
Réalisateur : Richard Pépin
Année de Sortie : 1994
Origine : États-Unis
Genre : Cyborg Chauve
Durée : 1h31
Le Roy du Bis : 6/10
Chauve qui peut
Les amateurs de cyberpunk l’auront certainement noté dans un coin de leur tête pensant avoir affaire à un thriller cérébral. Mais derrière son titrage nébuleux se cache en réalité un réalisateur qui n’a d’attrait que pour les séquences de destruction. Cyber Tracker n’a pour seule ambition que de fragmenter votre matière grise en mille morceaux.
Avec Richard pas de pépin. Dès que le spectateur commence à se laisser gagner par l’ennui, on envoie un camion de pompier valdinguer dans les airs pour le faire exploser afin de raviver l’incendie. Tout fait bombe avec lui, et on devine bien que la tête d’affiche Don Wilson ne tire pas son surnom «The Dragon» de ses cours d’arts dramatiques mais bien de ses talents martiaux.
Le générateur de scénarios breveté par la PM Entertainment a donc encore frappé et il s’agira une fois encore d’un recyclage opportuniste des succès de l’époque (Robocop, Terminator). Les hommes y côtoient les robots, les intelligences artificielles et les hologrammes. Même le héros a troqué sa bonne femme pour une assistance vocale, l’ancêtre d’Alexa, bien moins casse-pieds et envahissante.
Comme souvent, le cinéaste exploite les environnements du downtown et financial district de L.A. avec ses colonnes et gratte-ciels monolithiques, pour faire croire aux culs-terreux de la campagne profonde que l’action se déroule dans le futur, ou du moins dans une mégalopole urbanisée où il ne foutra probablement jamais les pieds.

Les questions de transhumanisme et de trouble identitaire, on s’en cogne, ce n’est pas le sujet ici. La finesse, connaît pas ce mot là. Non, l’essor des cyber-technologies ne peut répondre qu’à un climat d’insécurité, conduisant ainsi les autorités a faire appel à une unité de cyborg spécialement conçue pour botter des culs et éliminer les fauteurs de trouble refusant de rentrer dans le rang. Leurs noms : Tracker. Un choix lié au fait qu’ils ne mettent pas bien longtemps à localiser leur cible.
Et pour bien montrer que ces policiers n’ont rien de rigolo, le réalisateur a choisi un culturiste hyper costaud que même Olivier Grunner ne daignerait pas soulever. Comme si sa carrure et son magnum ne suffisait pas, les scénaristes ont jugés bon de le doter d’un bazooka pour pouvoir faire d’énormes dégâts. Néanmoins cette nouvelle équipe d’intervention fait débat dans une société de plus en plus répressive et totalitaire, surtout quand cela permet à un certain haut sénateur d’éliminer les opposants politiques.
Pourtant, l’un de ses gardes du corps va se retourner contre lui après avoir été témoin de ses agissements. Mal lui en a pris puisqu’il va devenir le nouvel ennemi public numéro 1. Paradoxalement, il lui faudra se battre jusqu’à la mort, tuer des policiers, et s’allier à des terroristes afin de pouvoir prouver son innocence. Un jour il faudra quand même nous expliquer pourquoi les héros victimes de complot sont tous des idiots.
Le scénario ne sera donc qu’un prétexte à une chasse à l’homme dans les rues de Los Angeles rythmée par des courses poursuites, des cabrioles de bagnoles, des gunfights plutôt incisifs, des bastons au corps à corps et surtout … surtout… des explosions très spectaculaires. Classique dans son exécution mais bien troussé, Cyber Tracker figure sans trop de mal parmi le haut du panier des productions de la PM, et devrait autant ravir les amateurs de navetons que les cinéphiles en quête d’un défouloir explosif.