
Réalisateur : Stephen Cognetti
Année de Sortie : 2019
Origine : États-Unis
Genre : Hôtel Hantée
Durée : 1h25
Le Roy du Bis : 1/10
Thibaud Savignol : 3/10
Smoke on the Water
Un an quasi jour pour jour après la sortie de Hell House LLC II (18 et 19 septembre), voilà que déboule un troisième opus. Toujours chapeauté par Stephen Cognetti et produit par Joe Bandelli, ce long-métrage a pour ambition de boucler la trilogie de l’hôtel maudit. Derrière ce projet, apparaît surtout la volonté de la plate-forme Shudder de capitaliser sur le succès du volet précédent, méga carton lors de sortie en streaming. La production démarre le 1er mai, laissant seulement 4 mois à l’équipe pour accomplir des miracles. Bien que Cognetti ait précédemment montré qu’il n’était pas un réalisateur particulièrement talentueux, cette précipitation est également en partie responsable du vide proposé sur nos écrans.
La photocopie d’une photocopie
Alors que l’hôtel est sur le point d’être détruit (enfin, serions nous tenter de dire), voilà pas qu’un millionnaire (toujours les mêmes), le rachète pour y perpétuer son spectacle «Insomnia». Il y invite la journaliste locale Vanessa ainsi que son cameraman, afin d’enregistrer les moindres faits et gestes de sa troupe durant la préparation du show. Et c’est reparti pour un tour. Même décors, même menace, même procédé filmique en Found-footage et nouveaux personnages pour faire les frais de l’Abaddon Hotel. Une direction assez incompréhensible au vu du final précédent, qui indiquait clairement une plongée dans les véritables enfers que protège ce lieu.
Bien que ce style filmique permette un tournage plus court et resserré, essentiel au vu des délais imposés, la réussite d’un long-métrage nécessite davantage. Il est évident que de ce manque de temps est né un script d’une feignantise assez ahurissante. Hell House LLC III : Lake of Fire est clairement un bis repetita du premier opus. Si le second se posait en véritable suite, bien qu’une grosse impression de déjà-vu persistait, le troisième n’a plus rien à raconter, si ce n’est compliquer une intrigue qui l’était déjà inutilement.
La malédiction du lieu plane, de nombreux incidents et disparitions se sont produits, mais on nous ressert la même soupe pendant une heure. Les personnages, au demeurant plutôt réussis, entre le directeur artistique fantasque, le chef des opérations coincé du cul et une reporter entreprenante, vont rejouer la même comédie que leurs prédécesseurs. Des bruits bizarres se font entendre, des apparitions dans le coin du cadre surgissent, et évidemment aucun ne croit à ces histoires de fantômes. Sauf qu’on est au-delà d’une simple histoire qu’on se raconte au coin du feu, il y a eu pas mal de morts et de personnes portées disparues. Mais non, la mécanique se répète, inlassablement, stupidement.

Baccalauréat option cinéma
Du côté de la mise en scène, la flemme (ou le manque de temps c’est selon) contamine la première partie du long-métrage. Tout est réintroduit, réexpliqué, ad nauseum, pour ceux qui n’auraient vu aucun film de la franchise. Pire, chaque ligne de dialogue, déjà sur-explicative, est illustrée par des extraits des précédents opus montés à la truelle. On se retrouve donc face à un mash-up étrange, presque un best-of de la saga par moments, exploitant tout élément possiblement effrayant dans une démarche qui sent le flouz à plein nez.
Plus aucun artifice ne surprend, plus aucune péripétie ne réinvente quoi que ce soit. On se surprend presque à suivre davantage les dramas de la troupe théâtrale que le récit horrifique, sacrément en retrait sur cet opus. La peur a disparu des radars, aucune tension à l’horizon face à cet encéphalogramme plat, dont la formule tourne à vide. Et toujours ces satanés glitchs artificiels, qui devraient être interdit dans tout Found-footage post 2015. Le moindre téléphone portable remplit désormais largement cet office sans dégrader son image.
Le final, cheap au possible, tente à nouveau des twists invraisemblables, à la lisière du nanar. Les temporalités sont malmenées, et les personnages concernés ne sont plus que des pantins à la merci de retournements plus improbables les uns que les autres. Les révélations de Hell House LLC 2 y sont à peine exploitées, alors qu’elles auraient dû être le point de départ de ce nouveau volet. Andrew Tully est également relégué au rôle de faire valoir. Pourtant, tous les signaux étaient au vert pour en faire un nouveau boogeyman mystique et féroce.
Cognetti répète donc inlassablement la même boucle, incapable d’insuffler un semblant de nouveauté à sa saga mortellement répétitive. Quasi remake de son premier essai, ce troisième opus défile sans accroc, avant de finir dans ses propres limbes créatives. Sans oublier cet épilogue risible, jouant déjà la carte de la nostalgie, quatre ans seulement après la sortie du Hell House LLC originel. Il est peut-être temps de mettre la clé sous la porte pour l’hôtel Abaddon.