
Réalisateur : Matt Jaissle
Année de Sortie : 1995
Origine : États-Unis
Genre : Ninjas Zombies
Durée : 1h25
Le Roy du Bis : 7/10
Thibaud Savignol : 6/10
Disponible à la vente chez Uncut Movies
La Revanche des Zombies Ninjas
Il est de ces films où l’on regrette que leur réalisateur n’ait pas pu bénéficier d’un budget plus huppé afin de pouvoir en exploiter le concept à fond. Legion of the Night fait clairement partie de ceux-là, avec ses zombies ninjas affublés d’un attirail de combat, envoyés exécuter la basse besogne de la mafia.
Avant de s’atteler à la réalisation de Legion of the Night, Matt Jaissle avait livré un fan-film d’Evil Dead intitulé Back From Hell. Mais le cinéaste avait bien du mal à camoufler la misère de son budget et à s’extirper de son piteux Necronomicon. L’auteur se fera surtout fait connaître du grand public grâce à The Necro Files, un film trash très apprécié de la clientèle d’Uncut Movies. Un mort-vivant libidineux violait des femmes et traînait son énorme verge sur le sol, poursuivi par un fœtus volant ainsi qu’un duo d’enquêteurs cocaïnomanes. L’entreprise était assez grotesque et finalement bien moins subversive que ce que laissait espérer sa sulfureuse réputation.
Comparé à cette gaudriole, Legion of the Night paraît infiniment plus respectable avec ses arguments. Le film puise ses influences d’autres classiques de l’action-science-fiction, tels que Robocop et Universal Soldiers. De ces classiques, le réalisateur reprend la ville de Détroit, l’insécurité ambiante d’un futur dystopique dominé par le crime en bande organisée, ainsi qu’une élite de soldats morts-vivants dopés aux anabolisants. Éclaircissons d’emblée un point très important, on parle bien de Zombies Ninjas et non de Ninjas Zombies, puisque cela soulèverait qu’ils aient été des ninjas avant de mourir ce qui n’est pas le cas ici.

Réduit à son plus pur argument de base, le film compose avec des personnages assez stéréotypés : un héros burné, des savants fous, des hommes de mains, un parrain à l’éloquence Scorsesienne et au revers de la main sans pareil avec les femmes. Nous verrons les morts-vivants soumis à un entraînement spartiate, exécuter des saltos, pirouettes et roulades, tirer hors-champ dans un terrain vague ou encore dégommer des cibles et des miniatures d’avions. Évidemment, le seul moyen pour Taylor de venger la mort de son père sera de devenir lui-même un ZAC (Zombie Assassin Cybernétique).
Les plans urbains sont capturés à la volée, se limitant à un parking surélevé ou à des rues peu fréquentées. Tous les moyens sont bons pour combler l’étroitesse du budget d’à peine 80 000 $, ridicule au regard des ambitions. Le plus gros du travail a donc été réalisé sur le son ainsi que sur les séquences d’action musclées du long-métrage. Les chorégraphies cherchent parfois à ressembler à du polar hongkongais sans les acrobaties et les ralentis stylisés.
À défaut d’ogives verbales, le réalisateur met tout ce qu’il a dans ces corps à corps brutaux au katana, et ces gunfights nerveux où l’on verra la chevrotine martyriser les chaires. Pour une production de ce calibre, voir autant de détonations, d’hémoglobine et d’explosions est presque un demi-miracle en soit. Ambitieux, Matt Jaissle va même jusqu’à générer une mini guérilla dans les rues, entre ninjas réglant leurs comptes au bazooka au milieu d’une bande de clodos bourrés et d’une armée de flics complètement dépassée par la situation. Avec des moyens à la hauteur de ses ambitions, Legion of the Night serait certainement devenu un incontournable de la Série B.