[Critique] – La Nuit des Morts-Vivants (1990)


La Nuit des morts-vivants affiche film

Réalisateur : Tom Savini

Année de Sortie : 1990

Origine : États-Unis

Genre : Invasion Zombies

Durée : 1h32

Le Roy du Bis : 6,5/10
Thibaud Savignol : 6/10

Sortie en exclusivité sur Shadowz : 13 décembre 2024


Barbara ne se laisse plus faire !


Tout juste sorti du tournage de Deux Yeux Maléfiques avec son ami Dario Argento, George Romero lance la production d’un remake de son propre film. À une époque ou cette pratique est beaucoup moins courante, un tel choix détonne. Adulé pour son classique de 1968 et sa quasi-relecture avec Zombie dix ans après, le réalisateur américain serait-il devenu cupide ? Le fond de l’histoire est un peu plus complexe.

Pourquoi un remake ?

Oui, La Nuit des morts-vivants version 1990 est d’abord mis en chantier pour une question d’argent. Mais pas comme on le voit (trop) souvent aujourd’hui pour capitaliser sur une licence pré-existante. L’objectif est ici de tout simplement créer cette licence. Au moment de la sortie du film original en 1968, le distributeur oublie de déposer le nom du film avant son exploitation en salles. L’œuvre est ainsi tombée dans le domaine public, libre de droits.

Alors que le long-métrage cartonne en salles, personne, du réalisateur à l’équipe technique, n’a vu la couleur de cette argent. Avec ce remake, Romero souhaite redevenir propriétaire de sa saga, juridiquement, et combler le manque à gagner. 22 ans plus tard il fait même tout son possible pour réunir la même équipe, véritable geste envers ceux qui l’ont aidés à ses débuts.

La Nuit des morts-vivants Critique Film Tom Savini

Devine qui vient dîner

S’étant déjà fait la main sur le film à sketchs Les Contes des Ténèbres, le metteur en scène peut s’appuyer sur un budget relativement confortable (4 millions de dollars) pour illustrer ce huit clos horrifique. Alors qu’elle se rend avec son frère sur la tombe de leur mère, Barbara est attaquée par un individu louche. Elle réussit à prendre la fuite, assistant impuissante à la mort de son frère. Sur sa route elle croise Ben, avec qui elle se réfugie dans une ferme isolée. D’autres personnes occupent déjà les lieux. Il va falloir survivre à une attaque de zombies, tout en composant avec les personnalités et caractères de chacun.

Si le noir et blanc est mis au placard au profit de la couleur, c’est à nouveau en 16mm que le film est shooté, conservant ce grain si particulier. Le film perd immédiatement l’aspect percutant de son aîné, quasi documentaire, qui usait d’une caméra à l’épaule heurtée, tout en composant des cadres dignes de l’expressionnisme allemand. On se retrouvait face à une horreur viscérale, quasi réelle, entre ces marcheurs lents aux membres dégingandés inarrêtables à l’extérieur, et cet échantillon sociologique bouillonnant à l’intérieur. Bien qu’il fasse pâle figure formellement face au classique de 1968, la mise en scène se révélant assez scolaire, Savini se rattrape pas une montée crescendo de la tension.

Reprenant la trame originelle, tout en modifiant certaines trajectoire, La Nuit des morts-vivants nouvelle version apparaît comme une solide série B, divertissante et efficace. Les péripéties s’enchaînent sans temps mort, et le duel de mâles alpha au cœur de la bâtisse détonne grâce au charisme de ses interprètes, révélant la face sombre de chacun. A ce titre, Tom Towles, surtout connu pour sa collaboration avec Rob Zombie (La Maison des 1 000 morts et Devil’s Reject), compose un salopard effrayant, qui ne donne pas cher de la survive de l’espèce humaine en cas de cataclysme.

L’autre ajout de taille concerne Barbara, qui de spectatrice se mue en à héroïne bad-ass, dans la droite lignée du lieutenant Ripley d’Alien. Sortant progressivement de sa léthargie traumatique, elle enflamme la dernière partie du récit. Si le final troque la violence thématique de l’original, sous fond de dénonciation d’un racisme américain endémique (les temps ont «un peu» changés), il ne cède pas pas pour autant au happy-end, nous proposant un épilogue profondément nihiliste et désespéré.

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