
Réalisateur : Dwight H.Little
Année de Sortie : 1988
Origine : États-Unis
Genre : Slasher
Durée : 1h28
Le Roy du Bis : 6/10
Thibaud Savignol : 6/10
Retour gagnant
Deux premiers opus indissociables, les relectures de Rob Zombie puis le reboot intégral signé David Grodon Green. On oublie pourtant qu’entre temps, de la fin des années 80 au début des années 2000, plusieurs longs-métrages se sont enchaînés pour tenter de redorer le blason de Micheal Myers, un ange parti trop tôt dès le 3e épisode. Un opus qui laissa les fans circonspects devant l’absence de leur boogeyman préféré (Le Sang du sorcier devait démarrer une nouvelle anthologie, sans son croquemitaine fétiche, décédé définitivement à la fin du second volet). Pour les 10 ans de la saga en 1988, le producteur original Moustapha Akkad, cette fois-ci associé à l’extravagant Dino De Laurentiis, ne pouvait laisser passer une telle occasion de renflouer le tiroir-caisse.
Bis Repetita
Empêtré dans des procès pour récupérer l’intégralité des droits d’Halloween, répartis entre plusieurs sociétés de production, Moustapha Akkad n’obtient gain de cause qu’au début de l’année 1988. L’objectif étant de sortir ce quatrième opus pour célébrer Halloween, une course contre la montre est aussitôt engagée, laissant quelques mois pour écrire, réaliser et monter le film. L’idée de John Carpenter, encore rattaché au projet, et de l’écrivain Dennis Etchison sera refusée, jugée trop cérébrale. Ils s’attardaient en effet sur les conséquences de la tuerie originale dix ans après, la fête Halloween étant désormais interdite à Haaddonfield et le nom de Myers prohibé. Ou comment le refoulé aurait alors permis au Mal de revenir sous une autre forme.
Dès lors, le producteur commande un script au scénariste Alan B. McElroy, avec seulement 11 petits jours pour honorer la commande, une grève approchant à grands pas. Plus classique, Micheal Myers a survécu à l’incendie final du second opus. À nouveau en asile psychiatrique, il parvient à s’échapper lors d’un transfert. De retour à Haddonfield, toujours, il prend en chasse la fille de Laurie Strode, incarnée par la débutante Danielle Harris (11 ans à l’époque), qui deviendra par la suite une Scream Queen en puissance. Jamie Lee Curtis ayant refusé de participer à cette suite, son personnage meurt hors-champ, et ne reviendra pas avant le septième opus, Halloween 20 ans après. La nouveauté essentielle, qui infusera toute la suite de la saga, est ce nouveau lien fraternel inventé entre Myers et Laurie, faisant de Jamie Lloyd la nièce du Boogeyman.

Le Sang du sorcier avait été un échec à cause de sa prise de risque (des masques tueurs vendus aux enfants) ? Qu’à cela ne tienne, l’ambition est désormais de relancer la saga en retournant aux racines qui ont fait le succès du premier opus. C’est le spécialiste en films d’action Dwight H. Little qui est engagé, un choix curieux en apparence (John Carpenter avait envisagé Joe Dante à un moment). Mais il s’avère que ce dernier est un fan inconditionnel du long-métrage de 1978, et compte bien rendre hommage à son mentor.
Les Masques vont tomber
En effet, impossible de ne pas tracer de nombreux parallèles entre les deux œuvres. Si il ne pousse pas le plagiat jusqu’à greffer le thème iconique de la saga à son générique, il cligne régulièrement de l’œil à La Nuit des masques ; Loomis est de retour pour traquer Michael Myers, indiquant à chacun qu’il est le Mal absolu et définitif, une fille un peu trop volage sera empalée sur un fusil de chasse tandis que la petite héroïne du film s’époumonera en pleine rue déserte, fuyant le boogeyman. Malgré sa facture classique, notamment lors d’une première partie qui s’étire plus que de raison mais nécessaire pour redessiner les enjeux de la saga, Halloween 4 se révèle être un slasher plutôt agréable à une époque où le genre entame son déclin.
Le script se repose sur des bases solides, éculées, tout en injectant quelques séquences à même de raviver la flamme. Lorsque la traque au tueur en liberté démarre, H. Little met en scène une bande de rednecks enragés, traumatisés par les événements passés et assoiffés de vengeance. Dans leur quête de sang ils commettront l’irréparable, évoquant les idées du premier script chapeauté par Carpenter et refusé, où les blessures d’Haddonfield s’ouvraient à nouveau, laissant un torrent de peur et de haine se déverser. Une réflexion que réutilisera David Grodon Green 33 ans plus tard dans son Halloween Kills, mais cette fois pour décortiquer les nouvelles tendances paranoïaques américaines.

On retiendra également un huit clos plutôt anxiogène à mi parcours, une course poursuite dans une école ainsi qu’un final aussi sanglant qu’explosif, à mettre au crédit d’un réalisateur passé ensuite expert en détonations en tout genre (Désigné pour mourir, Meurtre à la Maison-Blanche). Une fin choc, qui conclut habillement tout ce qui a été mis en place pendant 80 minutes, renversant les habitudes du slasher pour tenter de renouveler son ADN.
Bien évidemment, la musique intemporelle de Carpenter, l’utilisation abusive de la brume mais également les apparitions aussi fugaces qu’efficaces de Myers sont pour beaucoup dans la réussite de cette sympathique série B. Sans oublier l’incroyable aura que dégage sûrement le plus grand croque-mitaine de l’Histoire, même si pas aidé ici par le physique bizarroïde de son interprète et un masque un peu raté, la faute à la disparition de la circulation de celui utilisé 10 ans plus tôt (le visage de William Shatner en capitaine Kirk).
Mais rien de rédhibitoire pour cet épisode souvent oublié, qui constitue pourtant la meilleure suite possible à la saga, et l’un des meilleurs épisodes tout simplement. Sans comparaison possible avec l’œuvre monumentale de Carpenter, sachons tout de même raison garder.



