
Réalisateur : Stephen Cognetti
Année de Sortie : 2018
Origine : États-Unis
Genre : Hôtel Hantée
Durée : 1h29
Le Roy du Bis : 3/10
Thibaud Savignol : 4/10
1 étoile sur TripAdvisor
En 2015, alors que le Found-footage avait toujours le vent en poupe (Sorgoi Prakov, Catacombes), l’approche d’Hell House LLC se révélait plutôt maligne. Suivant les mésaventures d’entrepreneurs de maisons hantées, le long-métrage s’amusait des codes et des clichés de flippe (clowns, malédiction) pour jouer constamment avec les attentes du spectateur. Malgré un final en deçà, les nerfs étaient éprouvés pendant presque 90 minutes. Avec le succès d’estime et au vu de la faiblesse des coûts nécessaires pour une telle production, une suite fut rapidement mise en chantier.
Toujours des promesses
Trois ans plus tard déboule ce Hell House LCC 2 : The Abaddon Hotel. Tandis que l’hôtel est à nouveau abandonné suite à la soirée d’Halloween qui a mal tourné en 2009, trois journalistes relancent l’intérêt pour ce bâtiment vétuste. Plusieurs personnes y ont disparu au fil des ans, et certaines vidéos laissées comme témoignages font froid dans le dos. Alors qu’ils parviennent à recruter le réalisateur du documentaire originel, désirant de son côté retrouver une amie toujours introuvable depuis, la fine équipe s’engouffre au cœur d’un endroit réputé maudit.
Ironiquement pour un Found-footage, c’est peut-être la première partie de ce nouvel opus qui s’avère la plus intéressante. Le réalisateur questionne l’héritage laissé suite aux horribles événements qui se sont produits précédemment. S’ouvrant sur l’interview d’une mère en larmes, on nous donne à voir le calvaire de son fils, perdu dans les limbes de l’hôtel damné, sentant une présence, avant de disparaître définitivement lors d’un dernier plan au vide glacial. En parallèle, se dresse un débat télévisé entre un élu local justifiant l’interdiction de l’accès aux lieux, le réalisateur du documentaire polémique ainsi qu’un medium en campagne pour faire sa promo.
Les points de vue divergent, s’affrontent, tentent de donner matière à réfléchir sur la cause de tous ces accidents à répétition. Entre Cartésianisme forcené et appels aux esprit, combiné aux vidéos de petits plaisantins pour leurs réseaux sociaux mais depuis évanouis dans la nature, le doute plane sur cette petite ville reculée des États-Unis. On penserait presque par moments à la figure du Mal si chère à Stephen King, percluse parmi nous, au cœur de nos cités et communautés, où un seul lieu constitue sa porte d’entrée sur notre monde (le manoir dans Salem, la maison abandonnée de Ça). Malheureusement, le reste ne sera pas du même acabit.

Même pas peur !
Une fois l’hôtel investi, plus rien ne fait sens. A travers cette suite, Stephen Cognetti (aussi scénariste) tente de transformer sa saga en grande fresque mythologique, faite d’entités, de démons et de mondes parallèles. De même, il relie artificiellement tout ce qu’il peut à son précédent effort pour créer un tout cohérent. Mais cela ne prend jamais, la faute à une écriture grossière, qui tente seulement d’installer des concepts pour les épisodes à venir. Nous sommes passés d’un petit trip horrifique malin, jouant des croyances populaires et surfant sur la paranoïa vis à vis des clowns et mannequins de fête foraine, à un bordel cosmologico-fantomesque sans queue ni tête.
Plus rien n’est logiquement construit. Dans la bâtisse hantée, il n’est plus question de déplacements inquiétants de marionnettes inanimées, mais de fantômes qui se baladent au grès de leurs envies, de satanistes en soutanes qui passent par là, et d’imitations vocales pour induire les protagonistes en erreur. Forcément, tout le monde panique, la caméra s’agite et plus aucune décision ne fait sens face à cette menace omnipotente, qui permet toutes les fantaisies.
Surtout, la mise en scène atteint rapidement ses limites, incapable de la moindre montée de tension. On se retrouve face à une fabrique de simulacres, utilisant ses figures fantastiques au hasard : medium, planche de ouija, apparition soudaine, cadavre grimé aux yeux blancs, etc. Sorte de gloubi-boulga de tous les codes horrifiques du moment, surfant sur les entités à la Conjuring, le résultat apparaît aussi classique que ringard. Et il serait également peut-être de bon ton d’arrêter de recourir aux glitchs systématiques de l’image, qui à défaut de renforcer l’immersion amateuresque, ne la rend que plus artificielle.
Les derniers instants préparent clairement un troisième volet, où il sera sans doute question d’en apprendre plus sur cette confrérie/secte, qui se livre à tous les abus possibles derrière les murs de l’hôtel. Bien qu’il prête à sourire, le twist final plonge les deux pieds dans le n’importe quoi (le pacte en loucedé, ridicule), faisant fi de toute cohérence narrative. Reflet d’une impuissance terrible à maintenir son concept, la figure maléfique suprême forcera à plusieurs reprise le personnage principal à tenir sa caméra pour la filmer. Sûrement le seul moyen qu’à trouver Cognetti pour que le spectateur fatigué termine lui aussi le visionnage.