[Critique] – Wolf Man


Wolf Man affiche film

Réalisateur : Leigh Whannell

Année de Sortie : 2025

Origine : États-Unis

Genre : Loup-Garou

Durée : 1h43

Thibaud Savignol : 7/10

Sortie en salles : 15 janvier 2025


Promenons-nous dans les bois


Loup y es-tu ?

Suite à l’échec cuisant (justifié) de La Momie en 2017, censé initier le Dark Universe d’Universal, le projet Wolf Man est mis au placard. Relancé en 2020 grâce au succès d’Invisible Man de Leigh Whannell, Ryan Gosling y est longtemps rattaché (il conserve un rôle de producteur délégué au générique), pitchant lui-même une certaine idée de ce reboot. Durant deux ans, il bosse aux côtés de Derek Cianfrance (le très apprécié The Place Beyond the Pines), avant que les deux hommes quittent le navire en décembre 2023. Finalement, Leigh Whannell est rappelé par le producteur Jason Blum, et accepte cette fois la proposition après l’avoir déclinée trois ans plus tôt.

Blake, père de famille, reçoit une lettre lui annonçant le décès de son père. Avec sa femme et sa fille ils déménagent en Oregon, afin de s’installer dans la ferme familiale désormais inoccupée. Mais à peine arriver, ils sont traqués par une créature féroce, les obligeant à se barricader à l’intérieur. Seulement, Blake a été blessé lors de l’attaque, et il sent qu’une lente mutation est en train de s’opérer, le menaçant lui et ses proches.

Passé une ouverture toute en tension, au cœur d’une forêt possiblement habitée par une présence maléfique, le film fait un bond temporel de trente ans. Suivant une petite famille New-Yorkaise de cols blancs (elle est journaliste, lui écrivain en panne d’inspiration), l’exposition remplit efficacement son office sans se perdre en tunnels de dialogues inutiles. Rapidement de retour en ces terres forestières, le long-métrage ne jouera pas tant de la traditionnelle opposition campagne/ville, mais se focalisera sur une double confrontation, transformant ce reboot en pur survival anxiogène.

Wolf Man Critique Film Leigh Whannell

Réinvention du mythe

Huit-clos en quasi temps réel, Wolf Man retravaille intelligemment le thème de la double identité accolée à la figure du loup-garou. La bête extérieure totalement transformée, qui rôde, répond au père de famille débutant sa lente altération. L’un est encore humain, l’autre complètement animal, décomposant ainsi la créature mythique en deux entités, qui finiront progressivement par se rejoindre. Une trouvaille qui permet de dynamiser les enjeux du récit, de traiter dans un même geste la mutation d’un corps et l’acceptation d’une nature bestiale, tout en se confrontant aux conséquences d’une telle malédiction.

Leigh Whannell a sûrement beaucoup appris aux côtés de son ami et ancien associé James Wan. Ses contre-temps horrifiques, jouant longuement avec la menace avant d’atteindre leur point d’orgue, doivent beaucoup aux expérimentations sur la saga Conjuring. Les jump-scares sont rarement putassiers, mais viennent clore des bouffées d’angoisse souvent efficaces. D’autre part, la façon d’exploiter le décor (cette grande ferme envahie par la brume), rappelle le filmage de la demeure d’Insidous, toujours cadrée de façon menaçante. Combinée à un sens de l’espace impeccable et un découpage précis, la lisibilité de l’ensemble achève de faire de Wolf Man une série B bien au-dessus de la moyenne du tout venant.

Le réalisateur ne cesse de progresser depuis dix ans (Insidious 3 pour faire ses armes), tentant à chaque approche d’apporter du sang neuf à ses projets. Une ligne narrative épurée et une mise en scène solide lui permettent ici d’expérimenter à plusieurs reprises. S’il reprend ses fameux balancements de caméras harnachés à son protagonistes vus dans Upgrade, faisant du plan en mouvement un miroir des tourments intérieurs de Blake, Whannell exploite davantage encore la disjonction qui s’opère entre l’homme et l’animal.

A plusieurs reprises, lors de plans continus, l’image et le son se recomposent pour illustrer les nouvelles capacités du lycanthrope. De son point de vue, tout est en surbrillance baignée de bleu, aucune zone d’ombre et une incompréhension à comprendre ce que lui disent sa femme et sa fille. De leur côté, une vision humaine retranscrivant également celle du spectateur, mais le phrasé du mari et du père n’est plus qu’un ramassis de borborygmes inaudibles. Sans doute la plus belle idée du film, qui retranscrit à l’écran une incommunicabilité déchirante.

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