
Réalisateur : Benjamin Cooper
Année de Sortie : 1999
Origine : États-Unis
Genre : Jeu Vidéo Maléfique
Durée : 1h35
Le Roy du Bis : 6/10
Kiss Reality Goodbye !
Bien que la réalité augmentée fut popularisée durant la précédente décennie, Arcade est à l’instar d’autres productions contemporaines de l’époque (Le Cobaye, Brainscan) une énième tentative d’exploiter ce nouveau médium encore balbutiant. Il s’agit de la seconde collaboration entre le réalisateur Hawaïen Albert Pyun et le producteur Charles Band, à une période où la Full Moon Features été au creux de la vague suite à la démocratisation des nouvelles technologies en image de synthèse.
Arcade, c’est plus fort que toi !
Son intrigue s’intéresse à Alex, une ado endeuillée qui ne gère plus très bien ses émotions depuis que sa mère s’est logée une balle dans la tête. Alors pour décompresser et trouver le remède à sa dépression, sa bande de potes décident de l’emmener traîner dans l’Enfer de Dante : une salle d’arcade pour geek avides de dessouder de l’alien à la chaîne. Leur choix va néanmoins se porter sur une nouvelle borne révolutionnaire maltraitant l’égo des joueurs en les invectivant. Ces répliques mordantes et rentre-dedans, ainsi que son design massif, confèrent à la machine un aspect intrigant.
Chacun leur tour, les jeunes feront l’expérience de ce jeu les immergeant au cœur d’un nouvel univers. Dans son esprit névrosé, Alex va néanmoins se persuader que l’antagoniste malveillant du jeu la traitant ponctuellement de «salope», n’est sûrement pas innocente dans la disparition de ses amis. La seule manière de délivrer ses camarades semble résider dans sa capacité à passer les différents niveaux du jeu jusqu’au boss final. Si seulement Alex n’était pas une mauvaise élève qui passait plus de temps à glander devant ses jeux vidéos…

Le jeu intitulé «Arcade» du nom de son antagoniste et de la borne que l’on utilise, évoque autant les délires d’Hugo sur France télévision, que les écrans de veille interactif de Windows 98 que l’on aurait rempli de pièges et de piques acérés. Seulement ici, ce sont bien les acteurs qui incarnent leur avatar, immergés dans le décor d’un labyrinthe dont ils doivent trouver la sortie. Pour se faire, les joueurs doivent récupérer des clés et échapper à d’horribles créatures. Néanmoins, l’intelligence du jeu qui n’a rien d’artificielle, est capable de s’adapter en temps réel à l’utilisateur. Mais ce n’est pas le pire.
Les jeux vidéos rendent accroc (comme le porno)
Si le joueur perd la partie, Arcade s’empare de son âme pour l’intégrer à son programme. Un véritable Game Over en somme qui ne vous laisse pas vraiment le droit à l’erreur. Serait-ce une manière fine et subtile de dire que les jeux-vidéos rendent accroc et vous feront perdre toute notion de la réalité ? Peut-être bien. Albert Pyun dresse une parabole évidente sur l’addiction engendrée par cette réalité virtuelle générée en images de synthèse, pouvant aspirer la vie du joueur devenant alors un no-life.
Si Arcade est bien un pur produit de son temps, avec ses CGI affreusement datés, le film possède néanmoins un charme suranné, malgré son utilisation abondante de fonds verts. Les acteurs sont donc incrustés au forceps dans une série de tableaux pixelisés, et devront évoluer à travers différents niveaux de réalité virtuelle tel qu’une décharge à ciel ouvert, ou une traversée suggérée du Styx. Charles Band fut contraint de retirer une course de motos du montage final (remplacée par une course de module), un peu trop similaire au film Tron au goût de certains. Les studios Disney tenteront d’ailleurs de lui intenter un procès pour plagiat.
Quant aux développeurs de Vertigo-Tronics, ils ont déposé le bilan, peu après avoir eu la brillante idée d’utiliser les cellules du cerveau d’un enfant décédé pour l’implanter dans le méchant de leur jeu vidéo interminable. Il se dit qu’ils auraient depuis intégré les studios d’Infogrames. On comprend donc mieux pourquoi Les Schtroumpfs, Spirou et Tintin au Tibet s’apparentent à des parcours du combattant pour Cénobite enragé.