
Réalisateur : Sid Bennett
Année de Sortie : 2012
Origine : Royaume-Uni
Genre : Found Footage
Durée : 1h23
Le Roy du Bis : 5/10
Isla Nullard
Le Found-footage s’exporte sous toutes ses formes et oripeaux. Après les extra-terrestres, les zombies, les trolls, les sorcières rancunières, fantômes et autres joyeusetés du genre, voilà que débarquent les dinosaures. Mais sous son appellation faussement énigmatique et désormais commune, The Dinosaur Project fait déjà moins de mystère que le film de Nima Nourizadeh (Projet X), Dean Israelite (Projet Almanac) ou bien celui de Daniel Myrick et Eduardo Sanchez (Le Projet Blair Witch). Sortez les GoPro et n’oubliez pas votre crème auto-bronzante en destination du Congo.
L’idée d’associer le Found-footage aux dinosaures, habituellement cantonnés aux DTV durant la dernière décennie, avait de quoi emballer les paléontologues en herbe grâce à la dimension naturaliste et immersive offerte par ce dispositif de mise en scène. The Dinosaur Project se présente comme une variation des adaptations du Monde Perdu du sieur Arthur Conan Doyle, avec sa jungle luxuriante, ses rapides, sa faune reptilienne et ses prédateurs féroces.

Le scénario repose sur les traditionnelles légendes urbaines (Bigfoot et le Loch Ness sont notamment cités) et émissions américaines sensationnalistes (Man vs Wild). On y suit un aventurier fort en gueule et aux énormes cojones sur les traces d’une mystérieuse chimère (Mokele-Mbembe) entrevue dans une série de vidéos prises sur le vif. Une expédition est rapidement mise en chantier. Point de départ à un récit survivaliste filmé en GoPro sans véritable temps mort, où la prédation emboîte systématiquement le pas à la découverte.
Malheureusement Sid Bennet commet l’erreur d’en montrer trop et ce dès l’arrivée des explorateurs, en hélicoptère accueillis par une nuée de ptérodactyles. Inutile de préciser que tout le film sera du même acabit, l’équipe enchaînant les découvertes de créatures préhistoriques comme des œufs de pâques dans un jardin d’enfants. Si l’intrigue tente bien de développer les liens et rapports filiaux entre le héros adolescent et son père autoritaire, les personnages en resteront au même état de stéréotype que ces dinosaures artificiels et bien moins convaincants que ceux de tonton Spielberg.
À l’instar de ses congénères, The Dinosaur Project s’enlise alors rapidement dans la fange des «Found-footage prétexte» par ses effets de mise en scène (zoom, brusque décadrage, spatialisation du son et gestion de l’espace) et multiples raccords (plusieurs caméras embarqueés et donc plusieurs points de vues) annihilant la diégèse et l’effet vérité recherché. La précision du dispositif et les ficelles scénaristiques aussi énormes que des cordes de chanvre rendent toute suspension d’incrédulité absolument impossible. Face au dilemme de cette opération mentale, reste néanmoins le côté immersif et spectaculaire que cette vision à la première personne permet d’apporter au fur et à mesure de ces péripéties en barque ou à pied à travers la savane. Aussi fugace et évanescent qu’une visite à Dinosauria.