[Critique] – Massacre au camp d’Été


Massacre au camp d'été affiche film

Réalisateur : Robert Hiltzik

Année de Sortie : 1983

Origine : États-Unis

Genre : Slasher

Durée : 1h24

Le Roy du Bis : 6/10
Thibaud Savignol : 7/10


Une Créature de Rêve


John Hughes interdit aux mineurs

Angela, seule survivante d’un accident de bateau où meurent son frère et son père, vit désormais chez sa tante avec son cousin Rick. Les deux sont envoyés en colonie le temps de la période estivale. Mais rapidement un tueur commencent à sévir, s’en prenant à ceux qui maltraitent la petite orpheline.

Premier point important, cette fois-ci les marmots sont bien là. Le camp est rempli de bambins de tous âges, qui courent, gueulent, jouent et ont les hormones qui les titillent. Les éducateurs sont présents, bien que plutôt en retrait. Cette fois place aux kids, aux peines de cœur, aux moqueries, aux duels de celui qui a la plus grosse, quant ce ne sont pas les filles qui s’en prennent à Angela pour son côté taiseux et solitaire. On pourra s’amuser du fait que les nanas n’existent qu’à travers les érections qu’elles suscitent, quand de leur côté, les mecs affichent un homo-érotisme des plus troublants : shorts ultra-serrés, crop top, blagues anales, semi nudité constante et enlacements virils.

Massacre au camp d'été Critique Film

Un visionnage qui remet en perspective notre époque. Malgré des évolutions salutaires sur la construction des personnages féminins et une perception plus ouverte de la sexualité au sens large (même si beaucoup de chemin reste à faire), Massacre au camp d’été témoigne d’une certaine liberté, et même frivolité, qui interroge sur un puritanisme actuel des plus inquiétants. Mais derrière cette façade libertaire, Hiltzik parvient à installer un malaise diffus. Car le script loin de n’être qu’un énième slasher bas du front, emprunte des chemins de traverse qui l’emmènent vers une déviance trop rare dans le genre.

Pour les grands et les petits

Oui, le film est avant tout connu et célébré pour son twist final d’une frontalité abracadabrante. Si l’identité du tueur peut être cernée rapidement, le pourquoi du comment en laissera plus d’un sans voix, excepté votre fameux pote toujours plus intelligent que les films qu’il regarde et qui aura tout vu venir tellement il est fort. Pour le commun des mortels, impossible d’effacer cette ultime image de sa mémoire, symbole d’une volonté de taper fort. On ne spoilera rien ici, mais le tour de force est assez jouissif, rappelant les grandes heures du giallo, et notamment le trouble érotique du Ténèbres d’Argento. Et d’ouvrir à son tour le débat sur les représentations de genre(s) au cinéma.

Au-delà de ce fait d’armes encensé depuis 40 ans, le reste du récit propose également son lot de séquences subversives. D’entrée un pédophile nous est présenté, lorgnant l’arrivée des enfants comme un buffet à volonté prêt à engloutir. Il tentera rapidement de passer à l’action mais subira le sort qu’il mérite. Le directeur manipulateur qui cherche à déguiser chaque meurtre en accident n’est pas mal non plus, allant jusqu’à s’en prendre physiquement et violemment à un enfant sur de simples présomptions.

Un portrait peu glorieux des adultes, ajouté à une méchanceté adolescente dans ce qu’elle a de plus cruelle. Même les joies de la découverte des corps et de la sexualité se font ici dans un climat étrange, entre innocence des gestes et réelle prédation. Les corps ultra-sexualisés d’adolescents et de jeunes adultes confèrent au film une aura déviante et presque surréelle. Si les meurtres sont graphiquement soft, reste quelques idées intéressantes comme ce nid d’abeilles transformé en arme létale ou ce dos ouvert d’une traite au couteau.

Certes, avec ses 350 000 dollars de budget, ses acteurs sur courant alternatif (mention au jeu outrancièrement théâtrale de la tante) et ses trois décors, le film ressemble de loin au tout venant du film d’horreur Summer Camp. Mais le rythme ne faiblit jamais, le trio principal est plutôt attachant, et l’étrange sexualité qui s’en dégage déploie une odeur de souffre pas désagréable. En conclusion, un petit film culte qui n’a pas volé sa réputation au fil des ans.

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