
Réalisateur : Matt Jaissle
Année de Sortie : 1997
Origine : États-Unis
Genre : Zombie Partouzeur
Durée : 1h12
Le Roy du Bis : 6,5/10
Thibaud Savignol : 4/10
Disponible à la vente chez Uncut Movies
La Naissance d’un Label
Avec le temps, The Necro Files est devenu le saint suaire des amateurs de péloches déviantes trashs et vulgaires. Un incontournable du catalogue Uncut Movies, à tel point que la société de distribution orléanaise en produira une suite quelques années plus tard (The Necro Files 2). C’est essentiellement grâce à ce film que Matt Jaissle se fera connaître dans le milieu underground, malgré une véritable régression par rapport à son deuxième essai Legion of the Night, qui laissait présager un plus grand potentiel. Il faut dire que le niveau ne vole pas plus haut que son foetus carnassier.
« Don’t Manners ! »
Sous son masque, Logan exulte. Du haut de son plafond, il file sa proie dénudée sous la douche encore sous l’effet de ses ablutions. La gazelle se sent épiée, oppressée, le doute n’est plus permis et laisse rapidement place à la terreur. Elle tente d’alerter et de s’enfermer à double tour mais il est déjà trop tard. La victime est suppliciée avec une corde de piano avant d’être pénétrée de tout son être par la lame d’un couteau. Pas de panique néanmoins, tout est sous contrôle… Ou presque. Les experts sont sur l’affaire. Logan n’aura pas le temps de digérer son dîner qu’il sera alpagué et maintenu en respect par deux policiers débarquant sur les lieux du crime.
Plutôt que de l’arrêter et de lui laisser encore la possibilité de s’échapper, l’agent Manners préfère exécuter sa sentence en vidant son 6 coups sur la carcasse décharnée du meurtrier pourtant immobilisé. Une exécution en règle, sommaire et expéditive. Neuf mois plus tard, une secte de fanatiques va cependant remettre le couvert en ramenant le tueur à la vie sans se douter du mal qu’ils vont libérer. Cette fois-ci rien ne pourra s’opposer à sa volonté de copuler avec toutes les femmes qu’il va rencontrer : prostituées, ou simple campeuse égarée, toutes seront déflorées à mort avant d’être hachées menu. Le duo d’agents patine, persuadé d’avoir affaire à un imitateur. Pourtant cela ne fait aucun doute, Logan est bien de retour pour semer la mort et sa semence désormais rance.

L’enquête totalement soporifique ne propose qu’une accumulation de clichés, entre un agent cocaïnomane qui se laisse aller au gré de ses pulsions, tabassant les dealers et les prostitués et son partenaire qui passe son temps à le brimer et à tenter de le raisonner. L’intrigue alterne entre des meurtres crapoteux, les atermoiements d’officiers qui pédalent dans la semoule, et les rituels de deux satanistes repentis. Ces derniers vont tenter de régler la situation en priant un dieu maléfique et en invoquant un autre démon, provoquant ainsi un combat épique entre le zombie violeur dégénéré et son bâtard non désiré qui mord les gens avec ses dents de laits.
Un objet de Culte
Alors à quoi tient donc le culte autour de The Necro Files ? Entre son scénario digne d’une tragédie grecque, ses instants poétiques suspendues dans le temps (cette magnifique valse entre Logan et une poupée gonflable), ses séquences chocs et ses blagues outrancières, le film de Matt Jaissle ne pouvait démesurément que plaire aux nanarophiles et bisseux en quête d’un spectacle régressif et délirant. Le spectateur allègre sera même gratifié d’une course poursuite à pied vaudevillesque entre les enquêteurs bourrus, le zombie traînant son énorme verge, et son poupon vociférant des petits cris aigus.
Amoral, déviant, The Necro Files est tout cela et bien plus encore. Il faut dire que The Necro Files est le film de tous les interdits puisqu’on y voit des abus sexuels, un infanticide, du cannibalisme et de la nécrophilie. Rassurez-vous cependant, le film ne fera jamais de vous un monstre homicidaire sadique porté sur le satanisme. Tout au plus un beauf bedonnant. Contrairement à ce qu’il a pu être dit ou reproché, Matt Jaissle n’a jamais cherché à promouvoir la culture du viol, mais bien à désamorcer la gravité des situations dépeintes par une forte dose d’humour noir et d’irrévérence. Les excès sont traités avec une telle absurdité qu’il serait même difficile de ne pas en rire.
Précédé de cette réputation sulfureuse, il n’en faudra pas d’avantage pour que le long-métrage rafle tous les prix au Miami Horror Film Festival et ce malgré la faiblesse de sa mise en scène. Car il ne faudrait pas s’y tromper et y voir autre chose qu’un gros délire potache entre amis, dont l’intérêt ne tient qu’à son propos subversif, le plaçant d’emblée comme un titre plus racoleur que véritablement choquant. Et hormis quelques sévices infligés tel qu’un téton et une bite arrachés, les scènes auront quand même bien du mal à heurter la sensibilité d’un public qui aura forcément déjà vu pire que ça.