[Critique] – Traumatika


Traumatika affiche film

Réalisateur : Pierre Tsigaridis

Année de Sortie : 2024

Origine : États-Unis

Genre : Maman Possédée

Durée : 1h22

Thibaud Savignol : 5/10


Mater Tenebrarum


Alors qu’en 2025 la France n’est (enfin) plus avare en propositions sanguinolentes, c’est au frenchie Pierre Tsigaridis de tenter de se faire une place au soleil depuis L.A. Après avoir suscité l’intérêt avec son premier long Two Witches (sélection officielle à Sitges, s’il vous plait), le jeune metteur en scène récidive l’année dernière avec ce Traumatika. Si le film est bel et bien une production américaine, savoir que la patte artistique hexagonale s’exporte désormais dans un genre très anglo-saxon de nature à de quoi nous intriguer au plus haut point. Un peu comme on attend fébrilement le prochain Evil Dead Burn réalisé par notre Sébastien Vaniček national.

En ce qui concerne Traumatika, le film souffle le chaud et le froid durant ses 80 minutes de projection. Après une rapide mise en contexte dans le désert égyptien un siècle auparavant, avec la découverte d’une entité démoniaque (l’Égypte remplace l’Irak de L’Exorciste), le récit prend place en 2003, dans une banlieue résidentielle de Pasadena. Le petit Mikey passe un coup de fil au 911, se plaignant du comportement de sa mère, par trop souvent agressive. Mais plus que quelques coups inexcusables, la matriarche a surtout l’air de souffrir de sérieux troubles de possession. Il ne reste plus à Mikey qu’à tenter de survivre à la nuit en espérant voir l’aube se lever.

Clairement, la réussite de Traumatika tient plus à sa première partie qu’à ce qui suivra. Plutôt doué pour créer un climat horrifique, Tsigaridis s’amuse des codes de l’horreur pour faire monter la tension. Pas de temps perdu ici à introduire son monde, quelques minutes suffisent pour lancer aux trousses de ce pauvre Mikey une mère démoniaque. À ce titre, sa première apparition par dessous une table marquera sûrement les esprits. Dès lors, en ayant recours de façon alterné au regard du gamin en vue subjective ainsi qu’à celui du policer en intervention, le réalisateur gagne du temps, exposant aussi bien son univers qu’un rythme effréné de course-poursuite domestique.

Traumatika Critique Film Shadowz

Les intérieurs sont glauques, les faibles lueurs (lampe torche, lune) et les cadres malins maximisent les montées d’adrénaline. Si rien ne semble complètement novateur, entre la possession elle-même, les actes meurtriers ou le jeu de chat et la souris, le résultat s’avère efficace, et même généreux en textures peu ragoutantes et giclées de sang. Le film perd cependant de cette hargne lorsqu’il tente de justifier les tenants et aboutissants de son récit. C’est à ce moment que la structure globale de Traumatika s’effiloche, laissant entrevoir ses carences scénaristiques et un talent moindre en dehors du pur coaster horrifique.

Sans trop spoiler, la malédiction en question traverse le temps, ramenant le script de nos jours. Tsigaridis change alors complètement de registre, passant de l’horreur rentre-dedans à une sorte de pastiche d’émission True Crime, pour en montrer l’abjecte course à l’audimat comme bien d’autres avant lui. Plus rien ne sonne vraiment juste, avec la désagréable impression de voir un court-métrage gonflé artificiellement en long pour les festivals et plates-formes VOD. Si la mère possédée et le gamin s’en sortent avec les honneurs, le jeu aléatoire du reste du casting n’aide pas non plus à rendre crédible les nombreux revirements du scénario.

Autant le rythme haché, voir maladroit pas instant, renforce le sentiment de malaise des 40 premières minutes, autant il nuit aux enjeux suivants. Malgré ces réserves et un réalisateur qui veut sûrement engloutir plus de films que de raisons en un seul (L’Exorciste, Babadook, Nightcall), on attend avec curiosité son prochain effort. Avec un peu plus de rigueur et une foi en l’horreur absolue non diluée, pour sûr qu’il pourrait transformer le prochain essai en coup d’éclat.

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