
Réalisateur : Lucifer Valentine
Année de Sortie : 2007
Origine : États-Unis
Genre : Vomit Gore
Durée : 1h06
Thibaud Savignol : 5/10
L’Enfer est pavé de vomi
Second volet de la célèbre Vomit Gore Trilogy de Lucifer Valentine, Regorgitated Sacrifice s’impose comme la suite immédiate de son prédécesseur. Slaughtered Vomit Dolls s’achevait sur le suicide tragique de son héroïne, Angela, succombant à ses visions infernales sous l’emprise de drogues et d’alcool. Désormais guidée par deux sœurs siamoises instruments du malin et séparées lors d’une ouverture gore redoutable, Angela peut laisser libre cours à ses pulsions dans cet univers parallèle, antichambre de l’enfer où sont suppliciées des femmes dévergondées. Des victimes qui apparaissent comme l’incarnation du dégoût de la protagoniste pour elle-même, détestant son apparence et son moi profond (elle a été abusée puis est devenue strip-teaseuse).
Satan est de retour parmi nous
Sataniste auto-proclamé, Lucifer Valentine souhaitait avec cette suite s’aventurer davantage vers l’occulte et le mysticisme, comme pour exorciser à l’écran les démons d’Angela. Là où le précédent se vivait comme un véritable chemin de croix en tant que spectateur, suspendu aux hallucinations morbides et à la souffrance de son interprète, ici ce sont les siamoises qui prennent le relais pour accompagner la jeune suicidée au-delà des portes de la mort. Elles se lancent ainsi dans une course effrénée aux outrages les plus vils, violentant, suppliciant et sacrifiant leurs souffre-douleur, de la strip-teaseuse à la porn star, reflet des déboires sexuels d’Angela de son vivant.
Clairement, le père Valentine n’a pas perdu la main. Si le premier quart d’heure parvient habillement à proposer une ambiance inquiétante, notamment avec l’arrivée des siamoises, le reste ne sera qu’une débauche d’excès en tout genre, se vautrant dans la fange avec un plaisir non dissimulé. Soyons honnêtes, c’est aussi pour ça qu’on est là. On aura droit à de longues scènes de jeunes femmes se maltraitant ainsi qu’à l’apparition de scènes urophiles et sado-masochistes. Clairement, le metteur en scène s’intéresse cette fois davantage à différentes paraphilies pour varier les visions de son univers infernal. Sans oublier sa sacro-sainte émétophilie personnelle, avec ce couple belle mère/belle fille qui se vomissent l’une sur l’autre dans la joie et l’allégresse.

Le gore pur et dur n’est pas en reste, Satan triturant les entrailles d’une de ses victimes pour se faire vomir, décapitant une autre pour lui greffer une pieuvre sur sa tête, quand ce n’est pas carrément une mygale qui sera insérée dans un orifice pas spécialement disposé à accueillir telle créature. Les séquences s’enchaînent, révulsant même les estomacs les plus endurcis. On nous gratifie également de l’esprit mort d’Angela, en bien meilleur état que celui du monde des vivants, qui conclura le métrage d’une scène phalliquement sanglante, comme catharsis d’une vie passées à subir les pires outrages.
Gore Gore Girls
Bien que plus rentre dedans par sa propension à accumuler les scènes chocs, Regorgitated Sacrifice délaisse en cours de route sa nature expérimentale pour davantage d’efficacité. Si le montage se veut toujours agressif, couplé à un design sonore corrosif, il ne pousse plus aussi loin les expérimentations de son prédécesseur, qui maltraitait la manière filmique de manière beaucoup plus organique. D’un film malade, fiévreux, aux voix distordues et à l’image terminale, on passe à une sorte de shocker beaucoup plus brutal, mais moins immersif. Les déformations sonores s’effacent, et bien que la mise en scène heurte de plein fouet le spectateur, cette suite perd en chemin l’âme de l’opus originel.
Le souci majeur est clairement la mise en retrait de l’incandescente Ameara Lavey, qui irradiait de tout son spleen maladif le perturbant Slaughtered Vomit Dolls. Sa présence, qui crève pourtant l’écran à chaque apparition, a fondu comme peau de chagrin face à la main mise des Black Angels of Hell, ces ex-sœurs siamoises incestueuses et détraquées. Comme submergée par cet enfer parallèle, où ne règne que la décadence et les âmes torturées, Angela s’efface au profit de son esprit mortuaire, bien plus entreprenant, mais beaucoup moins empathique dans son périple.
Regorgitated Sacrifice s’inscrit ainsi dans la continuité des principes mis en place dès le premier opus, continuant son exploration des déviances humaines, à travers son imagerie satanique et excessive. Spectacle pour amateurs très avertis mais effet de surprise en moins, il délivre en tout juste une heure un shot de dégueulasserie rarement vu à l’écran.
Parfois plus proche de la performance sexuelle pure, on regrette cette surabondance d’actes paraphiliques, là où le précédent nous immergeait au cœur d’une souffrance insondable, ponctuée d’excès et d’horreurs en tout genre. La mise en scène d’écorché vif agissait comme testament de la dernière nuit d’une addict, entre crises existentielles, hallucinations abominables et vomissements craspec. Avouons que même si cette suite remplit son office avec une sincérité non feinte, la mécanique tourne désormais un peu à vide.