[Critique] – Tourist Trap


Tourist Trap Affiche Film

Réalisateur : David Schmoeller

Année de Sortie : 1979

Origine : États-Unis

Genre : Horreur

Durée : 1h30

Le Roy du Bis : 8/10
Thibaud Savignol : 6/10


Le Cabinet des Curiosités


Emprunter les petites routes de campagne laisse parfois présager des rencontres fortuites, et de sympathiques découverte pas toujours répertoriées dans le guide du routard, surtout à l’époque des années 70. Cela dit, les routes du sud des Etats-Unis sont devenues moins sûr, des gens disparaissent et ne sont jamais retrouvés. On les sait empruntées par des psychopathes notoires, que l’on retrouve désormais dans tous les films d’horreur et fait divers depuis le début de la décennie. Ces contrées reculées si chères au registre littéraire du Southern Gothic sont également devenues le terrain de jeu préféré des rednecks sanguinaires. Vous savez, cette figure pittoresque issue du monde rural que l’on surnomme ainsi pour leur nuque écarlate brûlant sous le soleil ardent. On les qualifie plus généralement de «ploucs», de «péquenauds» voir de «culs-terreux» par chez nous. Ce sont les grand oubliés du développement économique du pays, vivotant de combines douteuses, s’attaquant aux brebis égarées loin du troupeau. Ce type de slasher constitue une forme de revanche pour cette frange de la population délaissée sur le bas-côté par la nouvelle vague du progrès, abandonnée par la civilisation.

Une bande d’amis traverse le pays et décide d’effectuer un détour par une route désertée depuis la construction de l’autoroute. Pas de bol, leur véhicule tombe en rade d’essence. En parfait gentleman Woody, seul homme d’un groupe constitué de filles, se dévoue pour partir en quête de carburant. Il n’en reviendra jamais et sa contribution à ce classique de l’épouvante s’achèvera par des rires sardoniques de pantins farceurs et d’assiettes volantes. Ne voyant pas revenir leur ami, les filles iront faire quelques ablutions dans la source d’eau chaude d’une oasis privée. L’occasion est trop belle pour le maître des lieux, qui non content de se rincer l’œil dans les buissons, va venir se présenter et proposer de les remorquer. Sans compter que c’est bon pour le tourisme tout ça.

Tourist Trap Critique Film

L’environnement inquiète un peu, il s’agit d’un de ces cabinets des curiosités que l’on croise parfois dans les coins paumés. L’attrape touriste par excellence qui vous oblige à faire une visite guidée et à faire mine de vous y intéresser pour ne pas froisser le commerçant qui vous déballe l’intégralité de ses anecdotes craignos («alors pour vous la faire courte…»). On aimerait s’en soustraire, mais on ne peut pas, et on écoute d’une oreille attentive avec un sourire gêné. Néanmoins l’hôte a du bagou, on lui donnerait même le bon Dieu sans confession s’il ne radotait pas autant à tout bout de champ. Quelque part, ce genre de rengaine reste figée dans le temps, un peu comme ces mannequins envahissants qui semblent épier leurs moindres faits et gestes, mettant tout ce petit monde mal à l’aise. Il est déjà trop tard pour faire machine arrière, le piège se referme, les visiteuses vont désormais intégrer le musée de cire et faire partie de la famille.

Parmi les série B cruellement mésestimées, en voilà une qui mériterait de figurer parmi vos films de chevet favoris pour Halloween. D’autant que Tourist Trap possède cette originalité d’aller chiper un mix d’idées ici et là à d’autres grands succès pour étoffer son intrigue et caractériser son personnage qui se démarque des croquemitaine habituels. Ainsi, le récit développe une atmosphère sinistre et oppressante inspirée de l’Homme au masque de Cire, auquel on aurait insufflé l’hystérie de Massacre à la tronçonneuse. Le maître des lieux cherche à agrandir sa collection de pantins désarticulés qu’il peut manipuler à loisir grâce à ses dons de télékinésie. Les séquences ont tout d’un cauchemar éveillé, et l’on ne sait jamais vers où se tourner puisque la menace peut se manifester à tout moment par l’intermédiaire de ses poupées.

Par ailleurs, le tueur souffre d’un dédoublement de personnalité, ce qui en fait un être aussi terrifiant que pathétique, évoquant autant Norman Bates pour son travestissement, son caractère débonnaire et ses délires schizophréniques que Leatherface pour la ressemblance physique et son immaturité. Le film est né de la première collaboration entre le réalisateur David Schmoeller et le producteur Charles Band, qui se retrouveront à l’occasion de plusieurs autres productions maison (Puppet Master, Fou à tuer, Catacombs, La Main des Ténèbres). La fin délivre également un twist plutôt surprenant et inattendu remettant en perspective l’ensemble de l’œuvre sous un jour nouveau. Et s’il fallait encore vous en convaincre, sachez que Stephen King le considère comme l’un de ses films préférés, ce qui venant de la part d’un tel auteur est forcément gage de qualité.

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