
Réalisateur : Tyler MacIntyre
Année de Sortie : 2023
Origine : États-Unis
Genre : Slasher Temporel de Noël
Durée : 1h30
Thibaud Savignol : 5/10
Everything Everywhere all in blood
Déjà sorti outre-Atlantique depuis un an, Un Noël sans fin débarque chez nous pour Noël 2024. Après Christmas Bloody Christmas en 2022 et There’s Something in the Barn l’année dernière, c’est le nouveau long métrage de Tyler MacIntyre (VHS 99, le meilleur) qui apparaît comme la seule véritable proposition horrifique dédiée aux fêtes de fin d’années. Distribué par Shudder, l’équivalent américain de notre Shadowz national, le film arrive directement sur les plateformes de VOD dans nos contrées ou en support physique chez ESC. Mauvais présage ?
Lost in Translation
Tandis que le maire véreux d’Angel Falls se voit refuser l’acquisition de la dernière maison de la ville, obstacle à son projet de grand centre commercial, un tueur commence à sévir. Rapidement mis hors d’état de nuire par Winnie lors d’une soirée de Noël entre ados, cette dernière peine à s’en remettre l’année suivante. Elle se sent exclue, seule à porter le lourd fardeau de la parte tragique de sa meilleure amie, ainsi que celui de son acte salvateur mais traumatisant. Souhaitant ne jamais être venue au monde, elle se retrouve dans un Angel Falls parallèle où elle n’existe tout simplement pas, mais dans lequel le tueur n’a cessé d’accumuler les tueries.
Une fois ce pitch énoncé, il est intéressant de se pencher sur le choix du titre français. Avec Un Noël sans fin, les distributeurs ont clairement cherché la similitude avec Un Jour sans fin, où Bill Murray se retrouvait prisonnier d’une boucle temporelle inéluctable en pleine fête de la marmotte, le poussant progressivement à se remettre en question. Bien qu’aucune boucle n’apparaisse ici, on comprend la démarche vis à vis d’un univers qui se répète, où chaque personne précédemment connue par Winnie est la même mais différente. Ses parents ne la connaissent pas (on rappelle qu’elle n’a jamais existé), ses amis ont noué d’autres relations et elle est une inconnue pour tous.

Le titre original, It’s a Wonderful Knife, fait lui directement référence au classique de Capra, It’s a Wonderfull Life (La Vie est belle). Le souhait était de parodier, facilement, l’œuvre des années 40, où toutes les bonnes actions du protagonistes finissaient pas engendrer des conséquences positives. Il en est de même pour Winnie, qui va s’échiner à trouver une solution pour coincer le tueur, révéler son identité, et dans le même temps faire la paix avec soi-même. Elle découvre également qui est vraiment Bernie Simon, une paria dans son monde originel, transformée ici en alliée de taille. En soi, les deux titres se complètent, mais le choix des mots attribue implicitement un sens plus qu’un autre à notre expérience de visionnage.
Le tueur de l’espace temps
Derrière ce questionnement sémantique, que vaut véritablement ce slasher de Noël ? Et bien cela dépendra sûrement de votre humeur du moment. Le principe est amusant, mais peut-être trop ambitieux pour un budget que l’on devine relativement faible. Une durée courte fait du voyage une expérience assez brève, réutilisant les mêmes personnages dans une temporalité différente, les mêmes décors (exception pour la chouette séquence dans un cinéma), et le même enjeu qui est de traquer un tueur en série. Si la photographie s’avère passe partout, on salue l’effort de sublimer les nombreuses décorations de fêtes, amenant une saturation de la colorimétrie du meilleur effet.
Malgré ces défauts, ainsi qu’un manque d’ampleur et un bodycount un peu chiche, la sympathie de ses deux protagonistes, Winnie et Bernie, finit par emporter l’adhésion. Campées par les loufoques Jane Widdop et Jessica McLeod, elles parviennent à créer une véritable alchimie qui déborde de l’écran. Confrontées à des péripéties aussi violentes (le tueur présent à la fête) que gênantes (la confrontation avec les «nouveaux» parents), commence à naître entre ses deux héroïnes malgré elles plus qu’une amitié. Pas toujours très excitant, et sombrant dans un fantastique un peu forcé lors de son final, Un Noël sans fin (gardons le titre français) a au moins le mérite de ne pas trop se prendre au sérieux et d’afficher une bonhommie réconfortante en ces temps moroses.