
Réalisateur : Charles Band
Année de Sortie : 1990
Origine : États-Unis
Genre : Romance Bestiale
Durée : 1h25
Le Roy du Bis : 6,5/10
Charles Bande
Les années 90 furent particulièrement prolifiques pour l’ogre Charles Band, ne se contentant plus seulement de produire mais également de réaliser ses propres films. Après plusieurs expériences plus ou moins fructueuses dans les années 80 (Trancers, Metalstorm, Parasite), Synthoïd 2030 marquera son grand retour derrière la caméra, suivi de Doctor Mordrid (une adaptation officieuse de Doctor Strange), Trancers II, et le cross-over Dollman vs Demonic Toys.
Le Jour de la Bête
S’il est de notoriété que Charles bande pour la science-fiction et les poupées démoniaques, il reste également un grand enfant, adepte des contes de fées et de la fantaisie. Il aime particulièrement mêler l’érotisme au registre romanesque. Il l’avait déjà fait au début de sa carrière en produisant Cinderella 2000 ainsi que Fairy Tales, une petite péloche déviante suivant les pérégrinations d’un jeune prince puceau dans un bordel en forme de bottes de sept lieues. Le casting réunissait une Blanche neige nymphette, une danseuse orientale, et toute une ménagerie d’acteurs libidineux. Au delà de son rythme stakhanoviste, le cinéaste savait également profiter des plaisirs simples de la vie.
Charles Band était également un grand amoureux de l’Italie, pour y avoir passé une grande partie de son enfance auprès de son père Albert Band (de son vrai nom Alfredo Antonini, né en France de parents italiens avant qu’il n’émigre aux États-Unis). Il s’y plaisait tellement qu’il racheta les studios de Dino de Laurentiis (Dinocittà) avant de les perdre suite à la banqueroute d’Empire. Durant ses années fastes, il fit également l’acquisition d’un château. Le Palais Ducale de Giove servira de décor à plusieurs productions (The Pit and the pendulum, Castle Freak), dont ce Meridian le baiser de la Bête. Le projet était en « gestation » depuis prêt d’une décennie. En effet, Band rêvait de pouvoir tourner un film dans les jardins du Parco dei Mostri situé près de Rome. Cette variation bis de La Belle et la bête lui en aura donc enfin offert l’occasion.

De son propre aveu, Meridian : Le baiser de la bête est l’un des films préférés de Charles Band (parmi de nombreux…). L’idée était de livrer une sorte de conte érotico-gothique mêlant malédiction familiale et romance zoophile. Le scénario écrit par Dennis Paoli (Re-Animator, From Beyond) s’écarte légèrement de l’histoire de Gabrielle Suzanne de Villeneuve, même s’il touche à des thématiques communes comme l’amour, le regard des autres, et la quête de rédemption. Le prince charmant est ici réduit à un saltimbanque de foire itinérante et la captive aux yeux clairs devient la maîtresse de maison. Seul l’amour pourra ainsi délivrer la bête de son sortilège.
La part animal de l’acteur ne se manifestera que durant les ébats langoureux et sensuels. Une manière de caractériser les pulsions primitives et la part d’ombre d’un homme tiraillé par ses démons et tourments intérieurs. Mais les esprits les plus mal placés pourront y voir une bête de sexe au sens noble du terme. Pour éviter l’inimitié du public, le scénariste y ajoute l’influence d’un jumeau maléfique violent et odieux avec les femmes, contrairement à son frère qui n’a que son apparence de monstrueuse. Le producteur était également parvenu à attirer Sherilynn Fenn dans ses filets. L’actrice vue dans la série Twin Peaks n’hésitait pas à donner de son corps en faisant tomber le haut.
Romance Bestiale
Si les scènes érotiques auraient pu paraître complètement absurdes, voire vulgaires, en raison de la caractérisation assez pitoyable de cette créature pastiche d’un wookie, il n’en est rien grâce à la plastique de la comédienne. En revanche, on ne peut pas en dire autant des transformations réalisées à l’aide de simple fondu enchaîné, faisant pâle figure comparées aux tours d’illusionnistes de Rick Baker (Le Loup-Garou de Londres) ou de Rob Bottin (Hurlements).
Mais l’intérêt de Meridian : le baiser de la bête réside d’avantage dans son travail d’atmosphère nimbée d’effets de brume et d’une composition romantique singée Pino Donaggio (Blow out, Body Double). Marc Ahlberg, le directeur photo, a su mettre en valeur le faste de son fabuleux décor, et insuffler une ambiance à la fois mystérieuse et lyrique, dans ces jardins parsemés de figures abstraites et de statues monstrueuses. À l’instar de son nain machiavélique (Phil Fondacaro), le film sait nous inoculer son poison, si bien que l’on finit sous l’emprise de ces étreintes bestiales. Le réalisateur n’hésite d’ailleurs pas à abuser de notre encéphale par ses nombreuses visions oniriques et orgasmiques. Évidemment, cette adaptation de La Belle et la Bête sera largement occultée par le succès du film d’animation des studios Disney.