[Critique] – Blair Witch 2016


Blair Witch 2016 affiche film

Réalisateur : Adam Wingard

Année de Sortie : 2016

Origine : États-Unis / Canada

Genre : Forêt Hantée

Durée : 1h30

Le Roy du Bis : 2/10
Thibaud Savignol : 4/10


Laissez la sorcière tranquille


Le cul entre deux chaises

Malgré deux années passées à bâtir un nouveau script, les emplois du temps coincent avec la boîte de production Lionsgate. Le projet tombe dans les limbes du development hell, et chacun retourne à ses occupations. Débarquent alors Adman Wingard et Simon Barrett en 2013, motivés à l’idée de reprendre le flambeau et de proposer leur propre vision de la forêt de Blair. Tourné sous le titre temporaire «The Woods», afin de garder secret ce retour jusqu’à la projection salles, le film débarque enfin en 2016, après des premiers retours pas particulièrement enthousiastes.

Le projet en lui-même était voué à une impasse. Bien qu’il se positionne comme suite officielle au chef d’œuvre de 1999, il affiche également des airs de remake, avec son titre similaire et un script qui louche furieusement sur l’original. De plus, comment retrouver l’esprit d’un film fauché usant de notre imagination dès lors que cinq millions de dollars appuient le projet ? Impossible en effet de reproduire l’expérience d’il y a quinze ans. L’œuvre était en avance sur son temps, usa d’un médium absolument pas démocratisé à l’époque (le caméscope numérique) et se trouvait être novatrice par son remodelage des formes horrifiques.

Blair Witch 2016 Critique film Found footage Adam Wingard

En 2016, suite à la démocratisation du Found footage qui a envahi les salles obscures depuis le début de la décennie, l’approche visuelle ne surprend plus. Dès lors, les initiateurs du projet sont obligés, presque par défaut, de trahir l’esprit d’origine, basculant dans le bigger and louder archétypal depuis Aliens, le retour. En brandissant la carte de la surenchère (plus de personnages, plus de caméras, plus d’images), ils condamnent instantanément cette cuvée 2016 à n’être qu’un ersatz du tout venant filmé au caméscope. Arrivé bien après la bataille, le Found footage ne faisant plus autant recette suite à sa sur-exploitation, Blair Witch d’Adam Wingard n’a plus rien à dire ou à proposer d’un tant soit peu original.

Toujours à la recherche de sa sœur Heather (la disparue du premier volet), James pense l’avoir aperçu dans une vidéo récemment mise en ligne sur Youtube. Ni une ni deux, il entre en contact avec l’instigateur de cette vidéo, et part à nouveau accompagné de ses amis s’enfoncer dans la sombre forêt de Blair, convaincu qu’Heather y est encore prisonnière.

Baroud d’honneur

La structure même du long-métrage pose rapidement problème. Là où des étudiants menaient un véritable travail d’investigation documentaire en 1999, la justification du procédé semble ici bien plus artificielle. Encore un personnage random, Lisa, étudiante en cinéma qui profite de l’occasion pour réaliser son fameux film de fin d’études. Une fainéantise d’écriture qu’on pensait éculée. Accompagnés également par deux locaux forcément rednecks et malaisants (le subtil drapeau confédéré dans leur salon), le film lorgne sans vergogne vers le slasher fantastique basique.

Suffisamment de protagonistes sont rassemblés pour ensuite disparaître un par un, à intervalles réguliers, au grès des caprices horrifiques du script. Avec le recul nécessaire, on se rend d’autant plus compte de la fraude Found-footage qu’est ce Blair Witch 2016, qui n’apporte rien en terme de diégèse. Un filmage classique (externe à l’action) aurait conduit au même résultat. Et sûrement moins crispant pour les nerfs.

Blair Witch 2016 Critique film Found footage Adam Wingard

C’est bien là que le film de Wingard atteint rapidement ses propres limites, à travers son incapacité à tirer de son dispositif la terreur que suscitait l’expérience de 1999. Le film, radical, acceptait de filmer l’errance, l’ennui, le vide, comme immersion totale et transposition réaliste du calvaire enduré par ses personnages. Aucun effet ne venait parasiter cette excursion funeste, jusqu’au final des plus mouvementés. Pointait seulement un malaise prégnant, jouant de notre peur du vide, du noir, des ombres et des grands espaces.

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