Réalisateur : John Landis
Année de Sortie : 1981
Origine : États-Unis / Royaume-Uni
Genre : Fantastique Canin
Durée : 1h37
Le Roy du Bis : 7/10
Touriste enragé
Ils parlent fort, sont négligés et sentent des pieds, de plus ils nous gênent avec leurs sales manières, le genre à commander un thé dans un pub à bières ou bien à réclamer du vegan dans un resto routier. Il s’agit évidemment des touristes enragés, et particulièrement des beatniks auto-stoppeurs qui alimentent le brouillard snobinard provoqué par les bobos moralisateurs, qui iront prôner l’éco-responsabilité, excepté quant il s’agit d’arrêter de manger du houmous et de l’avocat importés depuis l’autre bout du globe pour contenter leur appétit exotique insatiable. Du coup, certains habitants ne se gênent pas pour leur faire comprendre qu’ils ne sont pas les bienvenus chez eux, comme dans la lande galloise, d’autant qu’une créature mythique hanterait les lieux en vue de dévorer les promeneurs égarés les soirs de pleine lune.
Une légende destinée à faire fuir les curieux mais qui aurait plutôt tendance à rameuter les fans du Big Foot et du Loch Ness. En tout cas, David et Jack auraient peut-être mieux fait de consulter le guide du routard, ça leur aurait au moins épargné le comité d’accueil aussi austère que le paysage, ou bien de sortir des sentiers battus. Car à défaut de chopper une tourista, les deux jeunes vont se faire attaquer par un bâtard de corniaud, enfin surtout Jack parce que David va s’enfuir lâchement et laisser son meilleur ami se faire dévorer goulûment. Touché par un éclair de conscience il va tout de même faire machine arrière, mais il sera trop tard et ce sera à son tour de se faire bouffer avant d’être miraculeusement sauvé par une horde de villageois qui vont tuer la mystérieuse chimère.
Après quoi, David va être rapatrié à Londres durant sa convalescence et développer des symptômes post-traumatiques à travers des rêves sensoriels, éveillant sa nouvelle nature de lycanthrope. Il imagine ainsi le massacre de toute sa famille par une escouade de loups-garous nazi, un délire bien gore qui rappelle que John Landis n’est pas seulement un réalisateur de comédies mais également un gros bisseux de nature, comme le prouvent ses débuts dans le genre avec le nanardesque Schlock Le Tueur de Bananes. Des visions qui vont bientôt s’accompagner de nombreuses visites impromptues de la part de son meilleur ami en voie de décomposition fulgurante, coincé à jamais à l’état de mort-vivant tant que la lignée impie des loups-garous ne sera pas entièrement détruite.
Mais comme David est toujours puceau et qu’il vient de rencontrer une infirmière plutôt sexy, il ne voudra pas s’y résoudre et on le comprend. Il va alors se transformer en loup-garou devant une figurine de Mickey, qui si elle pouvait s’animer irait sûrement se cacher dans un trou de souris. La transformation elle-même est longtemps restée dans la mémoire des cinéphiles grâce aux talents de maquilleur de Rick Backer, qui sera couronné d’un oscar à la différence de son poulain Rob Bottin qui devra se contenter d’une seconde place avec Hurlements de Joe Dante sortie la même année. L’élève ne mettra cependant pas longtemps à dépasser le maître, comme on le verra avec les effets spéciaux hallucinants et jamais égalés de The Thing de John Carpenter ou bien les Looney Tunes creepy de La Quatrième dimension.
Les soirs de pleine lune David va se mettre à chasser les habitants de Londres, auxquels il devra ensuite rendre des comptes une fois ces derniers zombifiés. John Landis ne s’éloigne finalement pas tant du mythe traditionnel, bien que l’approche moderne et humoristique permette à son œuvre de figurer parmi les meilleures et les plus innovantes du genre comme le fut le Martin de Georges Romero en 1977 dans le registre du film de vampires. Le choix de développer l’action en ville plutôt qu’à la campagne s’avère salutaire et permet de faire surgir l’effroi dans les lieux communs aux citadins, ou bien à notre héros de se réveiller un beau matin dans le chenil d’un zoo.
Ces badinages viendront ponctuellement dynamiter la tragédie qui se noue autour de David et de son idylle avec l’infirmière mais surtout percuter bien plus violemment le public à chacune de ses virées nocturnes. Tout cela conduit à un carambolage excessivement violent, générant un chaos sans précédent au cœur de Piccadilly Circus. On ira pas jusqu’à pleurer sur le sort du héros, au demeurant très attachant, tant son meilleur ami l’avait prévenu. C’est un peu mesquin, mais ça va bien dans le ton, alors veuillez ranger vos violons s’il vous plaît ou bien la bête qui est en moi va finir par…. ROUAAAAARRRRHHHH ! (L’auteur se transforme en bâtard galeux et se met à danser sur Thriller de Michael Jackson).