
Réalisateur : George Elanjian Jr.
Année de Sortie : 1990
Origine : États-Unis
Genre : Monstre pachydermique
Durée : 1h38
Le Roy du Bis : 6/10
Thibaud Savignol : 4/10
Que l’on donne un Oscar à cet homme !
Voilà un copieux naveton qu’il est bon de redécouvrir avec trois grammes dans chaque bras. Soldat Cyborg nous propose rien de moins qu’un cross over entre Aliens et Terminator avec tenez-vous bien, des effets spéciaux signés par l’équipe de James Cameron, rien que ça. C’est tout de même difficile à croire quand on voit la défroque de ces monstres moins vivaces que celui de Jack Arnold dans L’Etrange Créature du Lac Noir.
L’Etrange Cyborg du Frigo
Retrouver les frères Skotak au générique en tant que simples consultants laisse présager une très faible implication dans ce projet alimentaire calé entre le tournage d’Abyss et celui de Terminator 2. En réalité, Soldat Cyborg est une suite officieuse d’un film de William Malone intitulé Scared to Death sorti 10 ans plus tôt. Le réalisateur envisageait bien à l’époque d’en faire une séquelle mais le projet fut remisé faute d’un réel intérêt et des nombreux ersatz du xénomorphe de HG Giger pullulant alors sur nos écrans.
Finalement, le film échoua dans les mains de George Elanjian Jr, un réalisateur inconnu au bataillon cantonné aux productions télévisées. Il semblerait même que le cinéaste est perdu le contrôle en cours de tournage face au cabotinage excessif de David Gale qui n’arrêtait pas de se farcir les veines avec la seringue du Docteur Herbert West de Re-Animator. Le remède ne sera néanmoins pas suffisant pour le prévenir de la mort puisqu’il décédera à peine un an plus tard des suites d’une opération au coeur. En tout cas, c’est bien grâce à l’interprétation schizophrénique du comédien que le film parviendra à entrer dans une autre dimension, alors que tout le prédestinait aux brocantes de Sivry-la-Perche et aux bacs à soldes.
Un scientifique cherchant à inventer le presse agrume du futur est assassiné par l’une de ses créatures, échappée du laboratoire de la corporation qui l’exploite. Sa nièce accompagnée d’un reporter décide alors de mener l’enquête pour faire éclater la vérité au grand jour tandis que la compagnie tente d’étouffer l’affaire en semant les cadavres sur sa route. Le coupable n’est autre que le Syngenator, un guerrier 2.0 qui ne connaît ni la peur ni la douleur, possédant la capacité de se reproduire lui-même toutes les 24 heures. Son seul besoin, il le trouve dans la moelle épinière de ses victimes. Mais comme les Gremlins, il ne supporte pas l’eau et possède un pois chiche à la place du cerveau, ce qui empêche toute attaque coordonnée ou raisonnement logique, comme le fait de pouvoir utiliser une arme ou bien un monte charge.

Ce qui devait à l’origine être le point fort va donc rapidement devenir le boulet du film. A l’instar de Robocop, le réalisateur cherchera surtout à décrypter les enjeux scientifiques, politiques et moraux autour de ces créations génétiques. Cette société destine ses inventions à remplacer les soldats sur le champ de bataille pour aller combattre les talibans dans le désert du Moyen Orient. Évidemment, les guerriers vont être détournés de leur but premier pour servir une lutte intestine entre cols blanc, précipitant alors la ville dans le chaos ou presque… car en réalité, l’invasion sera plus ou moins confinée au sous-sol de l’hôtel servant de cadre à l’intrigue.
Des Forces très spéciales…
Le problème, c’est qu’on ne croit jamais à ces costumes de latex ringards. D’autant que les cyborgs sont assez lents du bulbe et finalement peu menaçant, puisqu’on peut facilement les prendre de vitesse et leur coller un taquet. Dans ces conditions, Al Qaida n’a pas trop de souci à se faire puisqu’un simple tuyau d’arrosage suffirait à en venir à bout, même si pour cela tout le casting devra y passer après avoir expérimenté rayon laser et rasade de plombs sur le contingent de créatures apathiques.
Comme tout bon nanar qu’il se doit, Soldat Cyborg passe largement à côté de son sujet et foire tout ce qu’il tente d’entreprendre : scènes d’épouvante à côté de la plaque, action molle du genou, mise en scène télévisuelle, VF abominable. Bref, rien ne va dans ce film. Heureusement, le réalisateur pouvait compter sur les zygomatiques de David Gale pour le sauver du néant total. Le coup d’un divorce n’aura visiblement pas suffi à freiner ses velléités artistiques et son affection pour les rôles de sociopathes, bien au contraire, puisqu’il interprète un PDG despotique atteint de sévères crises de démence.
L’acteur dresse ainsi un portrait toute en nuance d’un homme psychotique et tourmenté, affichant un comportement passif-agressif avec ses employés, pour ne pas dire lunatique puisqu’il passe du coq à l’âne en l’espace d’un instant. Parfois le personnage sort de sa léthargie pour bondir tel un diable à ressort avec des éclats de rires sardoniques avant de s’emporter dans sa transe colérique, tapant du poing sur la table, brisant un miroir, pulvérisant ses subordonnés au pistolet et faisceau laser, avant de se mettre à danser avec des oreilles de lapin sur la tête quitte à sombrer dans le ridicule le plus achevé. Sans lui, le film n’aurait probablement suscité qu’un ennui ferme et poli avant de tomber instantanément dans l’oubli. Comme quoi, plus barge est le méchant, plus relevé est le navet. Que l’on donne un oscar à cet homme !