
Réalisateur : Steven Quale
Année de Sortie : 2011
Origine : États-Unis
Genre : La Mort Vous Va Si Bien
Durée : 1h32
Thibaud Savignol : 6/10
Un Pont trop loin
Seulement deux années séparent ce cinquième opus de son prédécesseur, face aux trois années habituelles entre chaque nouveau chapitre. Forcément, après le succès mirobolant de The Final Destination (titre original) au box-office, il est impératif de battre La mort tant qu’elle est chaude. Plus de 180 millions de dollars de recettes, du jamais vu pour la saga, plutôt habituée à la petite centaine de millions. Craig Perry et Warren Zide, les producteurs historiques, se frottent les mains et retournent à Vancouver pour emballer ce nouvel épisode. Un regain salvateur après une incartade à la Nouvelle-Orléans, qui permet à ce Destination Finale 5 de retrouver le charme des premiers opus.
On prend les mêmes…
Cette fois-ci c’est le pas si jeune Sam Lawton qui est victime de la fameuse vision prémonitoire. Lui et ses collègues/amis/petite copine participent au séminaire de leur entreprise le temps d’un week-end, avec une bonne dose de fun en perspective. Pas de chance, leur bus se retrouve au milieu d’un improbable accident sur un pont version XXL. Si Sam et sa bande en réchappent, c’est pour à nouveau subir le courroux de la Mort, bien décidée à récupérer les âmes qui se sont jouées d’elle.
Retour au format traditionnel pour ce cinquième opus : installation minimale mais efficace des personnages, 1h30 au compteur et un climax avant l’heure en guise d’ouverture. Nouveau venu au scénario, le quasi débutant Eric Heisserer. Il vient d’œuvrer sur le remake des Griffes de la nuit l’année précédente et livrera également en 2011 le reboot de The Thing. Un choix au final pas si innocent, qui prend sens une fois le visionnage achevé. Si ses incursions dans le genre rencontreront plus ou moins le succès, il sera internationalement couronné pour le manuscrit de Premier Contact, l’un des nombreux bijoux SF de Denis Villeneuve, avant de retomber dans un certain oubli.
On pourra évidemment pester contre une mécanique qui ne change pas d’un iota, rejouant le même déroulé film après film (vision, accident, élimination un par un et déjouer le plan de la Mort). Mais déjà, cela reste la structure principale d’énormément de slashers, ce qu’est Destination Finale depuis le début, sans que cela nuise au plaisir régressif d’en mater à la pelle. De plus, cette base ludique est sans cesse émaillée de quelques nouveautés, même si plus souvent gadgets que centrales à l’intrigue soyons honnêtes.

Ici on peut dorénavant tromper la Mort en tuant une personne innocente, récupérant au passage son nombre d’années restantes en lieu et place de notre mort imminente. Cela donne lieu à un meurtre accidentel plutôt original, et transforme le final en un pur slasher à l’ancienne, course poursuite à l’arme blanche en prime. Un choix original à défaut d’être réellement pertinent, qui émousse un peu le concept de départ, en retournant à de basses altercations humaines. La mystique centrale de la saga s’en trouve amoindrie, retournant ironiquement à l’influence principale de la saga, avec un boogeyman bien identifiable.
… Et le massacre continue
Ce qui change par contre drastiquement des opus précédents, c’est l’absence totale de références aux épisodes passés. Personne ne fera interruption auprès des protagonistes pour évoquer un mystérieux vol 180 maudit ou un enchaînement de malchance comme pattern d’une Mort revancharde. Ils sont laissés à leur propre sort, devant à nouveau découvrir la raison de cette hécatombe soudaine. Une sorte de retour aux sources, calquant ses péripéties sur celles de l’épisode inaugural. Il y aura bien évidemment une raison à tout cela, qu’on se gardera de spoiler ici.
Mais comme pour un nouveau Saw, le spectateur attend impatiemment les nouvelles mises à mort, emblème s’il en est de la saga. À l’image d’un film porno et de ses nombreuses scènes de coucherie, les exécutions tombent ici à un rythme métronomique, étanchant régulièrement notre soif de sang.
L’ouverture renoue à ce titre avec les plus réussies de la saga. Tournée sur le Lions Gate Bridge, et truffée de CGI désormais convaincants, c’est une orgie gore qui défile devant nos yeux ébahis. Le carnage apparaît inventif, et l’on s’imagine les réunions fendardes où les créatifs ont pris un malin plaisir à malmener leurs personnages. Si le film a été visionné en 2D pour les besoins de cette critique, on devine aisément l’impact des effets réservés à une 3D du plus bel effet (empalement, perforation), que les critiques de l’époque avaient d’ailleurs encensée, chose rare.
Comme souvent, des dires des producteurs, l’inspiration vient des observations du quotidien et de son propre vécu. La séquence de l’opération au laser pour guérir une myopie vient de Craig Perry, dont la femme venait de subir cette intervention. Encore une fois l’eau et l’électricité ne feront pas bon ménage, comme dans quasiment chaque épisode de la saga. On retiendra également une clé plate volante assassine et une séance d’acupuncture aussi drôle que méchante. Mais la palme du sadisme revient sans conteste à la célèbre mort de la gymnaste, via une construction sacrément millimétrée, parsemée de faux semblants jusqu’à son aboutissement physiquement douloureux. Y’a pas à dire, la Mort leur va si bien !