[Critique] – Renaissance


Affiche film Renaissance

Réalisateur : Christian Volckman

Année de Sortie : 2006

Origine : France / Royaume-Uni / Luxembourg

Genre : Polar Animé

Durée : 1h45

Thibaud Savignol : 6/10


Cyber Paname


Un cinéma d’animation hexagonal mondialement reconnu, autant pour les classiques de Grimault (Le Roi et l’Oiseau) et Laloux (La Planète Sauvage) que pour ses productions plus modernes tels que le premier Moi,Moche et Méchant ou tout récemment le succès planétaire de Miracoulous avec son budget pharaonique de 80 millions d’euro. Après la tentative en 2003 de Chris Delaporte et Pascal Pinon de proposer le premier film d’animation français en 3D avec Kaena, la prophétie, dans le sillage du film Final Fantsy sorti deux ans plus tôt, Christian Volckman passe lui à la vitesse supérieure en 2006 avec Renaissance.

Repéré en 1999 via son court-métrage Maaz, qui mélange animation et prise de vue réelle, il est approché par le producteur Marc Miance et son idée d’images de synthèse en noir et blanc. Convaincu par cette approche novatrice, il est décidé avec son producteur Aton Soumache de pousser le concept plus loin, et d’y intégrer la fameuse motion capture, alors en pleine expansion depuis le triomphe de la trilogie de Peter Jackson au début des années 2000. Si le tournage avec acteurs réels dure une dizaine de semaines, le travail d’animation s’étend lui sur plus d’un an et demi. A l’arrivée, Renaissance fascine autant qu’il laisse un goût d’inachevé face au monument cyberpunk qu’il aurait pu (dû?) être.

Alors qu’il traite pourtant d’expérimentations génétiques et d’une recherche de l’immortalité (rêve jamais éteint de l’humanité), le métrage ne crée jamais ce vertige philosophique qui fait la marque des plus grands. La progression dramatique ne manque pas d’intérêt et en bon polar on attend le dénouement qui viendra balayer nos certitudes de départ, mais pour qui est un peu habitué aux codes du genre, certaines révélations n’en sont pas vraiment. On saluera tout de même un final en dehors des carcans éthiques habituels, faisant fi d’une morale trop policée.

Cependant, même vingt ans après sa sortie, le film se rattrape par son cachet visuel unique et identifiable au premier coup d’œil. Bien que les modèles 3D aient pris un petit coup de vieux, plus en raison du temps qui passe que de leur qualité intrinsèque, la claque visuelle, elle, n’a pas pris une ride. Que ce soit grâce à un «coup de crayon» d’une pureté fascinante, sa direction artistique sublime ou encore l’utilisation d’un noir et blanc ultra-contrasté et sans nuance (aucune trace de gris à l’horizon), Renaissance propose une expérience visuellement novatrice de par le mélange des ses techniques. La trame du film noir apparaît dès lors comme un choix pertinent, le genre ayant toujours joué avec la morale ambiguë de ses personnages. Leur monde est partagé entre le bien et le mal, l’ombre et la lumière (d’où des éclairages souvent très contrastés), le gris étant seulement réservé à leurs tourments intérieurs. Choix pertinent également pour se démarquer du cyberpunk habituel, plus accoutumé aux couleurs criardes, aux néons éclatants et aux bandes-sons électroniques.

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