
Réalisateur : Fred Olen Ray
Année de Sortie : 2000
Origine : États-Unis
Genre : Freak Show
Durée : 1h30
Le Roy du Bis : 6,5/10
La Monstrueuse Parade
Insaisissable, trop demandé, ou bien simplement trop occupé, Fred Olen Ray comptait déjà plus d’une soixantaine de films au compteur avant d’être approché par le producteur Charles Band. Étant donné les qualités respectives des deux hommes et leur rythme de travail stakhanoviste, cette rencontre tenait de l’évidence. Au-delà de leurs penchants pour la série bis, la science-fiction et les comédies extravagantes, les deux entrepreneurs possèdent également un intérêt certain pour le monde forain. Sideshow Le Cirque des Horreurs est donc né de cette passion commune des monstrueuses parades de freaks, théâtre bizarres, et représentations de saltimbanques.
Fred Olen Ray se souvient avec émotion de son enfance à sillonner les fêtes foraines au côté de son paternel dans son Ohio natal. Les visites des musées des horreurs et difformités l’ont tellement marquées qu’il lui viendra l’idée de monter son propre show aux côtés de son épouse lors de sa prolifique carrière (l’homme alligator, la femme électrique…). Le cinéaste évoque d’ailleurs avec enchantement ce chapitre de sa vie dans le making-of vidéozone associé au film.
Cinq adolescents interprétés par des adultes de 30 ans se promènent en toute quiétude dans les allées et venues d’une foire itinérante. Le macho de la bande n’hésite pas à froisser l’égo des artistes afin d’amuser la galerie. Mais l’intérêt ne repose pas dans le portrait stéréotypé de ces interprètes, que l’on sait d’avance condamner à un pacte faustien comme le révèle le synopsis du film. L’hospitalité des forains cache en effet un drôle de commerce basé sur la traite d’êtres humains, exposant toute la noirceur d’âme de leurs victimes.

En s’épanouissant dans les zones d’ombre de son spectacle, Fred Olen Ray préfigure les excès baroques et délirants de Rob Zombie (La Maison des 1000 Morts), misant intégralement sur sa galerie d’abominables mutants tous azimuts, leurs protubérances et déformations génétiques (l’homme-insecte ailé, les deux frères siamois, la strip-teaseuse dépouillée), ainsi que sur leur condition misérable exposée à une faune de visiteurs aussi malveillants que leurs geôliers. L’ironie est aussi grinçante que le maître des lieux interprété par le taulier de la firme, Phil Fondacaro (Creeps, Meridian, Ghoulies 2).
Les rêves et fantasmes du groupe de jeunes gens virent allègrement au cauchemar au fur et à mesure de leur visite dans ce chapiteau à la topographie particulièrement trouble. La mise en abyme sur les tours d’illusionnistes fonctionne à plein régime, interrogeant le spectateur sur la véracité des effets chocs proposés. La frontière entre entertainment, mystère et horreur devient alors plus vaporeuse et le piège se referme, exposant son public à une série de châtiments pervers virant de la sidération au pathétique absolu (la femme sans visage ou l’homme changé en canari).
Avec seulement 120 000 dollars de budget et une semaine pour boucler les prises de vue, Fred Olen Ray ne s’en est pas trop mal tiré, offrant une mise en scène fonctionnelle non dénuée de quelques fantaisies. En bon manager, le cinéaste tira parti du meilleur de ses équipes, notamment de son responsable des maquillages et effets spéciaux Gabe Bartalos (Basket Case, Elmer le Remue-Méninges). Finalement, peu importe que la morale sartrienne de l’intrigue soit rendue aussi superficielle que sa diva baignant dans son bain de sucs digestifs (prends garde à ce que tu souhaites, ton vœu pourrait bien se réaliser). Seul résulte l’effet sensationnel procuré par ce petit tour de train fantôme.



