caméras embarquées qui servent communément de témoin et de preuve pour ce type d’accidents). Dommage que cette histoire n’ait finalement aucun sens, si ce n’est d’enfoncer des portes sans retenue mais aussi sans fondement, afin d’ouvrir de temps en temps un débat sociétal tel que l’intérêt du port du masque durant la période du Covid-19.
Quant au choix d’employer un casting cosmopolite ce n’est pas foncièrement innocent, le récit tentant par ailleurs de développer une intrigue autour de cette passagère démoniaque et de sa mère, qui tente de la récupérer en s’attaquant au couple d’amis avec un fusil. Mais la plupart du temps, les situations risquent fort de faire grincer les dents des plus patients. Finalement on leur en veut pas, parce que personne ne semble se prendre au sérieux. C’est juste une grosse farce divertissante, où l’on s’amuse à écouter Annie Hardy rapper en comparant la teub du réalisateur à un boa constrictor ou bien en traitant ses collaborateurs de pédophiles et de pointeurs. Le composte de la production Blumhouse en somme. Shut up and blow me Annie !